Alléché par le nouvelle mouture de Godzilla de dans pas longtemps, je me suis penché sur le précédent (et premier) long métrage du réalisateur Gareth Edwards. Déjà un film de monstres, comme l’indique le titre, même si les monstres ont finalement un rôle secondaire. En fait ici les monstres servent de décor au film qui est plus un road movie à l’ambiance tendue qu’un film où on se castagne de la grosse bestiole à tours de bras. Six ans avant l’histoire du film, une sonde spatiale revient sur Terre, porteuse d’un échantillon de vie extra-terrestre. maintenant il y a toute une « zone infectée » dans laquelle se trouvent d’énormes créatures que l’armée essaye de contenir et d’éradiquer… sans grand succès en tout cas sur le deuxième point. Cette zone est située au nord du Mexique, juste derrière le nouveau mur immense qui a remplacé l’actuelle petite construction séparant le pays des Etats-Unis. Et on a ces monstres qui attaquent de temps en temps des zones habitées, mais on vit avec. Ils font partie du paysage, les gens ont appris à intégrer leur existence dans la vie de tous les jours. Un photographe sur place, basé à la limite de la zone infectée car étant à la recherche d’images sensationnelles, est envoyé par son richissime patron américain pour récupérer la fille de ce magnat de la presse, légèrement blessée, et la ramener vers la côte là où des ferrys pourront la transporter aux States. Bien évidemment tout ne va pas se passer comme prévu et nos deux héros vont devoir tracer un bon bout de route ensemble, se livrant l’un à l’autre, s’ouvrant, se découvrant, se rapprochant. Le tout dans une ambiance tendue sur laquelle plane sans cesse l’ombre des créatures.
Monsters est un film à petit budget, réalisé avec des bouts de ficelle et des moyens dérisoires, mais surtout avec une ambition et un talent hors normes (d’où le fait que le réalisateur ait été alpagué sur un projet de l’ampleur de Godzilla). Edwards n’est pas que réalisateur, il est aussi scénariste, directeur de la photographie, concepteur des décors, réalisateurs des effets spéciaux et designer des bestioles. Un touche-à-tout de génie quand on voit le résultat. Avec ses deux acteurs charismatiques (un couple dans la vraie vie), il a entraîné sa petite équipe filmer dans des conditions difficiles, plusieurs prises de vue se faisant sans autorisation officielle, engageant sur le pouce des gens du coin qui passaient par là pour des rôles secondaires et de la figuration. Il a ensuite bossé ses effets spéciaux et créé ses bestioles sur son ordi tout seul chez lui. On fait ce que l’on peut quand on a budget très réduit, probablement celui d’une semaine de catering d’un blockbuster hollywoodien. Mais le résultat est là. Alors si on se fie au titre et que l’on attend un vrai film de monstres avec des bestioles à tous les plans, de la castagne permanente, et des destructions à tous les coins de rue, on risque d’être un peu déçu. Monsters pose une ambiance, le voyage dans la zone infectée prenant des airs de road movie post-apo avec quelques séquences d’action. C’est à cette ambiance que tient le film, une tension permanente aussi. et l’évolution des personnages, la découverte de leur profondeur, de leur richesse.
Véritable cas d’école prouvant que l’on peut faire de très belles choses qui en jettent sans devoir se coltiner le budget et les exigences de studio hollywoodiens, Monsters est une belle réussite. Et une carte de visite incroyable qui a ouvert les portes du succès à son réalisateur. A voir…