Ah les Pixies… J’ai peu été bercé par leur grande époque et je ne les ai découverts que sur le tard, malheureusement. Mais j’ai été scotché assez rapidement. Il faut dire que quasi tous les groupes que j’aime citent les Pixies comme influence plus ou moins directe (ou se réfèrent à des groupes qui, eux, citent les Pixies). Sans avoir autant été sur le devant de la scène que nombre de groupes qui les ont suivis, les Pixies ont ouvert la voie. Ils sont un monument dans l’histoire du rock, ils ont marqué leur époque et restent une référence. Ils ont splitté en 93 mais se sont reformés en 2004 ; avec plus ou moins de réussite, et finalement un grand clash avec le départ de la mythique Kim Deal. Elle a été remplacée au pied levé pour un album, Indie Cindy, fort sympathique. Mais c’est avec ce Head Carrier que les Pixies ont vraiment intégré un nouveau membre à la 4 cordes et aux chœurs. C’est donc un grand groupe qui revient, et du coup les attentes sont nombreuses.
Bon ben soyons clairs, les Pixies n’ont rien réinventé pour ce disque. On retrouve les sonorités et le style qui ont fait ce que le groupe était. Le chant parfois clair et léger parfois très énervé de Frank Black, ses compos qui trottent en tête, le jeu de guitare et le son de Joey Santiago, la rythmique de David Lovering ; même la voix de la nouvelle bassiste Paz Lenchantinse se rapproche un peu de ce que faisait Kim Deal, au point que ses chœurs soutiennent tout aussi bien le chant principal et qu’elle a même le droit a chanter elle-même un titre entier (All I Think About Now qui cite pratiquement le grand classique Where Is My Mind? et qui parle même de Kim Deal). Dès l’intro de la chanson éponyme, on retrouve les riffs et le son des Pixies ; le titre rappelle tout le talent de songwriting de Frank Black, et c’est un pur bonheur. On retrouve le plaisir de nouvelles chansons des Pixies, avec cette qualité qui a ciselé des albums comme Surfer Rosa ou Come on Pilgrim, le même trip se reproduisant sur des titres comme Might as Well Be Gone, Oona, Talent, ou Tenement Song.Toujours capables de s’énerver malgré l’âge, comme sur Baal’s Back, les Pixies ont aussi leurs compos calmes et aériennes comme All the Saints.
Alors oui on ne va pas dire que les Pixies ont beaucoup évolué. leur musique, leur son, leur style, restent les mêmes. Reconnaissables en quelques mesures (voire en quelques notes), les titres du groupe ne réinventent pas la roue du fil à couper le beurre. mais ils sont d’une efficacité sans faille et nous font replonger avec un grand plaisir dans ce qui a fait la renommée des Pixies. Et franchement, on ne peut pas bouder un tel plaisir.
C’est marrant, moi je trouve du Pixies old school dans cet album, mais aussi du nouveau Pixies (qui pointait le bout de son nez dans Indie Cindy), du Frank Black of course, et même une pincée de Lush quand la voix de Paz Lenchantin se même à certaines sonorités de guitare.