Excellent thriller historique que voilà…
The Alienist nous envoie à New-York en 1896. Tout de suite, nous sommes plongés dans le bain ; on se situe entre histoire et fiction. Dans une ville tellement bien décrite qu’on s’y sent à fond, on rencontre des personnages historiques réels et ceux inventés pour le roman. Le tout se mêle sans problème. Et nous allons suivre (à la première personne) les pas du journaliste John Moore, qui travaille autour de la police et rend compte de ses activités. Ce jour-là, il est appelé en urgence par un ancien ami, le Dr Kreizler ; cet homme est un psychologue moderne, qui dérange. Et Moore atterri sur une scène de crime particulièrement trash. Le meurtre d’un gamin des rues va entraîner notre héros et ses compagnons dans de biens sombres recherches. En effet, Moore, Kreitzler et d’autres vont mener une enquête relativement informelle hors du cadre policier autour d’un tueur en série. Quelques années après le passage anglais de Jack l’Eventreur, pourra-t-on cette fois stopper les actes criminels d’un mystérieux fou furieux? Enfin, quand je dis « fou furieux », c’est aller bien vite. Oui, comme son titre le confirme, le roman tourne beaucoup autour de Kreitzler. Ses nouvelles méthodes soulèvent des tollés et il est mis au ban de la profession par ses collègues. Et pourtant on retrouve tant d’éléments qui constitue la psychologie moderne. Et Kreitzler mettra en évidence rapidement que le meurtrier n’est pas si fou que cela.
Psychologie, mais aussi empreintes digitales, recherche de petits indices, médecine légale, etc. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère, et les méthodes employées par nos personnages en seront la preuve. Non officielles, pas toujours (voire jamais) reconnues, elles seront pourtant la clé de l’enquête. D’ailleurs, en parlant de modernité, le simple fait d’avoir une femme enquêtrice est révélateur d’une évolution dans la société. Nos héros sont aux bornes de l’acceptable, de ce que l’on attend d’eux, et vont même les dépasser, avec tous les risques que cela implique.Ce thème des deux mondes, l’ancien et le nouveau, qui s’affrontent est magnifiquement traité. Et sans manichéisme. La représentation d’une situation difficile, où les croyances les plus partagées peuvent être remises en cause, est tissée de main de maître.
En parrallèle, on sombre dans l’horreur, le cauchemar. Mais pire que tout, le raisonnement logique expliquant cette horreur la fait paraître encore pire. Oui, il y aurait des raisons à tout cela. Les événements vont aller de mal en pis. Et tout va aller très loin pour cette rbochette de gens qui affrontent un terrible monstre. Difficile d’aller plus loin sans trop déflorer l’histoire, et je n’ai pas envie de vous priver du suspens de la lecture…
Je voudrais encore revenir sur New-York, la ville de 1896. Et surtout sur la manière dont on est plongés dedans.Que ce soit l’urbanisme, les populations, les luttes de pouvoir, les clans et groupes en place, tout y est si clair, si présent, si solide. On sent le côté historien de Caleb Carr, l’auteur (c’est son domaine d’études). Et qu’est-ce qu’il retranscrit bien tout cela. Mais sans aspect « documentaire chiant ». Non, tout est remis dans le contexte romancé de cette fiction. Les personnages historiques que l’on y croise ont un rôle à jouer. Tout est fait pour mêler invention et réalité, et le tout paraît dès lors terriblement tangible et crédible.
Au final, un roman haletant, certes assez conséquent en nombre de pages, mais où on ne voit pas le temps passer. Au fur et à mesure que l’on est entraîné avec les protagonistes dans l’intrigue, tout prend forme et on n’a plus qu’une envie, celle d’alpaguer le meurtrier avec eux. Je note encore que je l’ai lu en VO, et c’était superbe. Pas évident, ce n’est pas un roman que je conseillerais pour débuter dans la lecture en anglai ; mais quelle qualité de langue! Que du bonheur en somme…
En plus, la couverture est très classe…