Je suis allé avec beaucoup d’entrain voir ce nouveau film de Neil Blomkamp après l’excellent District 9 et le divertissant Elysium (et avant le futur nouveau Alien 5 mais qui se déroulera entre le 2 et le 3). Alors on est pas au niveau du premier, mais on est quand même bien au-dessus du deuxième. En 2016, une société fabrique des armes et des robots ; un modèle de ces derniers est sélectionné pour intégrer les forces de police de Johannesbourg, avec du coup un recul du crime plus rapide que tout ce que l’on avait vu jusque là. Oui mais voilà, l’ingénieur qui a créé ces robots veut aller plus loin et il cherche à faire apparaître une vraie intelligence artificielle. Il réussira sur Chappie, l’un de ces robots, qui va développer une conscience, alors qu’il sera adopté et élevé par des humains. Mais Chappie reste un miracle de technologie appartenant à une compagnie qui y tient et pas mal de monde va se mettre à le traquer.
Comme avec District 9, Blomkamp réussit le pari de mêler divers types de film. La science-fiction bien sûr avec un film de robot, qui pose dans un futur très proche une technologie crédible, mais aussi en faisant réfléchir à cette technologie ; on se trouve dans un débat complètement d’actualité avec la question du bien-fondé ou pas du développement d’une intelligence artificielle, de comment elle se comporterait (l’optique prise ici est assez intéressante avec tout l’apprentissage que l’on découvre et les notions de bien et de mal à faire assimiler). Critique sociale aussi dans ce film, même si parfois elle est un peu facile, avec les aspects de ségrégation (thème cher à Blomkamp), d’acceptation des gens différents. Chappie est aussi un film d’action, avec ses séquences qui envoient du bois et qui sont vraiment bien rendues. Et puis il y a toute cette prise de conscience éthique, avec la litanie du fameux « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ou du « c’est pas parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire » ou encore du « jusqu’où je suis prêt à aller pour défendre mon projet? ».
Le tout est superbement bien emballé. La réalisation est bien travaillée, les plans lisibles et l’histoire avance bien. A nouveau, le réalisateur nous intègre la technologie de très belle manière, avec un design bien foutu et surtout des effets spéciaux ne piquant pas du tout les yeux, On pourrait croire le robot en prise de vues réelles alors qu’il s’agit de performance capture. Impressionnant. Les acteurs sont aussi très bons, avec une mentions spéciale aux deux malades du groupe Die Antwoort bien barrés et à fond dans leurs personnages.
Un petit regret quand même… le film reste très lisse, avec un scénario sans surprise et des critiques sociales et morales très classiques. Le fonds est très convenu, même si la forme lui donne une vraie qualité. Certes les questions abordées sont fort intéressantes mais le film ne va pas assez loin, on l’aurait aimé plus subversif. D’autant que le happy end bâclé où paf paf tout se résout en deux coups de cuillère à pot est un peu décevant.
Bon je vais pas non plus me montrer trop pénible. Des bons films de SF abordant des sujets intelligents et traités d’aussi belle manière, il y en a peu. Alors ne boudons pas notre plaisir malgré quelques points de déception. Chappie reste un très bon film, mais venant d’un réalisateur qui avait frappé tellement fort sur son premier long-métrage que les attentes sont placés très haut.