Et voilà, je suis arrivé au bout des trois gros tomes de la série Locke & Key sur laquelle j’avais entendu beaucoup de bien. Et je comprends bien pourquoi. Difficile de parler du truc sans spoiler grave l’histoire mais je vais tenter le coup. On va suivre une famille en souffrance, victime de violences, qui retourne dans l’ancestrale demeure des générations passées. Cet endroit abrite un lourd secret. La famille va plonger vers le mystérieux, le fantastique, l’incompréhension et l’horrifique en tentant de survivre.
L’histoire est narrée au travers de différentes époques, avec des flashbacks plus ou moins longs. Elle comprend pas mal de personnages, sur plusieurs générations. Et puis elle est assez tordue quand même. Et les explications qui débarquent dans la dernière partie sont finalement bienvenues. On a trois volumes très joliment édités, chacun décomposé en deux histoires, chacune composée de 6 chapitres. C’est assez lourd, sombre, tordu, vicieux, avec des images dures. Une BD clairement adulte, aussi bien par ses thèmes que par son contenu visuel.
L’histoire de Joe Hill (fils de Stephen King) concilie divers éléments et références culturelles, rendant le tout pas toujours simple à appréhender. Lire Locke and Key demande une certaine concentration pour tout lier.
Tout cela est magnifiquement mis en images par Gabriel Rodriguez qui donne aux aventures de cette famille toute la gamme des tonalités nécessaires. Sombre et violent quand il le faut, le dessin sait aussi amener des lueurs d’espoir dans les scènes où ce dernier apparaît. Il montre des aspects épiques et des passages d’une grande sensibilité. Et surtout il arrive à rendre visible le monde tordu et les idées bizarres de l’auteur, ce qui n’était pas gagné. Le résultat est tout simplement splendide.
Locke and Key c’est une excellente BD, de celles qui permettent de confirmer à celles et ceux qui ne l’auraient pas encore compris que la BD ce ne sont pas que des « petits mickeys pour amuser les gamins », qu’il s’agit d’un véritable média artistique au même titre que les « vrais arts » reconnus comme tels. C’est vraiment une œuvre conséquente, profonde, construite, certes parfois un peu inutilement capillotractée, mais avec un véritable engagement des auteurs à créer quelque chose, à mettre leurs pattes. On n’est pas dans une création sur commande impersonnelle. Une belle réussite, malgré un scénario parfois un peu trop tordu pour rester solide. Mais j’ai beaucoup aimé. Et je recommande.