Au hasard du surf et des liens entre blogs, on arrive à des trucs sympas. Genre ce texte trouvé sur le site du Parti Pirate français. Je vous le livre tel quel brut de décoffrage sans trop de commentaires, si ce n’est pour dire que je trouve globalement très sympa. Une illustration supplémentaire des possibilités des nouvelles technologies. Je parle de réelles possibilités pour les artistes ; une nouvelle vision de la culture et de sa distribution. Je vais moins insister sur le dernier passage au sujet de James Climent, n’ayant pas suivi l’affaire, mais par contre tout le reste est vraiment bien foutu… A bon entendeur
« Ce billet est écrit à destination des auteurs, des interprètes, des réalisateurs, des acteurs, des musiciens,… en un mot, des créateurs.
Il est à pirater massivement et à diffuser partout où c’est possible pour vous, (en respectant bien entendu les chartes des divers sites où vous pourriez le copier/coller).
Bien trop souvent, ceux qui ont des intérêts [strictement] financiers dans la création telle qu’elle existe aujourd’hui, ont tendance à opposer pirates et créateurs. La schématisation est toujours de mise et le constat final toujours le même : les pirates volent l’oeuvre des créateurs, ils ne se soucient pas de ceux-ci et n’ont en tête que de remplir leurs disques durs… Les pirates nuisent donc à la création.
La réponse elle aussi est souvent la même : les effets nocifs du piratage sur la diffusion (manque à gagner ?) d’une oeuvre n’ont pas été prouvés et ne peuvent pas l’être : comment prouver qu’un téléchargement équivaut à une vente perdue ? (la preuve par l’absurde prend ici tout son sens pour démontrer le contraire par contre).
La réalité est finalement à mi-chemin entre ces deux interprétations d’une situation de toutes les façons bien plus compliquée que l’approche manichéenne actuelle ne permet de le supposer. Les créateurs sont souvent ravis de voir leurs œuvres trouver un public (même si parfois amers que ceux-ci se livrent à ce qu’ils ressentent comme un pillage de la dite œuvre) et le public est juste excédé des sommes que les intermédiaires actuels prennent sur le dos des créateurs, conscient néanmoins que leurs artistes fétiches méritent une rétribution à la mesure de leur succès.
Alors, qui organise ce combat des artistes contre leur public ? Autant la situation est compliquée, autant la réponse à cette question est d’une évidence troublante : les intermédiaires ! Ils n’ont en effet aucun intérêt à voir les créateurs se rapprocher de leur public sachant que ce qui, pour le moment, permet cette distanciation est leur raison de vivre et de gagner de l’argent.
Pendant des années, ces intermédiaires sans scrupule se sont servis sur le dos de la création, et aujourd’hui, alors que le monde de la culture n’a plus besoin d’eux, ils s’accrochent aux branches, dans une tentative détestable et désespérée de reprendre le contrôle d’un monde qu’ils ont gouverné pendant quelques décennies.
Il ne faut pas laisser cela perdurer !
La culture, son mode de diffusion et la rémunération de ses créateurs doivent évoluer !
Imaginez un monde dans lequel vous seriez en contact réel avec votre public, un monde dans lequel vous évolueriez aux côtés d’artistes de tous genres, auxquels le public aurait décidé de donner une chance, non pas parce que l’album, un livre ou un film, était vendeur, (bankable) mais parce qu’ils plaisent !
Imaginez un monde dans lequel vous seriez vraiment payés à la mesure de votre talent, un monde dans lequel quelques artistes ne monopoliseraient pas la quasi-totalité de la rétribution du public pour l’ensemble de la création, répartie en fonction de qui aurait le mieux négocié son contrat, mais où la rémunération serait directement proportionnelle à l’appréciation de l’artiste par son public !
Imaginez enfin un monde dans lequel votre art se diffuserait plus vite qu’il ne l’a jamais fait ou ne le fera jamais, un monde dans lequel un CD acheté appartiendrait réellement à celui qui dépense de l’argent et qui peut décider d’en faire ce que bon lui semble – fédérant au passage un nouveau public, pour vous !
Nous avons eu un exemple formidable d’un créateur littéralement en avance sur son temps cette semaine avec le geste de monsieur Jean-Luc Godard qui, sur ses deniers personnels, a décidé de soutenir James Climent — ce pirate que les intermédiaires s’acharnent à déposséder de tout ce qu’il possède pour la seule raison qu’il a souhaité avoir accès à la culture sans en avoir forcément les moyens.
Sans entrer dans la démagogie pure et en évitant d’utiliser le même type d’image que ceux contre qui nous nous battons (« le piratage tue la musique »), comment pouvez-vous cautionner ce type d’action ?
Nous sommes à l’aube d’un changement considérable dans le mode de consommation de la culture. Ce changement arrivera parce qu’il est nécessaire et logique. Les lois comme Hadopi, les traités comme ACTA ne font que ralentir ce progrès et les formidables possibilités qu’il offre, en faisant tomber au passage des innocents de demain au motif qu’ils souhaitent avoir accès à votre création aujourd’hui…
Il est temps pour vous aussi de faire un pas en avant, et de prendre les devants comme monsieur Jean-Luc Godard l’a fait, et de songer ensemble à des solutions alternatives, de faire pression pour que ces solutions se mettent en place, et en attendant, de faire en sorte que les mentalités changent et ce, en particulier, auprès de ceux que l’on enterrera demain : les intermédiaires.
Auteurs, musiciens, réalisateurs, chanteurs,… créateurs de tous horizons, nous en appelons aujourd’hui à votre bon sens, et à ce pour quoi la création est née, et nous vous invitons à réfléchir à ce que le partage de votre oeuvre peut représenter pour vous, pour votre public, pour le monde…
Et comme Rome ne s’est pas construite en un jour et qu’il est nécessaire de se fixer de petits objectifs intermédiaires dans une quête aussi longue et ardue que celle-ci, nous vous proposons un premier geste hautement symbolique, qui est celui de suivre l’initiative de Jean-Luc Godard.
James Climent a besoin d’un ultime coup de pouce pour réunir la somme nécessaire à la défense de sa cause. Cette somme lui servira, en cas de victoire, à ne pas avoir à payer ces intermédiaires qui se rincent sur votre dos et sur le notre. Pensez-vous que des 20.000€ d’amende, un seul centime est destiné aux artistes « lésés » ?
Aussi, en signe de protestation, vous pouvez aujourd’hui décider d’aider cet internaute qui aurait tout aussi bien pu être vous, (les créateurs aussi téléchargent ) à signifier votre désaccord avec le modèle actuel de rétribution de la culture qui vous lèse autant qu’il lèse votre public. En donnant, même un euro symbolique à James, vous pouvez marquer le coup et nous aider à faire passer le message.
Je vous laisse avec cette image utopique d’un pirate défendu par un avocat financé par des créateurs de tous horizons, souhaitant enfin en finir avec ceux qui, depuis trop longtemps, les opposent à leur public pour se créer une raison d’exister, là où la logique et le progrès voudraient qu’ils aient disparu depuis plusieurs années pour le bien de la culture.
Enfin, je suis prêt à prendre personnellement le temps de discuter de ces problèmes avec tous les créateurs qui en feront la demande, que ce soit via le net ou sur la région parisienne si mon emploi du temps le permet… Le Parti Pirate doit se rapprocher des créateurs qu’il défend, au même titre que les pirates. »
Tiens, pour le coup, je l’ai rajouté à ma liste des Flattrisés.