Allez hop on va faire un billet à fond d’actualité sur un sujet qui fait couler beaucoup d’encre (et non ce n’est pas juste pour sortir dans les recherches Google, c’est un sujet qui m’intéresse réellement). Il s’agit de la sortie du nucléaire. A priori, je visais ce billet dans le cadre de l’initiative populaire « Sortir du nucléaire » , mais là je vais intégrer plus globalement la décision du Conseil Fédéral de s’en sortir et les débats au Parlement.
Effectivement c’est là une grande question. Quand, comment et pourquoi sortir du nucléaire? Il faut être clair pour replacer le contexte, Fukushima a changé la donne et a grandement accéléré les choses. Certes, des esprits chagrins et bien-pensants s’élèvent en disant que c’est tragique et malsain d’utiliser ainsi une telle catastrophe pour parler du nucléaire, que c’est un manque de respect pour les victimes, que cette attitude est scandaleuse. Certes c’est un peu électoraliste de surfer sur la vague pour des partis qui ne sont pas habituellement dans ce trend. Mais pour les Verts, la sortie du nucléaire est une question de fond depuis des décennies et il n’y a rien d’indécent à lancer cette initiative maintenant. Qu’au moins les victimes japonaises fassent que ce genre de chose ne se reproduise plus jamais. C’est justement là un respect pour elles, ne les oublions pas comme nous avons un peu trop oublié celles de Tchernobyl. Alors oui il y a un effet Fukushima qui fait tourner le vent. Et maintenant on y est, les majorités se forment.
Dans ce contexte, le Gouvernement suisse s’est donc prononcé pour une sortie programmée du nucléaire. Projet accepté par le Conseil National, et qui va donc passer au Conseil des Etats. On voit venir des amendements, des renvois entre les deux chambres, des discussions assez longues, qui arriveront à un accord sur un texte qui sera peut-être édulcoré, dans un délai encore très flou, avec encore par la suite la rédaction de textes de loi et tout ce qui s’ensuit. Bref, on n’est pas arrivés. Dans ce contexte, les Verts et leurs alliés ont bien entendu décidé de maintenir leur initiative sur la sortie du nucléaire. Pourquoi? Déjà parce que le délai de sortie programmée présenté par l’initiative est plus court que celui du Conseil Fédéral. Ensuite parce que justement nous voulons quelque chose de solide, une prise de position forte, et que l’on ne connait pas encore le texte qui sortira des discussions parlementaires. Mais aussi parce qu’il faut maintenir la pression sur ces débats, en appelant le peuple à se mobiliser en masse. Plus nous récolterons de signatures, plus il y aura de pression sur nos parlementaires pour qu’ils rédigent un texte solide.
Parce que oui, on peut sortir du nucléaire. Comment, me demande-t-on régulièrement quand j’en parle et que je fais signer l’initiative? Et bien justement en prenant une position politique forte. A l’heure actuelle, les lobbies et les pouvoirs financiers sont très peu derrière les énergies renouvelables. J’en ai déjà parlé, mais si on mettait le même budget en recherche et développement de ces énergies que ce qui est investi pour le nucléaire et le pétrole, on aurait déjà fait les progrès attendus. A savoir que les panneaux solaires seraient plus efficaces, leurs composants plus verts, que les éoliennes auraient un meilleur rendement, que la géothermie serait plus répandue, etc. Si l’on donne un signal fort dans notre volonté de sortir du nucléaire, l’industrie va être obligée de se repenser. Et les investissements sur les technologies plus propres vont permettre de les rendre plus rentables. Et puis cela permettra une production de masse, et donc des prix plus bas pour la distribution aux particuliers. On peut se passer du nucléaire, oui. Bien entendu, ce ne sera pas facile. Il ne s’agit pas d’éteindre du jour au lendemain les centrales, mais de poser un délai suffisant afin de permettre la mise en place de nouvelles sources approvisionnement.
Et restera un gros problème, celui des déchets. Parce que produire de l’énergie nucléaire c’est bien joli, mais n’oublions pas ces restes radioactifs, cadeau surempoisonné aux générations futures, puisque l’on ne sait pas réellement qu’en faire. Les enfouir en attendant que nos descendants trouvent un moyen de s’en occuper? N’est-ce pas un peu vache et égoïste? D’autant que le coût pour s’en occuper passe des exploitants à la Confédération dans ce cas. A l’heure actuelle, on peut se demander ce qu’ont pensé nos prédécesseurs lors du passage au nucléaire à ce sujet? Comment ont-ils pu s’engager dans cette voie sans même savoir ce qu’ils feraient de ces déchets? Il est malheureusement trop tard pour revenir en arrière et effacer cette erreur. En arrêtant le nucléaire, nous n’aurons « que » les déchets déjà existants. Continuons avec le nucléaire et nous accumulerons toujours plus de ces saloperies.
Bien entendu, il est bon de rappeler l’apport à l’économie du développement de ces nouvelles énergies, la recherche, l’industrie. La Suisse est si fière de son esprit d’innovation et des hautes écoles, il est temps de les mettre à l’épreuve de ce nouveau défi. Création d’emplois, meilleure répartition des productions d’énergie, etc. Les avantages économiques ne sont pas négligeables.
Bien entendu, si au passage on peut baisser notre consommation, cela sera également un plus. Et je fais ici un parallèle avec l’autre initiative des Verts, pour une économie verte, dont je vous reparlerai plus tard. Mais si cette sortie du nucléaire s’accompagne d’une prise de conscience à ce niveau, nous ne nous en porterons que mieux.
Dans ce contexte, je ne peux que vous inviter à signer et faire signer l’initiative en question. Et si vous avez des questions et/ou commentaires, n’hésitez pas.