Toujours dans la série « rattrapage sur les classiques pas encore vus », je me suis fait Deliverance l’autre soir, un film de Monsieur John Boorman sorti en 1972 ; et oui, ça nous rajeunit pas tout ça ma p’tite dame. Alors celui qui sortirait 4a maintenant en disant qu’il fait un survival se ferait probablement huer et traiter de petit joueur ; mais faut replacer ce film dans son contexte d’époque ; il a quasiment lancé le survival, il est terriblement violent et très crû pour cette période, extrêmement brutal. C’est devenu dpeuis une référence dans son genre.
Deliverance raconte la virée de quatre potes quarantenaires (aujourd’hui on y enverrait une troupe d’ados dans des miss à gros seins et court vêtues) sur une rivière. Ils veulent la descendre en canoë avant qu’elle ne disparaisse sous les eaux montantes dues à la construction d’un barrage en aval. Nos quatre gaillards vont donc loin en amont dans un village d’autochtones, où l’on rencontre entre autres un gamin difforme qui se révèle un dieu du banjo et qui pose là une scène culte avec un morceau musical magique, le fameux duelling banjos. Après avoir obtenu des gars du coin que ces derniers conduisent leurs voitures plus bas le long de la rivière, nos quatre lascars montent dans leurs deux canoës. Citadins avertis, ils ne sont pas complètement à leur aise, à part l’un d’eux qui se présente comme un habitué des virées en pleine nature. Et le passage de certains rapides ou la recherche de nourriture seront des éléments importants de l’expédition. La rencontre avec d’autres autochtones plus loin se révèlera nettement plus traumatisante avec la fameuse scène du « scream like a pig » qui a énormément perturbé les gens, et qui reste aujourd’hui encore particulièrement violente, animale, dérangeante. Tout va partir en couilles dès ce moment, et la survie des quatre aventuriers sera particulièrement difficile. Ils vont devoir lutter et repousser leurs limites aussi bien physiques que psychologiques ou morales, pour s’en sortir.
Deliverance peut effectivement paraître léger aujourd’hui. On est habitués aux survival bien sanglants avec tout plein de cadavres et des effets gores à la pelle. Pas de ça dans ce film. Mais une pression et une tension très fortes. Une horreur plus psychologique que visuelle, qui se révèle particulièrement efficace. On se retrouve complètement immergés dans l’histoire, dans les actions des protagonistes, à subir le suspens. Et on attend toujours très nerveusement de voir ce qui va se passer ensuite. Du coup ce film reste une référence, une parfaite réussite dans son genre, et une pierre blanche marquante sur le chemin de l’histoire du cinéma de genre. Chaque plan, chaque image, est une réussite permettant de faire monter la tension et d’accrocher le spectateur.
Et puis il y a ces quatre acteurs complètement dedans qui se donnent à fond. Pas n’importe qui d’ailleurs, puisqu’on y retrouve Jon Voight et Burt Reynolds (et même Ronny Cox, le Cohaagen du Total Recall de 1990). D’ailleurs il semblerait que les fris de production du film ont été très bas, ce qui veut dire pas de cascadeurs, et nos petits gars ont tout fait eux-mêmes. Ce qui est quand même un sacré challenge. Et participe sans doute à la forte immersion dans le film.
Alors oui y’a des trucs datés et des effets un peu pénibles aujourd’hui comme une nuit américaine qui pique un peu les yeux. C’est un film qui a quarante ans, on ne peut pas en attendre la même chose que des productions actuelles. Mais bon, à son visionnement on comprend l’importance qu’il a eu et son effet sur le cinéma de genre. Franchement, je crois que beaucoup de scénarios n’auraient jamais été pensés sans Deliverance, et il est une référence (assumée ou pas) dans nombre de films d’horreur. Il compte plusieurs scènes cultes, une bande-son culte, et c’est une belle réussite.