Quelques jeux testés récemment

J’ai eu l’occasion ces derniers temps de me frotter à quelques jolis petits jeux de plateau et je voulais juste faire part de mon ressenti. Bon, sur la plupart, je n’ai fait qu’une partie de découverte, donc mon avis ne prend pas le jeu dans toute sa profondeur. Alors, allons-y pour un petit état des lieux…

Archipelago

Il était temps que je me mette à ce magnifique gros jeu de Christophe Boelinger. On l’avait à la ludo depuis l’automne passé mais j’attendais parce que j’aurais aimé le commencer en compagnie de quelqu’un connaissant les règles. Il faut dire que c’est du lourd quand même, y’a beaucoup de choses et pas mal de règles avec des éléments qui se recoupent et s’influencent parmi. Les règles sont donc goutues, mais on s’est lancés ; un peu à la manière dont on m’a conseillé de commencer, c’est-à-dire en lançant le premier tour au plus vite après avoir posé les bases. Un peu déstabilisant parce que du coup il est difficile de voir qu’est-ce qui sert à quoi. Les premiers tours ont donc été un peu laborieux. Autre son de cloche une fois que l’on a fait nos armes et que l’on a vraiment lancé la machine.

Il s’agit donc de débarquer sur un archipel du Nouveau Monde et de s’y développer. Exploration afin de découvrir les lieux. Exploitation des différentes ressources découvertes. Utilisation correcte des forces vives à disposition afin de faire un bon usage des indigènes. On est dans un jeu semi-coopératif et chacun devra mettre en œuvre les meilleures stratégies afin de ne pas voir arriver la rébellion qui reste la principale menace : surexploitation des ressources, mauvaise gestion des marchés intérieur et extérieur, entretien de la population, etc. Malgré tout cela, chacun possède une carte qu’il garde secrète avec une condition de fin de partie et une manière de marquer des points. Dès que sa condition de fin de partie est atteinte, le jeu prend fin et chacun marque des points en fonction des cartes de chacun.

Nous avons joué avec les objectifs courts pour une première partie. Un peu frustrant, car la partie s’est vraiment stoppée brutalement alors que je bidouillais pour augmenter mes points (avec ma femme qui a fini à un point devant mon fils et moi à égalité). Du coup, une fois les règles connues et les tours de jeu un peu raccourcis, le jeu va probablement gagner toute sa saveur en objectifs moyens ou longs.

Un jeu prenant, passionnant, à la mécanique bien foutue et aux petits oignons, le tout servi dans un écrin magnifique aux illustrations superbes et au matériel de qualité. Je me réjouis de le ressortir…

Novembre Rouge

Jeu coopératif de Bruno Faidutti, celui-ci vous envoie dans la peau de l’équipage gnome d’un sous-marin qui a un peu de peine : voies d’eau, systèmes à la dérive, incendies, kraken,… Les menaces sont nombreuses et les tuiles vont s’accumuler sur vos têtes. Vous allez donc devoir travailler ensemble et vous tenir la main pour gérer au mieux tout cela et tenir le coup jusqu’à l’arrivée des secours.

Les joueurs vont donc se déplacer dans les différents compartiments du sous-marin pour réparer les différentes saloperies qui surgissent à un rythme pas humain (normal, c’est un sous-marin gnome). Ca devient vite très stressant. On utilise au mieux les objets ramassés, en espérant trouver les bons, et on profite au mieux de la gnôle qui donne du courage mais peut vous envoyer au tapis pour un moment. C’est vraiment prenant, et la course pour colmater les voies d’eau et éteindre les incendies se retrouve conjuguée avec celle des indicateurs de problèmes qui augmentent sans cesse. Infernal ! Mais très bon. L’ambiance est super bien rendue.

Cette première partie à 4 ne nous a pas permis de sauver le Novembre Rouge ; et aucun gnome n’a fuit (parce que oui sur la fin on peut tenter de fuir en scaphandre et du coup inverser les conditions de victoire). Un très bon jeu, mais sur lequel il me semble très difficile de réussir (comme beaucoup de coopératifs).

Naufragés

Encore un semi-ccopératif avec ce Naufragés récemment sorti. Une belle grosse boîte bien remplie par un fort joli matériel. Il y a beaucoup de choses là-dedans. A noter que les règles ont été bâclées. Mal rédigées et pas toujours évidentes à assimiler, elles nécessitent un errata et une FAQ présents sur le site de l’éditeur. Une fois cet écueil passé, on se retrouve avec notre bande de collègues naufragés sur une île. Le but sera de survivre et de se préparer à attirer l’attention du premier bateau de secours passant au large de l’endroit. A la fin, tous les survivants qui auront pu prendre le bateau seront gagnants ; mais le grand gagnant sera celui qui aura accumulé le plus de points au travers de jetons d’aventures lui servant à raconter ses malheurs à un grand auteur qui en tirera une belle histoire et le rendra célèbre.

Il va falloir bien travailler ensemble et s’organiser afin de bien se répartir les tâches. Construire et entretenir un feu de camp et un abri, chasser, fouiller les débris de l’épave, explorer l’île, se reposer, cuisiner, etc. Il y a beaucoup de choses à faire, dont la moindre n’est pas la rédaction du journal de chacun qui rapporte des points d’aventure mais n’aide pas du tout à la survie. A trop la jouer solo, on coulera le groupe en entier en détruisant toute chance de s’en sortir ; c’est d’ailleurs ce qui nous est arrivé (ça et le fait de commencer trop tard l’exploration de l’île).

Le jeu est beau, agréable et rend bien son ambiance. Il n’est juste vraiment pas évident à prendre en main ; non pas que les règles soient vraiment complexes, juste pas bien rédigées et avec des erreurs. Et puis l’aspect compèt sur les points d’aventure casse parfois un peu l’ambiance « on se sert les coudes » qui sied à une telle situation de naufragés.

Il y a de très bons aspects dans ce jeu. Par exemple vous trouvez un autel avec un animal sacrifié dessus. Vous pouvez le prendre pour avoir de la bouffe mais du coup vous aurez ensuite les indigènes de l’île à l’origine du sacrifice qui vont vous tomber sur le coin de la tronche. La possibilité de se perdre sur l’île, et du coup avoir moins de temps pour agir le lendemain. L’influence de la météo.

Comme souvent dans les coopératifs, on déguste. Les éléments sont vraiment contre nous, le jeu est vicieux, la nature est hostile, bref c’est pas évident. Mais c’est bien tendu et prenant. J’aime beaucoup.

Robinson Crusoe

Eh oui, deux jeux de naufragés sur des îles à l’environnement hostile qui sortent presque en même temps. Ici c’est du vrai coopératif par contre. Et les règles sont nettement mieux rédigées que sur Naufragés. Ici aussi on a un matériel splendide et avec tout plein de choses. Robinson Crusoe est aussi un jeu à scénarios. Le premier (seul que l’on a joué) est le classique avec un naufrage et échouage sur une île déserte. Survie, exploitation de ressources, construction d’abri, exploration, et surtout de l’artisanat. On construit des objets qui nous seront utiles, qui pourront permettre de créer d’autres objets et des outils, le tout nous donnant de plus en plus de possibilités. Ici aussi les événements sont super bien amenés, rendant le tout tendu et prenant. On a eu par exemple un personnage piqué par une abeille. Quelques tours après, ça se passe mal, il perd de ses capacités, il faut le soigner, etc. Ou bien un tremblement de terre et ses répliques, ou une tempête qui a amené des débris du naufrage sur la plage. C’était super, une ambiance géniale.

J’ai vraiment beaucoup apprécié ce jeu. On n’a pas eu le temps de finir le scénario (pour cause d’horaire de métro) mais on était plutôt bien partis. Les autres scénarios semblent vraiment bien (6 dans le jeu de base, dont des histoires de cannibales, de course aux reliques, etc.) et en plus il y en a sur le site de l’éditeur. Attention, ce n’est pas des scénarios comme une enquête de Sherlock Holmes, ici on peut sans problème rejouer un même scénario. Vu que l’on choisit ici 12 cartes événements (dans le premier scénario) sur genre 150, il y a de quoi voir venir. Pour sûr que j’y reviendrai, c’est une belle réussite.

Hawaï

Un très bon je de commerce et de placement d’ouvriers au thème exotique très joliment mis en couleurs. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais je vous renvoie au billet « jeu de la semaine » que je viens de faire sur le site de la ludo.

Mascarade

Le nouveau Faidutti est un jeu très déroutant. Bluff, mémoire, chance, chaos y sont mêlés. Chaque joueur dispose de 6 pièces d’or. Si l’un arrive à 13, il a gagné. Si l’un perd toutes ses pièces, la partie s’arrête et le plus riche l’emporte. Mais comment? Et bien chaque joueur reçoit une carte personnage. Une fois que l’on a bien vu quels personnages sont en jeu (cela varie selon le nombre de joueurs), on les retourne face cachée. Ensuite chaque joueur va effectuer une action parmi 3 possibles. Soit regarder secrètement sa carte. Soit prendre sa carte et celle d’un autre sans les regarder, les glisser sous la table et là les échanger ou pas en secret. Soit annoncer qu’il est l’un des personnages en jeu.

Et c’est là que le bluff intervient. Si personne ne conteste l’annonce du joueur, il applique le pouvoir du personnage en question sans révéler sa carte, c’est-à-dire sans que l’on ne sache si oui ou non il a la bonne carte. Si un ou plusieurs autres joueurs contestent cette annonce, le joueur concerné et ses différents contradicteurs vont retourner leur carte. Ceux qui ne sont pas le personnage annoncé vont verser 1 pièce au tribunal ; si l’un des joueurs a le personnage annoncé, il applique le pouvoir du personnage.

Les rôles sont variés et les pouvoirs aussi ; on y reconnaît l’auteur de Citadelles. Prendre des pièces à la réserve, au tribunal, à un autre joueur, échanger sa fortune, etc. Les possibilités sont nombreuses.

Le chaos devient vite grand autour de la table, plus personne ne sait bientôt qui est qui. Avec de la mémoire, on peut tenter de jouer sur les probabilités, mais ce n’est vraiment pas évident. Un bon coup de bluff peut aussi passer.Un jeu à éviter par les tenants du contrôle absolu millimétré. Bref, un jeu pas évident à prendre en main et à s’approprier malgré des règles simples. Ce Mascarade est vraiment particulier.

A noter l’aspect visuel absolument splendide avec des illustrations magnifiques.

Sky Traders

Moi quand on me parle de steampunk, de bateaux volants, de commerce, de gnôle, de pirates du ciel, le tout avec une légère couche écolo, je ne peux que sauter d’excitation dans tous les sens. C’est l’ambiance distillée par ce très beau Sky Traders qui a tout le matériel pour rendre tout cela ; c’est superbe et tous ces éléments sont vraiment liés et super bien construits. Le livret de règles commence même par un court historique indiquant comment on a découvert le phlogyston, ce combustible qui donne le style steampunk ; l’ambiance est là !

Mais bon voilà, les règles pêchent. Trop de hasard pour un jeu de commerce et de gestion. En particulier dans la partie concernant la bourse. On a ce sentiment d’un manque de contrôle sur tout cela, alors que justement on est censés diriger cette bourse et maîtriser le commerce. Et là c’est malheureusement l’échec. Et puis une certaine monotonie aussi, un manque de suspens. Un gros dommage parce que de base il y avait vraiment tout pour me plaire. Ca donne juste envie de récupérer le magnifique matériel et de pondre des règles pour l’utiliser correctement.

 

Ah, je profite de ce billet pour signaler mon Tumblr des jeux joués

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