Et voilà, après en gros une année de tergiversations diverses, la Suisse a baissé son froc face à la Libye…
On revient rapidement sur les faits. Quand la police genevoise a reçu une plainte de domestiques du fils Khadafi et de sa femme, elle est intervenue et a interpelé les deux suspects. Certes, il semblerait qu’elle ait usé de moyens un tantinet surdimensionnés, mais quand on a en face de soi une personne qui se ballade avec une bonne série de gros gardes du corps pas jouaces, ben on se prépare au pire. Mais le père Khadafi a très mal pris la chose. Retraits d’avoirs en Suisse, arrêt des livraisons pétrolières, insultes et critiques régulières sur notre pays, et surtout empêchement de retour au pays de deux de mes concitoyens. Ah oui, j’oubliais aussi des pressions sur les dits domestiques au travers de leur famille présente en Libye. De bonnes grosses méthodes de dictateur pas très au fait du fonctionnement d’un Etat de droit et des rapports polis internationaux en gros. Le fiston Khadafi et sa femme ont été relâchés après versement d’une grosse somme, et l’instruction a continué. Au final, un « accord à l’amiable« (les guillemets sont volontairement en gras) a été trouvé entre les domestiques et la famille Khadafi, à ce qu’il paraît. Donc classement de la plainte etc (et ça, ça fait pas mal de mois). Mais la Libye ne s’est pas calmée pour un sou, et a continué à lâcher sa bile sur la Suisse, exigeant excuses publiques et tribunal externe pour déterminer si les conditions de l’arrestation étaient bien orthodoxes. Ce à quoi nos dirigeants se sont jusqu’ici toujours refusé, et en toute bonne foi. La justice est la même pour toutes et tous (en théorie) et tant mieux si le fils Khadafi n’est pas au-dessus de celle-ci (d’un autre côté, pas mal d’autres personnes en col blanc mériteraient de ne pas être oubliées non plus, mais là n’est pas le sujet). Le souci est resté les deux otages suisses détenus par le pouvoir libyen. Parce que ouias faut pas déconner, la taule en Libye, ça doit pas être Disneyland. Alors notre petit nouveau président que je pensais intelligent (bien que pas d’accord avec ses idées politiques) s’est rendu en Libye. Et, sans même avoir rencontré Khadafi en personne (déjà, je vous dis pas comment que c’est la honte de pas être reçu pour un chef d’Etat), il a fait de grandes excuses publiques et a accepté le plan de la Libye pour le tribunal externe et tout. Excuses au nom de la Suisse. Excuses pour quoi donc? Pour avoir appliqué la loi. Non mais j’y crois pas. Obligé de baisser son froc comme ça en public. Je veux dire, c’est un peu comme si on l’avait recouvert de charbon et de plumes pour le balader sur la place publique là. Et la Suisse avec. Alors oui, cela devrait permettre aux deux otages de revenir en Suisse (et tant mieux pour eux), mais bon quand d’autres chefs d’Etat vont récupérer des otages, ils reviennent avec eux dans l’avion ; ben là non, fat pas déconner, ils devraient juste être libérés dans les semaines à venir. Pis quoi? Ils devront encore trouver à se payer un vol charter pour le retour?
Ah oui, encore un détail. Pendant ce temps, Khadafi est devenu de plus en plus respectable à l’étranger. Reçu comme un prince par divers chefs d’Etats, participé à des sommets internationaux. Le pied. Alors qu’il tenait officiellement deux otages ressortissants d’un pays démocratique simplement parce que la justice avait fait son chemin. Y’a pas à dire, le statut de dictateur, c’est toujours autant le pied. On fait ce qu’on vet et en plus on se fait presque féliciter. Yeah.
Vous l’aurez donc compris, je suis très très colère contre notre président là. Et je dois dire que je suis de loin pas le seul. Je suis content pour es otages, oui, ou plutôt je le serai quand ils seront réellement revenus. Mais pour le reste, mais c’est quoi ce bordel? Où va-t-on? Et dire qu’en plus il a avoué, notre cher président, que c’était une décision personnelle… alors que notre système marche sur la collégialité du gouvernement! Bravo!!!
De façon générale, voilà ce qui arrive quand on fait des affaires avec des dictatures en général et des dictatures qui sont gouvernées par des individus absolument pas rationnels en particulier.