BlacKkKlansman

Bon ben voilà un film qui manie aussi bien l’humour que la dénonciation et la provocation pour arriver à un résultat ultra-engagé sans que cela enlève quoi que ce soit au plaisir de le regarder. Il nous entraîne dans l’Amérique profonde des années 70 sur les traces du premier flic black d’une ville, qui va se retrouver à vouloir infiltrer le Ku Klux Klan, d’abord par téléphone puis en vrai ; et évidemment il va devoir se trouver un partenaire pour cette partie, un flic blanc qui s’avère être juif. Un truc donc complètement improbable et pourtant basé sur une histoire vraie sortie en bouquin autobiographique.

Le film est réalisé par Spike Lee (Do the Right Thing, Malcolm X, Summer of Sam,…) ; au niveau revendicateur et engagé, on se pose bien là. En plus, on a Jordan Peele (Get Out,…) à la production. Oui, on est dans un vrai film à message. Dès le début, le racisme officialisé et accepté nous est montré face caméra. Le film nous montre à quel point le racisme a pu être considéré comme acceptable et justifié (au sein de la lutte contre le complot juif et les sales communistes). Et à tous les échelons, y compris au sein de la police et des politiques. En plus de dénoncer les pratiques racistes, en particulier le KKK, le film met en avant la lutte pour al libération des afro-américains ; mais on notera que la position du héros relativise le truc et ne soutient pas la lutte armée. De nombreuses phrases font aussi référence à notre époque, rappelant que cette attitude reste présente de nos jours. On en arrive à se dire que oui, presque 50 ans après les événements du film, le KKK est toujours là et il y a toujours des officiels pour aller dans son sens. Le film se termine d’ailleurs sur les images des manifestations de Charlottesville de 2017 et la position de Trump à ce sujet. Ce qui donne un poids très fort au discours du film.

A côté de cela, on se retrouve très bien plongés dans l’époque. Les looks y sont, à fond (petit coup de cœur à ces coupes afros hallucinantes). Les fringues et les couleurs piquent un peu les yeux, mais on retrouve le fond des 70’s, ça le fait. Jusqu’au titrage du film, complètement Blackxploitation ; Blackxploitation d’ailleurs assumée puisque citée à de multiples reprises au-travers de références à des films. Spike Lee nous démontre encore une fois encore sa capacité à très bien poser sa caméra pour rendre une atmosphère, une époque. une ambiance, et pour y caser son discours revendicateur.

On se pose quand même la question du respect de la réalité. Spike Lee est-il tellement engagé qu’il sert trop son discours? Les représentants du KKK, y compris le big boss, ne sont jamais très futés ; alors que l’on sait qu’il y a parmi eux bien des gens intelligents qui savent s’y prendre et qui sont suffisamment fins pour bien mener leur barque. Heureusement que les les flics mauvais sont présentés en minorité (et punis) parce que sinon cela aurait fait un discours trop lourd.

Le film doit beaucoup aux prestations de ses acteurs, avec en première ligne John David Washington et Adam Driver (Star Wars), le duo d’infiltrés ; ils sont à fond dedans, et leur prestation est vraiment bonne, surtout Driver qui finalement joue vraiment un rôle dans son rôle (et en VO, tout le jeu sur la prononciation). A leurs côtés, on trouve Laura Harrier, jasper Pääkkönen, Ryan Eggold, Topher Grace (Spider-Man 3, Predators, American Ultra,…), Paul Water Hauser, Ashlie Atkinson ou encore Corey Hawkins. Des personnages souvent hauts en couleurs.

Un très bon film, bien réalisé, très bien interprété, avec ce qu’il faut d’humour pour alléger un peu le sujet. Même situé dans les années 70, il est parfaitement d’actualité et peut se lire à l’aune de la situation d’aujourd’hui. « Make America Great Again » et autres donnent du sens et de la profondeur au discours profondément anti-Trump et dénonciateur de l’alt-right.

Une réflexion sur « BlacKkKlansman »

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