Domino

En juin 2005 meurt Domino Harvey, d’une overdose. Ex-mannequin à la vie décousue, devenue chasseuse de primes, c’était une femme à part. En novembre de la même année sort Domino, un film de Tony Scott fortement inspiré de la vie de cette femme sans cependant se vouloir une référence biographique. Le réalisateur était passionné par la vie de Domino depuis bien longtemps et s’était rapproché d’elle. Ce film est la conclusion logique, il n’était juste pas prévu à la base qu’il coïncide autant avec le décès de l’originale.

Ce film raconte donc l’histoire de Domino, envoyant valser son petit univers bien rangé de la mode et de l’élégance pour rejoindre la vie dangereuse et tendue des chasseurs de primes. Elle rejoint le groupe composé de Ed et Choco en faisant montre d’un caractère de cochon. Autour d’eux, une bande de personnages tous plus étonnants les uns que les autres va évoluer. Tout au long d’une narration éclatée et tordue faite de flahbacks et de trips dans tous les sens, une intrigue trouvera les moyens de se construire afin de mettre notre fine équipe dans une merde noire. Les ennuis vont leur tomber sur la tête à vitesse grand V. Et leur principale méthode pour répondre sera armée et brutale. De scènes d’action (les plus nombreuses) en duels psychologiques, de vannes en mitrailles, le film est nerveux et constamment sur le fil. Ca ne s’arrête jamais, ça ne se calme jamais.

Le film a le mérite de disposer d’un casting solide et puissant. Le rôle titre est tenu par la belle Keira Knightley, à contre-courant de l’essentiel de ses personnages bien pensants et gentillets. Ici, avec ses cheveux courts et son look low-cost, son attitude rebelles, son caractère de chiotte et son goût pour la baston et la provoc’, elle change complètement de registre et révèle un réel talent d’actrice capable de varier les plaisirs. Elle est encadrée par ses deux comparses, tous deux parfaitement au taquet aussi. Mickey Rourke en vieux chasseur de primes blasé qui a tout vu. Edgar Ramirez en psychopathe complet. Mais les autres ne sont pas en reste. Christopher Walken en producteur pourri. Luy Liu en agent du FBI pour un rôle pas physique cette fois, et qui fait un superbe contrepoids à Domino (leurs scènes en duo sont vraiment géniales). Tom Waits, complètement décalé et onirique. N’oublions pas ceux qui jouent leurs propres rôles, comme Jerry Springer (eh oui), ou Brian Austin Green et Ian Ziering, échappés de la série Beverly Hills et qui sont plongés dans des ennuis qu’ils n’ont pas demandé. Avec tout le reste, ils forment une belle brochette de personnages typés et que l’on va retenir.

Je reviens sur la réalisation, que je disais saccadée et avec une narration décousue. C’est même pas loin de l’épileptique. Aucun plan fixe, aucun plan de plus de 5 secondes, ça bouge, ça change, ça se déplace, ça repart sur une autre caméra, on enchaîne les plans à un rythme effréné. Pas évident à suivre. En plus, le tout est marqué par des couleurs fortes, et une utilisation soutenue des filtres (le jaune surtout). Le résultat n’est pas celui poli et lisse des Experts à Miami mais bien plutôt un aspect sale et dur, limite crade. Au final, le film s’avère courageux dans ses choix esthétiques et visuels, et résulte en une grosse claque. Un véritable ovni qui va à contrecourant de bien des règles de réalisation. Quand on ajoute à cela la narration qui s’égaye dans tous les sens, avec de nombreux personnages et un suivi pas du tout chronologique, il n’est pas évident de suivre l’intrigue.

On notera pour finir une bande originale chargée, avec tout plein de gens dedans, venant du rock, du hip-hop, de la soul, etc. Le tout donne un mix efficace et qui colle avec l’ensemble du film.

En résumé, Domino est un film d’action, un truc où ça tire, ça fait boum et ça charcute, un truc méchant et dur. Mais pas un film facile pour autant. De par ses choix graphiques et narratifs, il est tordu et complexe. C’est à la fois une claque visuelle et un truc complètement à part. J’ai bien aimé, mais ce ne sera pas le cas de tout le monde.

 

 

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