Alors là il y en a qui savent vendre leur bouquin. Quand un collègue venu du monde de jeu de rôles sort un roman présenté comme une version littéraire d’un road movie dans l’Amérique profonde romancée sur fond de stoner rock, ça donne franchement envie. Je me suis donc jeté sur le Stoner Road de l’ami Julien Heylbroeck et j’ai dévoré ce court roman avec un plaisir non négligeable. On y retrouve Josh, un habitué des generators parties typiques du mouvement stoner, ces soirées au fond du désert où des génératrices permettent d’alimenter le matos pour des concerts endiablés, le tout avec moults bières, alcools divers, champignons et autres substances psychotropes. Tentant de se ranger un peu après une vie particulièrement pleine de débauche, Josh cherche à récupérer sa copine, disparue au cours de l’une de ces fêtes. Sa route va croiser celle d’un redneck de service, Luke, lui aussi à la recherche d’une disparue. Tout cela va les mettre sur la trace de groupes louches et ils vont effectuer une plongée dans cet univers hallucinant et halluciné. La lutte pour sauver les filles sera d’une toute autre ampleur que ce qu’ils avaient imaginé lorsque le fantastique pointera le bout de son nez.
Stoner Road est un livre avec une ambiance superbe. Déjà les titres de chapitre, chacun étant un titre d’une chanson de stoner. Même si l’on ne connaît pas les morceaux en question directement (l’auteur nous propose une playlist Spotify allant dans ce sens), il suffit d’aimer un peu ce courant musical pour se faire directement la BO du livre dans sa tête. Il y a peu de livres comme ça qui me mettent directement leur son en tête à la lecture (je pense par exemple à High Fidelity qui m’a fait ce même effet). Alors bien sûr il faut aimer le stoner, mais une fois que l’on est dedans, ça pose bien l’ambiance. Cette dernière est développée par des descriptions bien senties qui posent le décor. Certes on est souvent dans le cliché, comme on le serait au cinéma finalement. On a une galerie de lieux et de personnages qui sont parfaitement visualisables à la lecture. On imagine parfaitement tout cela. La culture du cinéma américain, des road movies et buddy movies, est un élément important pour rentrer dedans aussi.
L’intrigue est prenante, menée à un rythme soutenu qui ne laisse pas le temps de s’ennuyer. On voit se dénouer les fils de l’intrigue. Les passages hallucinés par la prise de drogues sont époustouflants (à se demander ce que l’auteur a testé ou pas) et jettent un certain doute sur ce que l’on va découvrir ensuite ; réalité ou hallucination due aux substances? Le voyage se poursuite au rythme des moteurs vrombissant sur les routes gorgées de chaleur de ce sud américain rugueux et hostile. Et quand on arrive au grand final apocalyptique et gore, on se retrouve plongé dans un délire malsain (eh oui l’auteur est aussi co-créateur des éditions Trash, ça se sent).
Alors même si j’ai connu le bouquin par copinage, ma conclusion n’en est pas : Stoner Road, c’est bon, mangez-en. Ce bouquin prend aux tripes et vous emmène dans un vrai voyage très agréable, avec une musique qu’elle est bien.