6 mois 1/2, c’est en gros la durée pour laquelle on est certains que le gouvernement vaudois sera à majorité de gauche. Mais le renversement est significatif. D’autant plus qu’il a été amené par une femme, augmentant ainsi leur nombre au sein du collège. Eh oui, hier Béatrice Métraux l’a donc emporté face à Pierre-Yves Rappaz dans le second tour de l’élection complémentaire suite au décès de M. Mermoud. Elle engrange 54% des voies exprimés, pour une victoire relativement confortable. Cela fait franchement plaisir, même s’il restera à confirmer cette majorité au printemps avec les élections cantonales (cf le marathon des urnes). On notera un petit 30% de participation, ce qui reste pas mal au vu de l’usure dans cette course aux élections tout au long de l’année.
M. Rappaz de l’UDC a donc été battu. Sa publicité mensongère le présentant du centre-droit n’aura donc pas suffit. Ou plutôt aura été déjouée. Il faut dire qu’en soutenant l’initiative contre l’immigration massive qui met en péril le tissu économique, il se met à dos une bonne partie de la droite classique qui ne veut plus s’acoquiner avec ce parti. Les attaques UDC contre le PLR au Conseil Fédéral ont probablement envenimé les choses. L’UDC s’est mis à dos récemment le parti dont il était le plus proche (à part peut-être la Lega ou le MCG/MCVD, mais ces partis ont un poids très faible). A eux de se débrouiller tout seul. Leur arrogance a été mise au grand jour et les mentalités commencent à changer à mon avis. Un peu en tout cas. Et puis bon, quand on fait des clips de campagne aussi terrifiants que ceux de M. Rappaz, il ne faut pas s’étonner de faire de petits scores.
Victoire donc de l’écologiste Béatrice Métraux. Deux écologistes en place en tout cas jusqu’au printemps. Et un renversement de vapeur. La majorité du parlement reste au centre-droit cependant, et on ne peut pas naviguer tout-à-coup dans le sens inverse de la politique menée jusqu’ici. Difficile donc pour la nouvelle majorité de gauche de faire ses preuves en six mois, et il faudra absolument lui donner sa chance en mars pour la nouvelle législature. Mais je suis certain que la gauche peut amener des changements. La prédominance de la droite n’a pas réglé de nombreux problèmes et on peut sans problème espérer que la gauche peut faire mieux. Les gens se plaignent toujours autant d’un sentiment d’insécurité auquel la droite apporte de fausses réponses (cacher la merde au chat en déplaçant mendiants et drogués, et griller des budgets en caméras). Les gens ne trouvent pas de logement à prix accessibles mais la droite dit d’encore plus laisser faire les promoteurs qui bien entendu ne vont pas chercher à maximiser leurs profits. De plus en plus de gens cherchent à suivre une voie plus durable et réfléchie en matière d’énergie et de ressources mais la droite ne s’intéresse au sujet que sur son programme électoral avant de l’oublier au moment des discussions au parlement. Il y a ainsi tout un tas de sujets pour lesquels une autre perspective est possible. Je ne dis pas que tout va se résoudre comme par miracle demain en deux coups de cuillère à pot, il y a du travail et c’est un défi que Béatrice Métraux et ses collègues en place se feront un plaisir de relever pour le bien de nos citoyens, j’en suis sûr. Et puis on a gardé sur Vaud un des derniers vrais hommes de gauche parmi les figures du PS en la personne de M. Maillard.