Petit plaisir coupable (ou pas, c’est selon), je me suis pris à remettre le DVD de Battle Royale dans le lecteur pour une soirée de sang et de violence. Alors comme j’en ai encore jamais parlé ici, je vais réparer cette injustice.
Battle Royale est un film japonais de 2000. Il est tiré d’un roman (japonais lui aussi) que je n’ai pas lu. Dans le film, on découvre que les problèmes liés à la jeunesse, sa violence, sa révolte, sa désobéissance, etc. sont devenus trop importants et ingérables. Afin de cadrer tout cela, la loi « Battle Royale » a été promulguée et son programme appliqué, comme une sorte de jeu macabre. En gros une classe plus ou moins au hasard est embarquée chaque année sur une île loin de tout. On y laisse les enfants avec un pack de survie et une arme (ou autre objet à l’utilité parfois douteuse), et ils doivent s’entretuer, genre Highlander où il ne peut en rester qu’un ; si, à la fin du délai, il en reste plusieurs, les colliers qu’ils portent autour du cou exploseront. Dès lors, le film devient très rapidement une spirale de violence très crue et sanguinolente de partout.
Eh oui, Battle Royale c’est pas pour les sensibles. Le sang vole, les découpages ouvrent les tripes, les membres sont en morceaux. Et ce avec tout plein de petits choses fort sympathiques et plus ou moins classiques : revolver, pistolet mitrailleur, fusil d’assaut, couteau, katana, arc, arbalète, etc. On suit dans ce déchaînement de violence le parcours de deux étudiants en particulier, un garçon et une fille amoureux l’un de l’autre sans jamais se l’être avoué.
Si on cherche un peu plus loin que le premier degré, Battle Royale pose une question intéressante sur les instincts. Jusqu’où va-t-on pour survivre? On retrouve un petit goût de Lord of the Flies là-dedans, avec des enfants abandonnés à eux-mêmes et retournant à un état de brutalité terrible. Que devient-on lâché dans ces circonstances? Et vous, jusqu’où iriez-vous pour survivre? Vous tueriez vos amis? Le problème moral posé par le film est tout particulièrement dérangeant. Ce n’est pas une guerre, ce ne sont pas des ennemis, juste des copains de classe (avec toutes les amitiés et inimitiés que cela peut impliquer). Comment peut-on en être réduit à cet état de bête sauvage? Peut-on y résister? Ce sera tout le propos du film en fait. Film qui cache ainsi une réelle réflexion derrière un épais vernis de violence. On y retrouve la fameuse expérience de Milgram : si on vous ordonne de tuer, le ferez-vous?
A noter le décalage terrible entre le fond et la forme de la loi Battle Royale. Le programme est présenté comme un jeu. Une telle horreur, construite pour faire face à la rébellion des enfants, est montrée comme un jeu télévisé, oui. Avec son suivi caméra au poing du vainqueur qui ressort de là. Avec sa présentatrice qui en explique les règles avec un grand sourire. Avec son guide qui égraine sans émotion les noms des décédés et accompagne ses interventions de musique. C’est terrible de voir cela sous la style d’un jeu amusant.
Bref, un film dérangeant, brutal, violent, sans concessions, avec un semi happy end quand même. A ne pas mettre entre toutes les mains. Battle Royale mérite qu’on le regarde de manière critique, que l’on voie plus loin que la simple couche de violence.