Je vous parlais il y a peu de Searching. Et j’ai découvert que le même producteur avait fait deux autres films sur le même principe (un avant et un après Seacrhing), les deux opus de Unfriended. Et c’est ce premier Unfriended qui a vraiment lancé ce nouveau concept de narration super moderne et pas envisageable il y a encore peu de temps, à savoir suivre l’intrigue uniquement sur un écran d’ordinateur. Attention, il y a une différence majeure entre Searching et les Unfriended, c’est que dans ces derniers, on a du temps réel et on ne quitte jamais l’écran de l’ordinateur, aucun autre écran n’est utilisé. Par contre, les deux films n’ont que ça en commun, l’un n’est pas la suite de l’autre, aucun personnage ni aucune situation en commun.
Dans Unfriended (2014), un groupe d’ados discute en visioconférence, à l’anniversaire de la mort de l’une des élèves de leur école, suicidée suite à du cyberharcèlement massif. Une personne inconnue débarque au cours de la conversation, et quelqu’un semble avoir repris possession des réseaux sociaux de la fille décédée. Le malaise s’installe, la tension aussi, et un jeu malsain se lance, avec au programme la mort de certains d’entre eux. Comment et pourquoi?
Unfriended : Dark Web (2018) nous remet sur un groupe d’ados en visioconférence, tranquilles. L’un d’entre eux vient de récupérer un ordi d’occasion, et la machine semble contenir des fichiers que l’ancien possesseur veut récupérer. Il est prêt à tout pour cela. Hacking, dark web, et voyeurs malsains sont au rendez-vous
C’est un peu déstabilisant de regarder un film qui ne représente qu’un écran d’ordinateur fixe, en temps réel, sans jamais le lâcher. L’utilisation des webcams, de sites internets, de logiciels de tchat, de photos, musiques et vidéos, etc., tout cela permet de varier les affichages (y compris les vidéos en plein écran ou un jeu sur le fond d’écran). Par contre il est clair que c’est aussi une contrainte, et certaines ficelles se retrouvent dès lors régulièrement car inhérentes à ce type de narration. En tout cas j’aime bien cette manière moderne de raconter des histoires, une méthode de narration qui aurait été impossible et inenvisageable il y a encore 10 ans. Et c’est là que e producteur Timur Begmambetov (il a lui-même réalisé Night Watch, Wanted ou Abraham Lincoln Chasseur de Vampires) semble avoir eu du flair. Bon alors on ne va pas envisager des centaines de films basés sur cette narration (même si lui envisage d’en proposer plein dans les années à venir) car ça risque de devenir lassant et que les ficelles risquent de s’épuiser à mon avis. Aucun de ces deux films n’est en soi un très grand film, les scénarios sont assez convenus et ressemblent à des trucs déjà vus, mais le traitement moderne et novateur leur donne pas mal de peps. L’unité de temps de la narration en temps réel rend le tout très tendu, et les personnages contraints à rester dans des lieux fixes ajoutent un petit plus aussi. Sans compter que cela réduit les coûts de décors. Et on se force à utiliser des « trucs » à l’écran pour représenter les émotions des personnages, genre des mouvements de souris plus ou moins assurés, des textes que l’on tape, efface, corrige avant de les envoyer, etc.
A la réalisation, le producteur a amené sur le premier Levan Gabriadze, puis Stephen Susco sur le deuxième. Aucun n’est réellement connu, ce sont des gens que le producteur a amené pour mettre en forme sa création, son idée. Et puisque le cadre même de la narration est très restrictif, on ne peut pas en vouloir aux réalisateurs de ne pas avoir trop d’inventivité. Et pourtant les deux films restent sympathiques à voir, tendus, réussis. On notera que les deux comportent des scènes violentes, brutales, et que les thématiques de base sont réellement très dures (cyberharcèlement, suicide, traite de personnes, voyeurisme pervers, torture,…)
Quant au casting, il ne casse pas non plus des briques. Les gens font le job sans plus, avec leurs faces de décontractés cools devant la caméra qui deviennent stressés et tendus, regardent partout autour d’eux etc.
Des films intéressants, avec des scénarios assez convenus, qui n’auraient sans doute pas valu grand chose sans cette manière de raconter l’histoire et cette esthétique particulière. Il y a un bon sens de la narration, du rythme, du suspens, et l’ambiance est bien posée. Mais ce ne sont pas des grands films non plus.