Comme je suis Vert, que je n’ai pas le permis, que je fais des commentaires réguliers sur l’utilisation de la voiture, on me prend souvent pour un Ayatollah qui ne jure que par les transports en commun. Je ne suis pas anti-voiture, mais plutôt contre une utilisation abusive de la voiture. Et je pense qu’il faut fortement y réfléchir. Pas seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour des raisons sociales et économiques. La question est double. Il faut non seulement réfléchir à quelle voiture nous utilisons, mais aussi à comment nous l’utilisons.
Une voiture plus propre
Bien entendu la première chose est de sortir de la voiture ultra-polluante. A commencer par les anciens véhicules pourris qui dégagent des quantités astronomiques de substance ; cet aspect se règlera de lui-même par le vieillissement du parc automobile qui mettra ces voitures au rebut. Ne faudrait-il pas par contre inciter au changement dans certains cas? C’est à double tranchant. Inciter les gens à changer de voiture revient à faire de l’obsolescence programmée où on pousse les gens à acheter un nouveau produit sans qu’ils en aient besoin. Augmentation de la consommation, augmentation des déchets. C’est l’une des questions (la première même) qui se pose dans l’article Cinq questions à se poser avant de craquer pour une voiture électrique : Avez-vous vraiment besoin d’une nouvelle voiture?
Et puis il y a les voitures qui, bien que modernes et dotées des filtres adéquats, consomment énormément sans que cela ne soit justifié. Nombre de gros 4X4, des voitures sportives, tout un tas de véhicules dont les caractéristiques sont inutiles à la très large majorité de leurs possesseurs mais qui par contre consomment et polluent bien plus que des voitures plus adaptées. Que l’on m’explique l’intérêt d’avoir une voiture qui atteint le 300km/h en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire alors que la vitesse est limitée à 120 sur autoroute. Que l’on m’explique la logique de vouloir dépenser plus en carburant juste pour avoir un plus gros cube que les autres qui se révèle avoir moins de place dedans que d’autres. Que l’on m’explique l’intérêt de prendre un gros 4X4 tout-terrain quand on habite la ville et qu’on ne se rend jamais en terrain difficile. Les tenants du libéralisme économique qui se targuent et se vantent de suivre la loi de l’efficience et de la logique devraient peut-être appliquer leurs propres préceptes à leur vie de tous les jours.
Alors qu’acheter? La voiture électrique? Pourquoi pas, mais c’est cher. Oui. Malheureusement. Espérons que le développement de ce marché abaisse les prix. Et puis les batteries ont peu d’autonomie. Bien sûr, mais la plupart des gens roulent essentiellement entre boulot et maison, donc pas de problème. Le plus gros souci en ce moment reste écologique, et se divise en deux points. D’une part la production et le recyclage des batteries ne sont à l’heure actuelle pas des processus très verts (matériaux utilisés, production de CO2, etc), et il s’agit donc de travailler là-dessus, en poussant la recherche et le développement (j’en profite pour refaire de la pub pour l’initiative pour une économie verte). D’autre part, l’électricité stockée dans la voiture doit bien être prise quelque part, donc produite, et comme on cherche à diminuer la consommation il y a là un petit souci. On n’a pas fini de tourner là autour.
Moins de voitures
Diminuer le trafic motorisé privé reste le seul moyen de vraiment enrayer les problèmes causés par la voiture. Bien sûr il y a la question de l’alimentation en énergie des véhicules électriques comme on vient de le voir ci-dessus. Mais il y a de nombreux autres problèmes. Globalement, la circulation de véhicules à moteur produit des polluants, on est tous d’accord là-dessus. Mais il y a d’autres arguments. A commencer par le fait que nos villes, nos rues, nos agglomérations, ne sont juste pas prévues pour une telle augmentation du parc automobile. « Vous n’êtes pas coincés dans le trafic, vous êtes le trafic », comme sur la photo ci-dessus. Oui, chacune et chacun participe à augmenter le trafic et donc à se bloquer. Tout particulièrement en milieu urbain où la situation devient réellement catastrophique. Regardez les voitures défiler aux heures de pointes. Combien d’automobilistes en moyenne dans chacune? C’est un gaspillage de ressources proprement hallucinant. Plusieurs pistes se font jour dès lors :
- Promouvoir les transports en commun. Plusieurs éléments se révèlent incitatifs pour prendre les transports en commun, pour se passer du transport motorisé privé. A commencer par les tarifs souvent prohibitifs, en particulier aux yeux des revenus modestes/moyens. Le réseau doit également être suffisamment dense pour desservir correctement tous les lieux, avec un nombre d’arrêts équilibré (trop et votre trajet prend trop de temps, pas assez et les gens ne feront pas l’effort de s’y rendre). La fréquence est importante afin que les gens sachent qu’ils peuvent compter sur ce moyen de transport, en particulier pensons aux transports en sites propres, ce qui permet d’éviter d’être bloqué par le trafic privé. Tous ces moyens sont nécessaires à mettre en œuvre ; le problème c’est que le deuxième et le troisième élément impliquent des coûts qui péjorent le premier.
- Promouvoir le covoiturage. Afin de limiter le nombre de véhicules roulant sur nos axes, le système du covoiturage peut se révéler pratique. Trois personnes dans une voiture, cela va alléger d’autant plus les routes. par contre, cela nécessite une certaine organisation en fonction des horaires, des lieux de départ et de destination, etc.
- Promouvoir le car-sharing. Cette solution rentre dans le cadre plus global de l’économie de fonctionnalité. On ne paye plus là pour posséder un objet, mais pour pouvoir bénéficier du service que cet objet procure. Nombre de voitures ne sont utilisées que 1 à 2 heures par jour pour les trajets professionnels. Et pendant le reste du temps, elle ne sert qu’à prendre de la place. Un système comme Mobility permettant de prendre un véhicule au point A et le ramener au point B, avec la possibilité de choisir le véhicule en fonction de l’utilisation que l’on en a sur ce trajet, voilà une réelle efficience.
Je ne prétends pas avoir une solution clé en mains ni proposer une résolution facile à ce problème. mais il est clair que la situation de l’automobile actuellement est inadaptée. Et qu’on ne peut continuer à aller dans ce sens du « toujours plus de véhicules privés motorisés sur les routes ». Il faut penser les choses autrement et chercher à travailler sur tous les pans permettant de régler ce problème. J’ai donné ici quelques pistes qui me semblent intéressantes à suivre. Vous en voyez d’autres? N’hésitez pas à commenter l’article.
j’en vois bien un de plus (mis en avant dans la photo servant d’illustration à ton poste) : promouvoir l’usage du vélo.
En milieux urbain c’est un moyen très rapide de se déplacer, qui est bon pour l’environnement (même les vélos électriques bien qu’un peu moins) et qui a des avantages certain de santé publique.
Le problème c’est que la plupart des villes sont pensées et conçues pour les voitures et les vélos sont souvent oubliés (un exemple : à Genève les pistes cyclables servent en ce moment en grande majorité à stocker le neige déblayée de la route et des trottoirs).
Mais au delà de l’infrastructure, avoir un discours plus ouvert afin de considérer les cyclistes comme des usagers de la route comme les autres pourraient sans doute aider à ce que l’utilisation du vélo prenne de l’ampleur.
Oui effectivement, promouvoir le vélo est une bonne chose.
Ca dépendra des villes. Plus difficile à Lausanne qu’à Genève à cause de la pente.
Mais le problème, à nouveau, c’est l’argent. Pour que le vélo soit un moyen fiable et sûr de transport, il faut de vraies pistes cyclables, et non pas des bandes cyclables. Et ça c’est cher, ça demande de gros travaux. Parce que franchement, si je ne prends pas plus le vélo, c’est aussi parce que je ne me sens pas en confiance sur la route. Justement parce que beaucoup d’automobilistes ne voient pas le cycliste comme un véritable usager de la chaussée.
On notera quand même le grand nombre de cyclistes qui font tout pour qu’on ne les veuille pas, roulent n’importe comment, et ne respectent pas le code de la route. En tant qu’usagers de la route, ils ont les mêmes devoirs. Et franchement dans certaines discussions, cet argument revient souvent.
Promouvoir le no-move !
– Mettre en place le télé travaille (ça me sert à quoi exactement de passer 45 minutes deux fois par jour dans mon train ou 1h30 si j’y vais en voiture ?),
– Mettre en avant les livraisons à domicile,
– Promouvoir le haut débit,
– Accorder des crédits d’impots aux Otakus qui ne sortent jamais de chez eux 🙂
Après tout la raison du déplacement peut-être questionnée.
Le télé-travail oui, je suis pour mais… Bien entendu il y a des choses qu’on ne peut pas faire à distance. Et puis n’oublions le liant social que constitue le travail. pour beaucoup de gens, leurs principales relations sociales se font à travers le travail. Sans compter l’organisation que cela demande pour travailler efficacement à domicile. Avec tout cela, pas étonnant que ce système ait de la peine à se démocratiser.
Ton deuxième point est effectivement très intéressant. faire circuler de manière optimisée un camion en lieu et place de tout plein e voitures, ce n’est pas négligeable. D’ailleurs des transports professionnels sur des routes désencombrées de la circulation inutile seraient nettement plus efficaces.
Remarque amusante : ne pas se déplacer ne signifie pas ne pas communiquer, ne pas construire de lien social. Juste il y a un média entre soit et ses collègues. Visio en continue, ou autre.
Et rien n’empêche de faire une réunion en real life par semaine. Au lieu de glandouiller ensemble 5 /5 j 🙂
Je reconnais que c’est surtout possible dans les métiers de services : pour l’industrie, c’est tout bonnement impossible. Pour le médical aussi.
Le no-move, je le proposerai à Hulot 🙂