On a un couple divorcé et leurs deux enfants qui ne prennent pas très bien le fait que leur père ait refait sa vie avec une autre femme. Après le décès de la mère, le père veut permettre à chacun de se connaître et emmène tout le monde dans une bicoque perdue au milieu de la montagne, puis repart en ville, laissant quelques jours ses enfants seuls avec sa nouvelle compagne. Des gamins qui ne veulent rien savoir de cette petite nouvelle, et qui le lui font bien savoir. D’autant plus que la dame en question serait la fille d’un gourou décédé dont la secte entière (sauf elle) s’est suicidée. C’est donc parti pour un huis-clos tendu dans une atmosphère réjouissante.
La première partie du film prend bien le temps de poser les personnages. Les relations sont posées, les liens sont construits, on voit les personnalités. Et en fait toute la suite y est déjà présente, annoncée par petites touches. Les choses sont très bien amenées, et les scénaristes/réalisateur-trice Veronika Franz et Séverin Fiala nous posent du coup ensuite une ambiance aux petits oignons avec ce huis-clos dans un (gros et beau) chalet perdu dans la neige. Et franchement c’est soigné, on sent l’enfermement, on sent le glissement vers la folie, cette question de savoir si on est dans le surnaturel ou pas, quelle part est de la folie, de l’hallucination ou la réalité. En tant que spectateur, on construit plusieurs idées, on essaye de comprendre ce qui est juste ou faux, et le film réussit à bien semer le doute. Le tout porté par ce cadre de maison boisée au milieu de la neige et de la forêt, avec le lac gelé à côté, il y a de quoi faire pour nous plonger dans le truc. Et c’est réussi. La tension monte graduellement et le scénario nous entraîne dans son entrelacs de vrais révélations et de mensonges.
Devant la caméra, on a un trio qui s’en sort brillamment pour retranscrire ces personnages complexes des deux enfants et de la nouvelle belle-mère. Il fallait des prestations solides pour que l’on entre à fond dans le huis-clos et c’est vraiment réussi de ce point-de-vue aussi. Jaeden Martell (It, Knives Out,…) et Lia McHugh forment un duo frère-soeur assez dingue avec une complicité solide. Et Riley Keough (Mad Max Fury Road, Hold the Dark,… mais aussi la petite-fille du King) nous pose une jeune femme ayant subi des tourments très forts qui ressurgissent brutalement. On notera aussi les personnages secondaires mais importants portés par Richard Armitage (Le Hobbit, Captain America,…), Alicia Silverstone (Batman & Robin, mais surtout le clip Crazy d’Aerosmith) ou encore Daniel Keough (père de Riley Keough qui joue ici le père de son personnage).
The Lodge est un très bon thriller. Certains le classent en film d’horreur, ce ne sera pas mon cas. Il y a bien un ou deux trucs un peu sales mais au final on est plus dans le film tendu, dans le film d’ambiance, que dans le film d’horreur. Si on est bien embarqués dans ce huis-clos tendu, cela ne fait pas pour autant peur. Une belle réussite en tout cas, que je vous conseille chaudement.