Cela faisait un bon moment que j’avais regardé la première saison de Breaking Bad que j’avais bien apprécié. Pour diverses raisons, j’ai mis le temps pour me mettre à la suite. Et c’est le fait que la série est arrivée à son terme qui m’a poussé à foncer. Du coup j’ai fait assez rapidement le visionnement des 4 saisons suivantes, avec un plaisir certain et non dissimulé. On continue donc de suivre les aventures de nos divers personnages. Walt et Jesse ont créé un produit ultime, extrêmement apprécié sur le marché, leur permettant de faire beaucoup d’argent ; mais aussi de monter de plus en plus haut dans la hiérarchie du deal. La revente s’organise, et les voilà qui adhérent à des réseaux de plus en plus importants, côtoyant des gens de plus en plus puissants. Il y a une réelle montée en puissance, et du coup une montée du niveau d’emmerdes et de risques. Le tout sur fond de problèmes familiaux ; Walt ment, ça se découvre, il faut tisser une toile pour le sauver, Jesse a des relations amoureuses sérieuses. Le tout est extrêmement tragique, dur, prenant.
Cette série se trouve vraiment dans le haut du panier, grâce à de nombreux éléments qui en font une vraie réussite…
Son écriture tout d’abord, avec un scénario tendu, riche, solide. On suit deux intrigues principales en parallèle qui se croisent régulièrement, à savoir l’évolution du marché de la drogue de nos deux héros, et les relations familiales de Walt ainsi que l’évolution de sa maladie. D’ailleurs Walt est le premier à vouloir séparer les deux et à tenter de garder sa vie privée éloignée de sa vie « professionnelle ». L’échec dans cette tentative d’éloigner les deux aspects va provoquer de sacrés désastres. L’écriture de la série nous sert des personnages eux aussi riches et profonds, pas monolithiques, chacun ayant ses bons et mauvais côtés, et qui évoluent au cours des saisons.
La réalisation ensuite, aux petits oignons. Il faut dire que la série est juste magnifique. Les plans s’enchaînent en nous faisant toujours découvrir de très belles prises. Il y a ces plans serrés, en très gros plan, avec faible profondeur de champ, concentrés sur un élément bien précis dont l’importance n’est pas toujours évidente au premier abord. A l’inverse on a ces plans très larges avec des décors aux couleurs superbes, en particulier dans le désert. Les scènes d’action sont bonnes, lisibles, claires. La série ne prend pas de gants, et si du sang ou de la violence sont nécessaires, et bien on va les prendre en pleine gueule. Mais ce n’est jamais gratuit, c’est toujours lié à une évolution logique et naturelle de l’intrigue. Mais du coup quand ce genre de scène se présente, et bien on n’y va pas avec le dos de la cuillère.
Il y a l’interprétation aussi. Les acteurs sont grandioses. Comme dit plus haut, on leur offre des personnages de qualité à interpréter, des rôles réellement solides. Et on sent qu’ils se donnent à fond. Bryan Cranston fait complètement oublier son rôle du papa de Malcolm et prouve son talent ; le personnage de Walt n’est pas facile, il est très changeant, il doit négocier entre les différentes attitudes selon quelle partie du personnage s’affiche, et l’acteur réussite là une superbe performance. Aaron Paul est aussi grandiose dans la peau de Jesse, lui aussi subissant une évolution énorme, et passant par des étapes pas évidentes à gérer. Anna Gunn, dans le rôle de Skyler, est impressionnante ; son rôle se développe en cours de série pour prendre une place réellement prépondérante de femme forte qui doit s’imposer. RJ Mitte prend lui le rôle difficile et extrêmement touchant de Walt Junior, collant à cet ado handicapé sans faire passer de pitié ou de pathos inutile mais avec une justesse incroyable. On peut encore parler de Dean Norris (Hank), Bob Odenkirk (l’incroyable Saul Goodman), Ginacarlo Esposito (Frings et son calme terrifiant), Mark Margolis (et le terrible rôle de Tio sans dialogues) ou Jonathan Banks (Mike). Une sacrée belle brochette d’acteurs pour des personnages hauts en couleurs que l’on n’est pas prêts d’oublier.
Breaking Bad est donc une vraie réussite. La série se tient d’un bout à l’autre (j’émets des réserves sur la 5ème saison, mais je vais détailler plus bas). Un succès autant public que critique largement mérité qui la fait figurer au panthéon des références.
Bon, attaquons un point qui fâche un peu. Mais comme la suite contient des spoilers, je gardais ces éléments pour la fin du billet. Il s’agit de la 5ème saison. A la fin de la 4ème, la série aurait pu s’arrêter de très belle manière. Il y avait un côté immoral et pas du tout politiquement correct, mais les emmerdes étaient résolues, on était au clair, ça donnait bien. La 5ème saison a un goût de rajouté artificiellement. On a de nouveaux personnages qui débarquent de manière extrêmement artificielle, lourds, mal intégrés, et soudainement poussés au cœur du truc, comme Lydia et Todd qui prennent du jour au lendemain une soudaine importance. Des morts peu justifiées, une chute vers un côté plus sombre encore pour finalement arriver à une rédemption, un retour de flamme moral violent. Walt se refaisant une conscience juste avant de mourir, se sacrifiant pour en quelque sorte sauver son âme et demander pardon. Elle n’est pas mauvaise en soi et les qualités de la série présentées ci-dessus sont toujours au rendez-vous. Mais on sent une rupture par rapport au reste. C’est un peu dommage. Et puis la fin de la 5 (mort de Walt) est finalement celle attendue depuis le début et l’annonce de son cancer ; alors que la fin de 4 était plus surprenante.
Et puis il y a cette fameuse fausse fin humoristique que j’adore :