Lost… Six saisons, un des blockbusters de ces dernières années, des passages énormes, du très bon, et par moments l’un des plus grands gâchis scénaristiques que j’aie vus. Mais tout a une fin, et celle-ci est arrivée.
Avant de conclure et de donner mes impressions sur cette saison et ce final, revenons un peu en arrière…Attention, selon où vous en êtes dans la série, il y a pas mal de spoil dans les lignes qui suivent.
Lost commence avec le crash d’un avion sur une île qui a l’air déserte. Les survivants voient assez vite que la lenteur des secours à venir n’a qu’une explication : ils ne viendront pas. Et puis les choses s’enchaînent. Une espèce de pilier de fumée noire, tel un monstre tueur, qui parcourt la jungle. Un ours blanc en liberté alors qu’on est en situation plutôt tropicale. Un message radio émis depuis l’île et assez ancien. Des ruines. Des endroits fermés. Le mystère s’épaissit. On suit des flashbacks des personnages afin de mieux les situer et les comprendre. La base donnée ouvrait ainsi la porte à quelque chose de génial. Au fur et à mesure des saisons, comme je l’ai déjà dit dans d’autres billets, on a laissé les scénaristes partir en vrille ; et on les a sûrement drogués pour cela. Il y en a eu des délires qui partaient loin, très loin. Pendant longtemps, les théories étaient nombreuses sur les secrets de cette île.Ajouts de protagonistes, multiplication des intrigues et des mystères, changements d’allégeances, le tout de manière souvent capillotractée.
Puis vint la période où une partie des survivants a retrouvé le monde extérieur. Donc on ajoute une dimension, à savoir qui est où et fait quoi. Et quel impact l’un sur l’autre. Les flashbacks n’étant pas suffisants, on y ajouté les « flashforward ». En parallèle, pour rigoler un bon coup, on a décidé de rajouter les voyages temporels, sans doute parce que c’était encore pas assez tordu. Et dieu sait que les voyages temporels, c’est pas du tout le truc à se tirer une balle dans le pied au niveau de la cohérence scénaristique. Modifier le présent en changeant le passé pour donner diverses possibilités de futur, c’est toujours très simple. Et en même temps, on continue à rajouter des personnages et à densifier le nombre de fils d’intrigue.
Dernière grande idée sur la saison 6 : l’ajout d’une réalité parallèle. On a donc les mêmes personnages, mais très différents, vivant deux vies : sur l’île ou sans elle. Cette dernière version les fait se croiser après le vol sans crash de l’avion du début. Et le mystère s’amplifie et s’épaissit. On ne voit honnêtement pas trop l’intérêt de cette réalité parallèle qui n’amène pas grand chose à l’intrigue de base.Certes on peut faire de nombreuses comparaisons entre des scènes des deux réalités. Certes on voit que les personnages du vol sont quasiment destinés à se retrouver, que tout est fait pour les recoller, même si leurs situations sont bien différentes pour certains. Reste que le lien entre les deux réalités est ultra ténu jusqu’aux dernières minutes de la série. Et puis y’a l’accumulation de grandes révélation et de grands événements. On sent monter le truc en vue du final. Le retour de plein de personnages disparus pour le point d’orgue…
En fait de mystères obscurs, on se retrouve devant une énième resucée du combat entre le bien et le mal, ce dernier cherchant à s’échapper de sa prison et recouvrir toute la Terre. Tout ça pour ça? Des personnages aussi ambigus, tout en tons de gris, pour finir avec une expication aussi carrée et manichéenne? Quel dommage! Le final n’est pas à la hauteur de la tension accumulée au cours des saisons. Et il y a trop d’éléments restant sans réponses. Attention, c’est pas que je tiens absolument à tout voir expliquer ; par exemple, j’aime beaucoup la fin de The Lost Room avec ses blancs et ses trucs laissés à l’interprétation des spectateurs. Mais ici on a vachement l’impression que trop de trucs ont été oubliés complètement. Trop de trucs qui ne jouent pas ou ne collent pas. Trop de mystique et de métaphysique qui font un peu verser vers le TGCM (« Ta Gueule, C’est Magique ») pour ne rien avoir à expliquer au final. Certes c’est intéressant de voir les explications sur Jacob, sur la fumée noire, sur Richard, et 2-3 autres choses, avec parfois beaucoup d’émotion aussi. Mais cela laisse beaucoup trop d’éléments dans le flou. je pense par exemple à l’origine de la statue, au phare de Jacob, au pourquoi et comment du choix des candidats, à la lutte de pouvoir Linus-Widmore pour avoir l’île et à comment ils en étaient arrivés là, sur l’origine de la Dharma Initiative, etc. Au final on reste un peu sur sa faim, même si il y aune conclusion et que de nombreux fils sont bouclés. Restent trop d’inconnues ouvertes auc ours des saisons par des scenaristes partis en vrille. Je me réjouis de la version DVD de ce dernier épisode, censée contenir 20 minutes de plus pour des réponses n’ayant pas trouvé de place dans la version TV.
Lost c’est quand même de très grands moments, des personnages très sympas, des scènes fortes, beaucoup d’éléments vraiment très très intéressants. Mais le mix final est trop lourd, quelque peu indigeste. Ils sont allés trop loin dans le mélange et le foutoir. Et il était temps d’arriver à la fin. cea reste une très bonne série, demandant parfois de bien s’accrocher. Je ne sais pas si j’aurai le courage de tout me revoir maintenant, en essayant de choper les détails repris et ceux oubliés, mais cela pourrait être sympa à faire. J’ai vu que plein de monde s’étaient déjà amusé à reprendre les fils oubliés et à les relever, on va voir ce qu’il en est.Et puis est-ce que cela vaut la peine de se perdre en conjonctures sur certains éléments laissés en suspens. Quelles théories retenir. Les fans sont nombreux à s’emparer du mythe et à proposer leur interprétation. A commencer par la Lostpedia, une référence que je m’en vais fouiller quelque peu (mais qui ne semble pas encore complètement à jour avec le final). Ou ce billet aussi dont j’aime assez la teneur.
Bref, on n’a pas fini de parler de Lost…
Anciens billets en lien :
Lost 2X09 (mon 1er billet sur la série)