Ah ben voilà… après une Ere d’Ultron moyennement convaincante, Marvel nous en remet une couche avec ce Captain America, presque un Avengers 3 car on y retrouve une vraie palanquée de super-héros, des anciens comme des nouveaux venus. Bien que pas exempt de défauts, ce troisième épisode des aventures centrées sur Captain America confirme que les films basés sur ce personnage sont parmi les tout bons de l’univers cinématographique Marvel. Après un film pulp d’action et de guerre très sympa, après un film tournant plus vers l’espionnage moderne lui aussi très bon (et qui avait pas mal modifié la situation des héros Marvel), la franchise prend le pari de mettre à mal encore une fois la bonne tenue de nos héros. Un Captain America trop sûr de lui, un Iron Man dépressif et maussade qui doute trop. Quand le gouvernement vient dire aux Avengers que ça suffit tout ce bordel et qu’il faut prendre un peu la responsabilité des centaines de morts innocents découlant de leurs actions, on leur impose de choisir entre se ranger aux ordres de l’ONU ou de prendre une retraite. Tout ce petit monde ne sera pas obligatoirement d’accord de se mettre au service d’une organisation dont ils doutent un peu de l’efficacité. Quand en plus on soulève un complot mêlant l’ami Bucky à tout cela, c’en est trop pour le Captain qui embarque certains de ses potes pour aller chercher la vérité ; tandis qu’Iron Man embarque les autres potes pour obéir à l’ONU et calmer la bande à Captain. Comme ils sont tous relativement têtus, cela va finir en baston. Eh oui. Reprenant en condensé un arc scénaristique des comics qui a fait pas mal parler de lui (mais que je n’ai pas lu), le film ne peut lui donner toute la densité des nombreuses pages papiers se basant sur des milliers de comics précédant pour la construction des personnages ; ici ce sont 2h30 de film qui s’appuient sur quelques autres longs métrages avant. Reste qu’il arrive à être nettement plus profond et mieux expliqué que l’Ere d’Ultron, qu’il donne bien plus de place aux personnages principaux pour s’exprimer et se justifier et qu’il pose davantage l’ampleur des événements. Certes le film contient son lot de raccourcis scénaristiques et d’incohérences inhérent à ce genre de grosse production où prime le spectacle, mais les frères Russo derrière la caméra s’en sortent vraiment bien pour rendre le tout.
Oui, les réalisateurs sont les mêmes frangins que l’on avait derrière Le Soldat de l’hiver et ça c’est bien ; sachant qu’ils sont de retour pour Avengers 3, c’est plutôt bon signe (mais bon, même Whedon m’a déçu avec son Avengers 2 donc ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué). Le film est bien foutu, les divers éléments de l’intrigue et twists sont bien exploités. Le film s’ancre dans des questionnements très intéressants sur la responsabilité, les effets de la guerre, le poids des innocents, sur la fin qui justifie ou pas les moyens. On est pas loin du questionnement sur la position d’êtres supérieurs que l’on a dans Batman V Superman. Le tout avec un complot mené par un très méchant mais dont le plan est quand même trop tordu pour être crédible. Je regrette le flou de certaines scènes d’action mais je me doute que la 3D y est pour quelque chose ; à vérifier. On a droit à des moments joliment épiques, à des passages durs, et à la dose d’humour qui convient aux films Marvel.
Devant la caméra, on retrouve avec plaisir la plupart des anciens (à l’exception de Thor, trop occupé sur Asgard en vue de son troisième film, et de Hulk trop occupé à calmer son démon intérieur loin de tout). Captain et Iron Man donc. Mais aussi la Veuve Noire, toujours aussi farouche et ambivalente. Le Faucon qui commence à bien trouver sa place. Warmachine fidèle au poste (jusqu’au bout). Hawkeye qui n’arrive décidément pas à s’imposer vraiment. On a aussi des arrivés récents comme Bucky justement, au cœur de l’intrigue. La Vision aussi, qui amène son lot de questions existentielles. La Sorcière Rouge tentant de maîtriser ses pouvoirs. Ant-Man qui prend de l’ampleur. Et les nouveaux arrivés comme La Panthère Noire (plongé au cœur de l’intrigue et avec une scène post-générique ouvrant sur son film à lui qui est dans les tuyaux) ou Spiderman (qui revient dans le giron Marvel encore plus jeune, toujours grande gueule et avec une tante May très MILF). A noter encore les présences non négligeables de Martin Freeman en boss l’antiterrorisme, Frank Grillo très fâché contre le Captain après les événements du Soldat de l’hiver, Daniel Brühl, ou encore William Hurt. Un sacré casting donc, avec des héros qui se cherchent et évoluent. Il est du coup difficile à mon avis de prendre ce film comme ça tout seul sans avoir le passif des autres de la franchise Avengers (ou en tout cas une bonne partie d’entre eux). Ce qui se passe ici, ce n’est que la conséquence de toutes leurs actions passées, des destructions commises, de leurs découvertes et rencontres passées, des événements qui se sont déroulés dans d’autres films. C’est l’intérêt de cet univers cinématographique, on a construit une toile qui se tient pas trop mal, mais en même temps on rend les divers éléments dépendants les uns des autres.
Alors oui on a ici un gros blockbuster d’action, entaché de simplifications et de raccourcis certes (que l’Odieux Connard prend encore un malin plaisir à relever), pas toujours crédible et avec son lot de too much. Mais bon on vient pour voir des super-héros qui se foutent sur la gueule et font dans la démesure, non? Et le contrat est extrêmement bien rempli. Ce film me redonne espoir après le décevant Ultron. La preuve que l’univers Marvel peut encore donner quelque chose de sympa.
Une réflexion sur « Captain America – Civil War »