Tant que je suis dans les films de détente qui cassent pas trois pattes à un canard, allons-y…
Dans les Griffes du Dragon Rouge part comme souvent dans le buddy movie avec deux flics vachement dissemblables qui doivent collaborer. Rien de bien surprenant jusque là. Là où ce film fait très très fort, c’est sur sa profondeur dans l’étude du choc des cultures. La rencontre de mondes différents et la découverte des traditions sont au coeur de ce bout de pellicule. Avec une surprenante force, on retrouvera deux personnages balancés selon une ironie qui n’échappera pas à l’oeil aiguisé du cinéphile averti. D’un côté le Détective Kenner, joué par un Dolph Lundgren en grande forme, un occidental bâti comme une armoire à glace normande avec un look de viking vêtu d’un super blouson en cuir ; mais là où c’est étonnant de subtilité et de complexité, c’est son enfance passée au Japon et ainsi sa connaissance de toutes les traditions et coutumes, de la langue et bien entendu des arts martiaux. A côté, Brandon Lee joue un flic plus timoré et respectueux des ois et des normes, mais qui (on retrouve la grande ironie de ce film), malgré son look oriental, est un pur produit de la civilisation étasunienne né à LA, qui n’a retenu de son ascendance orientale que les arts martiaux. Que voilà le beau point commun pour nos deux compères qui luttent contre un terrible maître des réseaux de drogue qui est aussi yakuza et comme par le plus grand des hasards lié au passé d’un de nos héros (mais n’en disns pas plus pour ne pas dénaturer le suspens magnifique de l’oeuvre).
On notera encore l’art avec lequel le réalisateur (à qui l’on doit aussi le non moins subtil et fin Commando avec Schwarzie) renoue avec les années 80. A l’heure de l’entrée dans les années 1990 (le film date de 91), une pointe de nostalgie nous étreint devant ces looks, fringues, coupes de cheveux datés d’un peu avant. Sans même parler de la subtile musique au point bontempi-esque que l’on nous égrène sagement. Que du bonheur…