Dans la famille Astier, il y a du beau monde, rien que du très talentueux en fait. Certes Alexandre est le plus connu, essentiellement par son Kaamelot, mais il ne faudrait pas oublier les autres. A commencer par Simon, le jeune demi-frère, que l’on avait vu dans le pré-cité Kaamelot, mais qui s’y entend aussi fort bien à créer ses propres trucs.
Avec son pote Alban Lenoir, Simon Astier a créé Hero Corp, une série qui part sur un principe assez simple : les super-héros à la retraite sont tranquilles dans un petit village paumé de France, loin de tout, voyant leurs pouvoirs décliner. Le retour de The Lord, super-vilain emblématique qui les a mis à mal des années auparavant, les oblige à prendre une mesure drastique : ils font venir dans leur village un « civil » (= pas un super-héros) du nom de John, qui devrait, d’après une vision, les délivrer et sauver le monde. Hero Corp débute donc avec ce John, dont on ne sait rien, qui débarque dans ce bled perdu suite à l’annonce du décès de sa tante qui y réside ; il a été élevé par elle mais est parti depuis de nombreuses années et n’a pas entretenu le contact, il ne sait rien de ce qui se trame ici. Très vite, John va s’apercevoir de trucs louches, en particulier du comportement on ne peut plus bizarre des habitants. Il va se retrouver mêlé un peu par hasard à l’histoire avec The Lord et les choses vont s’accélérer. Hero Corp c’est du bon gros délire, un truc de fou. On y trouve une bande de super-héros composée de bras cassés aux pouvoirs ramollis : Captain Acide qui devient Captain Shampoing (shampoing doux ne piquant même pas les yeux), le pouvoir de glace ne permet que de refroidir les verres au bistrot, celui de feu facilite juste le boulot du boulanger, etc. Rien que leurs noms (francisations de noms anglophones) pose tout de suite les base d’un groupe de loosers. En plus ils sont quand même bien tarés, avec des comportements aberrants, des attitudes impossibles, et un sens des réalités bien particulier. Il faut dire que ces gens ont vécu la grande guerre du bien contre le mal, et qu’ils sont à la retraite en tentant d’être le plus peinards possible, tranquillité assurée par la compagnie Hero Corp. Chacun de ces personnages est haut en couleur, avec ses particularités, aucun n’est vraiment plat. Et comme la plume de Simon Astier est aussi bonne que celle d’Alexandre, le tout est servi par des dialogues au petits oignons où règne un langage fleuri. Ces textes sont l’un des plus grands atouts de la série, un mélange d’absurde et d’humour bien senti, mais qui n’oublie pas les situations émouvantes et les phases de tension qui construisent l’intrigue.
A côté de cela, la série ne cherche pas à cacher son petit budget. Des décors restreints, des effets spéciaux limités, des costumes volontairement low-cost (le look des super-héros à la retraite en costume, c’est un must). En fait, le scénario sert des moyens réduits, puisque les pouvoirs diminués ne demandent pas une explosion de SFX et que l’aspect « petit village paumé » ne nécessite pas des décors de fous. Du coup la série repose sur son écriture et ses interprètes. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de l’écriture. Pour les acteurs, c’est aussi du pur bonheur, ils sont parfaits dans leurs rôles. On retrouve une partie de l’équipe de Kaamelot, visiblement un groupe assez soudé.
Dans sa deuxième saison, la série se densifie. On a plus de décors, on a plus d’effets spéciaux, on a plus de stars dans les acteurs, on a une intrigue qui devient plus complexe, plus sombre aussi, plus adulte. Sans perdre pour autant l’humour délirant et les dialogues délicieux qui font le charme de Hero Corp.
On notera encore le générique, très très bon, réalisé comme un comics justement. Parfaitement dans le ton de vrais super-héros, il donne une ambiance qui colle à merveille tout en soulignant le décalage avec nos bras cassés de service.
Une petite comparaison avec Kaamelot s’impose au final… On retrouve de nombreux points communs, comme cette écriture très bien sentie et un vocabulaire, un style, du même acabit. On sent l’esprit de famille. D’autant que Simon ressemble quand même pas mal à Alexandre et a pas mal de mimiques et d’expression du même genre. On a aussi en commun cette manière de prendre un style et de le passer à la moulinette. Par contre, ici la série est composée d’épisodes plus longs et qui déroulent une trame, contrairement aux épisodes courts et épars de Kaamelot (du moins dans les premières saisons).
Hero Corp, c’est une très bonne série. De l’humour, une intrigue pas mal du tout, et une écriture de qualité, voilà de quoi proposer de très bons moments. Alors allez-y, d’autant que la saison 3 devrait être diffusée cette année…