Ce dimanche 8 mars 2015 a été la journée des fausses bonnes idées qui se prennent une gifle. Deux initiatives populaires avec une idée de fond pas mauvaise mais proposant une mauvaise solution se sont faites torpiller par le peuple et les cantons en votation populaire. Je ne suis donc pas totalement mécontent qu’elles aient été refusées, mais avec de tels scores j’ai peur que les problèmes de fond qu’elles visaient soient repoussés au calendes grecques ; j’appelle donc de toutes mes forces nos parlementaires à s’attacher à ces questions et à ne pas lâcher le morceau, mais en proposant cette fois des solutions qui tiennent la route.
Le premier sujet balayé est l’initiative du PDC voulant soutenir les familles. Et ça c’est bien. Encore récemment, une étude montrait le coût exorbitant pour entretenir un enfant en Suisse. Ce n’est pas avec ces coûts que l’on peut soutenir une politique nataliste ; pas étonnant que la pyramides âges ne soit plus trop une pyramide en fait. Alors oui soutenir les familles est une bonne chose. Mais défisacliser les allocations familiales n’était pas la bonne réponse. Parce que du coup la conséquence sur les finances des ménages se ferait surtout sentir pour les hauts revenus ; cette déduction chez ceux qui payent peu ou pas d’impôt n’aurait pas changé grand chose. De plus, cette défiscalisation aurait amené un important manque à gagner aux caisses de l’Etat, qu’il aurait fallu combler en allant pomper ailleurs. Non je préconiserais plutôt des aides ciblées. Chèques-enfants, subventions, bons, ou autres destinés aux familles avec enfants ; et même en allant plus loin, de manière inversement proportionnelle au revenu, en aidant davantage les moins favorisés. Il y a donc à faire sur le sujet, d’autant que le PDC revient tout bientôt avec une autre initiative dont le fonds est bon mais dont la formulation est assez catastrophique en plus d’être antédiluvienne (sur la fiscalisation des couples mariés).
L’autre sujet qui a été plus qu’explosé, dynamité, éparpillé façon puzzle par le peuple, c’est la taxe sur l’énergie des Verts Libéraux. Le jeune parti avait besoin de se profiler, de lancer une première initiative populaire pour se faire voir, mais là ils n’ont pas choisi la bonne option. Certes sur le fond en première approche rapide on pourrait imaginer que taxer fortement es énergies non-renouvelables est une bonne chose. Mais comme toujours on va retomber sur le fait que l’on donnerait tout simplement un permis de polluer aux plus riches. En plus cette taxe devait remplacer la TVA, c’est-à-dire un revenu énorme, et donc atteindre des montants colossaux. Inimaginable ; pour qu’une réforme passe, il faut y aller en douceur, comme le prix des clopes qui augmente petit-à-petit et pas d’un coup. Du coup, sans TVA, les revenus de cette nouvelle taxe devaient combler le trou ; sur la durée, imaginons que les industries diminuent leur part d’énergies fossiles, elles devraient quand même toujours payer le même montant, donc plus cher à l’unité d’énergie consommée, et donc rien de bien incitatif à diminuer la consommation. On nous a parlé de l’impact sur les charges des locataires aussi, mais ça me fait sourire ; comme c’est le locataire qui les paye, le propriétaire n’aurait pas plus que maintenant d’intérêt à changer l’isolation et le mode d’approvisionnement en énergie de ses immeubles, donc tout serait retombé sur la tête des locataires au contraire ; la nouvelle taxe aurait été reportée sur eux. Il faut bien sûr se débarrasser de ces énergies fossiles non renouvelables, mais pas en donnant du droit à polluer à ceux qui ont les moyens. Il faut choisir la voie de l’incitation ou de l’obligation, mais pas de la taxe supplémentaire. Et dans ce sens, l’initiative des Verts pour une économie durable me semble nettement plus intéressante et efficace.
Alors bon, ces deux initiatives ont subis des revers mémorables, mais ce n’est pas là une raison pour abandonner la politique familiale et le soutien aux énergies renouvelables. Je ne pense pas que ce soit là le message du peuple. Pour moi, il y a juste une demande de proposer de vraies solutions.