Moi j’aime bien quand je suis en convention et que je reçois un message de ma femme me signalant que mon fils et elle ont fait l’acquisition d’un nouveau jeu ; quand en plus ce jeu est dans ma wishlist, alors ça c’est franchement la classe ; pis qu’ils l’ont acheté sans savoir que c’était dans ma wishlist mais que c’est aux noms de GameWorks et de Bruno Cathala sur la boîte qu’ils ont réagi, cela prouve leur grande sagesse. Voilà donc comment Sobek (prononcer avec le « o » long comme nous le montre la vidéo de la tric Trac TV) a atterri à la maison pour notre plus grand plaisir. Sobek se veut donc un petit jeu à pas trop cher, plutôt accessible, genre familial, mais familial « plus, avec les coups de pute dedans » si cher à M. Cathala. Ben ouais, Sobek n’est pas un jeu où on se fait des amis ; normal, on joue le rôle de marchands qui ne cherchent qu’à augmenter leurs profits, et le capitalisme nous a bien montré que ceci se fait au détriment des concurrents. Bref, nous voici sur les rives du Nil durant l’Egypte antique pendant la construction du temple dédié à Sobek (pas le jeu, le dieu, mais d’où le nom du jeu). Evidemment, la construction du temple, c’est plein de monde qui passe, des marchandises qui s’échangent, et des marchands qui vont tenter d’en tirer un maximum de profit. C’est là que l’on intervient.
Le jeu se présente sous la forme d’une petite boîte en carton avec dedans un thermoformage ma foi fort joli et bien dans l’ambiance. On y trouve un petit plateau en carton dépliable, 4 petits pions de couleur sur lesquels on collera des autocollants (on pourra reprocher la petite taille des pions et des cases du plateau, rendant leur manipulation, en particulier le placement sur la même case, pas toujours évident, surtout avec de gros doigts comme les miens), des jetons, 4 petites plaquettes et tout un tas de cartes joliment illustrées dans le style cartoon coloré de la boîte. Le but du jeu est d’obtenir un maximum de points, décomptés sur le plateau de jeu en y faisant avancer notre pion ; ces points s’obtiennent en faisant des lots de marchandises d’un même type, les plus importants possibles, et ayant le plus de valeur possible. Le tout en 3 manches. Allons voir un peu plus dans le détail.
Le tas de cartes comprend deux types de cartes. Les personnages ont des pouvoirs particuliers que l’on peut utiliser à son tour. Les ressources sont les produits que l’on va tenter d’amasser par lots ; il y a 6 types de ressources, valant de 1 à 3 scarabées (monnaie locale) selon le produit. Une même ressource vaudra toujours autant de scarabées. Par contre, il y a des cartes sans scarabées. Il y a aussi les cartes amulettes qui servent de jokers pour les ressources, pouvant remplacer n’importe laquelle. Et les personnages peuvent être joués comme une ressource particulière, mais on ne joue dès lors pas leur pouvoir.
On va donc placer nos pions respectifs sur le début de la piste de score, et chacun prendra devant lui la petite plaquette de corruption de sa couleur. Chaque joueur va recevoir au hasard deux cartes de départ à dos vert, des cartes ressources mais sans scarabées. Il s’agira ensuite de disposer les neuf premières cartes de la pioche le long du plateau ; les ressources face visibles et les personnages faces cachées. A son tour, un jouer peut accomplir l’une parmi les 3 actions suivantes :
- Jouer un personnage. Il défausse le personnage et use de son pouvoir, souvent un truc pas très sympathique à l’encontre des autres joueurs.
- Prendre une carte. Le joueur peut prendre, dans l’ordre, l’une des 4 premières cartes alignées le long du plateau. Rien de spécial s’il prend la première, mais s’il décide de prendre une autre, il devra glisser chaque carte posée avant sous sa plaquette de corruption (donc une carte en corruption si je prends la deuxième, 2 cartes si je prends la 3ème et 3 si je prends la 4ème). Si l’alignée de cartes est vide, on en remet 9 du paquet.
- Poser un lot. Il s’agit de poser sur la table au moins 3 cartes de la même ressource (en prenant en compte les possibles amulettes ou personnages joués comme des ressources). Les 5 premiers à poser un lot pourront de plus piocher un pion dans les 5 pions événements mis en jeu par manche et en général se faire plaisir ou ennuyer un petit camarade de jeu.
La manche s’arrête quand on tire la dernière carte du paquet après qu’elle a été alignée le long du plateau. Et arrive le décompte des points. A ce stade, chaque joueur peut encore poser (mais à l’horizontale, pour marquer moins de points), tous les lots (au moins 3 cartes de la même ressource) qu’il a en main, le reste des cartes en main passant sous la plaquette de corruption.
Les points se calculent indépendamment pour chaque lot en multipliant le nombre de scarabées présents dans le lot par le nombre de cartes du lot. On additionne le tout. On additionne aussi les scarabées apparaissant sur les lots à l’horizontale posés à la fin. Et chacun avance ainsi son pion. On compte ensuite le nombre de cartes sous la plaquette corruption de chaque joueur. Celui qui en aura eu le plus devra reculer d’un nombre de cases proportionnel au score effectué. En gros, plus on optimise son ramassage de cartes selon les ressources, plus on prend de cartes en corruption, plus on fait de lots, plus on marque de points, mais plus on risque de reculer au final. On refait deux manches, et hop terminé.
le jeu marche donc sur la prise de risque (prendre de la corruption pour aller chercher cette carte utile), sur l’opportunité (je joue mon lot de 3 cartes ou j’attends un tour pour en prendre une de plus et marquer plus de points au risque de me la faire voler), et sur les sales coups (voler des cartes que les autres voulaient, user des personnages et événements contre les autres, etc.). C’est un jeu franchement sympathique, assez court et assez vite assimilé (même si ce n’est pas le jeu pour lancer quelqu’un qui n’a pas l’habitude de jouer), avec des possibilités agréables. Il est en plus joli, bien réalisé (malgré la petite taille des cases et des pions, mais bon il fallait tout faire rentrer dans une boîte pas trop grande, question de prix de vente), et est l’occasion de bonnes rigolades. On y a passé de très bons moments, à 3 comme à 4, avec enfants aussi. Familial donc, mais attention aux coups dans le dos. Encore une réussite de Bruno Cathala et une bonne pioche de GameWorks.