Prometheus

Difficile de faire plus attendu que le Prometheus de Ridley Scott… Depuis son annonce, ce film s’annonçait comme le retour à la SF du grand monsieur à qui l’on doit Alien et Blade Runner. Et puis Prometheus se déroule dans le même univers qu’Alien, expliquant le fameux « Space Jockey » et ce que l’equipage du Nostromo à découvert, se plaçant comme une simili-prequel d’Alien dans vraiment en être une. Du coup les attentes de tous les geeks du monde ont placé la barre très haut. On imaginait déjà le chef d’œuvre ultime conciliant à nouveau SF et horreur tout en posant des explications sur l’origine de l’Homme. Chacun se faisait déjà dans sa tête ce que devait être ce film. Le teasing et les bandes-annonces y ont d’ailleurs bien contribué en montrant des images de grande qualité.

Dès lors, difficile d’être à la hauteur. En allant le voir seulement ce week-end, j’arrive après la bataille. J’ai vu passer de nombreux commentaires (de la critique et du public) annonçant une déception parfois très forte. Je n’ai pas tout lu en détails afin d’éviter de trop me spoiler le film. Mais au vu de tout cela, mon enthousiasme était un petit peu diminué. Reste qu’avec de telles attentes, le public ne peut qu’être déçu au final car le film ne sera jamais ce qu’on s’est imaginé pendant de longs mois au cours desquels on a construit dans sa tête le « Prometheus parfait ». Ridley Scott a fait son film, pas celui des fans. Du coup j’avais moins d’attente en allant le voir que je n’en avais il y a encore un mois.

Et au final le film a été une très bonne surprise… En tout cas ne méritant pas à mes yeux certaines des critiques les plus virulentes et des mots les plus violents qui ont été utilisés dans les dernières semaines à son encontre. Oui il n’est pas à la hauteur de l’espoir qui s’était cristallisé sur lui mais il reste un très bon film de SF. Je ne sais pas si c’est moi qui suis trop bon public ou pas assez critique. Mais j’attendais de ce film qu’il me fasse passer un bon moment, et c’est réussi ; ça me suffit.

Alors oui Prometheus a des trous plus gros que le tunnel sous la Manche. Le scénario est parfois bancal, les motivations des personnages sont floues et pas crédibles. Mais combien de films ne reposent que sur de l’extrêmement solide?certes c’est dommage et le film aurait pu passer au stade de chef d’œuvre avec une écriture plus travaillée. Mais de là à se faire autant démolir par la critique, il y a un pas que je ne franchirai pas.

Ces aspects ne gâchent pas pour moi les (très) bons côtés du film. A commencer par le visuel. Le film est superbe. Des paysages fabuleux et magnifiquement filmés, aussi bien sur Terre que sur la planète où l’expédition se rend. Des intérieurs de grande qualité, en particulier la base explorée par nos chercheurs. Du design de qualité, sur les diverses créatures rencontrées et sur le matériel. Une musique et une bande-son intenses et prenantes.

Et puis il y a les acteurs, qui franchement sont quasiment tous au taquet. Noomi Rapace est absolument géniale dans son rôle de scientifique passionnée et engagée jusqu’au bout, en particulier dans ses passages de souffrance (autant physique qu’émotionnelle). Michael Fassbender est toujours aussi grandiose, le personnage d’androïde froid lui collant comme un gant avec toute la classe qu’il est capable de rendre. Idris Elba sorti de The Wire est toujours aussi bon, lui aussi. La superbe Charlize Theron campe son personnage distant et autoritaire avec succès. Et Logan Marshall-Green fait lui aussi une très bonne prestation. On pourra se poser la question du choix de Guy Pearce pour un personnage que l’on ne voit que vieux et pour lequel il a donc fallu fortement maquiller l’acteur alors qu’un acteur déjà âgé aurait sans doute paru plus crédible (si c’est uniquement pour la très bonne vidéo de teasing sur la Weyland Corporation, c’est un peu léger). Une belle brochette d’acteurs qui donne du punch aux divers personnages.

Prometheus alterne des scènes de tension et de suspens, une exploration prenante, avec des scènes d’action plus haletantes. On est dans le film de SF clairement, mais il ne faut pas s’attendre au film de flippe à la Alien. La filiation entre les deux est présente (et clairement poussée jusque dans certains détails), mais le but n’était pas de faire le même film. Certes il y a des monstres et quelques scènes peu ragoûtants, mais ça reste léger. La peur qui prend aux tripes du premier Alien n’est pas là. Clairement l’aspect horrifique n’est de loin pas prédominant. Par contre on est aussi dans le film à tendance métaphysique, cherchant à donner une explication à l’apparition de l’Homme sur terre. Certes, cette explication est bien capillotractée et peu crédible, mais il y a cette volonté d’expliquer une vision des choses, de donner un aspect bien plus grand que juste la découverte/rencontre sur cette petite planète perdue dans la galaxie.

Revenons encore sur le lien avec Alien. Prometheus n’est pas une prequel directe, mais constitue une autre approche de cet univers. Les références sont nombreuses. A commencer bien entendu par la Weyland Corporation, que l’on retrouvera avec bonheur derrière les épisodes de la quadrilogie. Il y aussi bien entendu le fameux « space jockey » du 1er opus, l’extra-terrestre fossilisé sur son siège découvert par l’équipage du Nostromo, et qui est ici au coeur des révélations. Ajoutons encore le texte de présentation du Prometheus dans l’espace, la diatribe finale, l’affichage du titre, par exemple ; le film se pare de références voulues. Et les dernières minutes nous laissent entrevoir ce que découvrent en réalité les passagers du Nostromo. Bien sûr, il y a un blanc, on n’est pas sur la même planète ; il y a un petit manque entre deux, mais que l’imagination pourra remplir. Comme dans Alien justement, tout n’est pas expliqué.

Alors voilà, Prometheus a essuyé les salves d’attaques dues aux gens qui en attendaient sans doute trop. Ayant revu mes attentes à la baisse, je n’ai pas été déçu. Certes il y a des éléments de scénarios qui sont vraiment faibles et des trucs complètement cousus de grossier fil blanc. Mais si on va le voir pour le spectacle, on ne sera pas déçu. Prometheus reste donc un très bon divertissement, un très bon film de SF, nettement au-dessus de beaucoup de blockbusters, mais trahi par des attentes bien trop fortes.

Ah oui, une petite remarque : je l’ai vu en 3D. Et bien je ne crois pas que cela apporte grand chose. Un peu plus de luminosité sans les lunettes n’aurait pas été de trop, et je ne vois pas vraiment l’intérêt de la chose là. Je me réjouis déjà du blue-ray annoncé avec pas mal de minutes supplémentaires…

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