Cette mini-série de SF en 6 épisodes diffusés sur 3 soirées est franchement un petit bijou. Le pitch de base est en soi déjà franchement attirant, et je vais y venir sous peu. Mais il faut savoir que derrière cela, et dans les twists et révélations de la série, il y a beaucoup plus, des éléments qui rendent ces quelques heures vraiment croustillantes.
Dans les années 50, les Etats-Unis ont mis en place un programme complètement fou avec des fonds importants qui permis l’envoi d’un vaisseau dans l’espace. Son but? Rejoindre la plus proche planète habitable afin de permettre à l’Humanité de perdurer vu que la vie sur terre devenait impossible. Un voyage d’une centaine d’années, sur trois générations. Le vaisseau et ses habitants sont lookés 50’s, vivent avec la culture de cette époque, et ne connaissent rien de tout ce que l’on a vécu depuis. Car la série se déroule de nos jours, à la moitié du trajet. Nous sommes confrontés à la génération « sacrifiée », pas celle des valeureux héros partis de la Terre ni celle des courageux pionniers qui poseront le pied sur la planète de destination. On est à la moitié du voyage, le point après lequel aucun retour en arrière ne sera possible et qui cristallise dès lors les tensions dans cet espace clos. La société dans le vaisseau est obligée de vivre selon certains codes particuliers pour que tout se passe au mieux, en particulier en ce qui concerne la reproduction et la sélection génétique. Sous une apparence lisse et bien pensante, on découvre rapidement pas mal de cadavres rangés au fond des placards et des attitudes mauvaises et manipulatrices avec des coups de couteau dans le dos en nombre non négligeable. La vie en huis clos produit automatiquement des frictions difficiles à gérer mais qui doivent pourtant s’effacer devant le but de bien commun fixé à la mission. Des événements externes (genre traversée de zones radioactives) stressent encore plus une population déjà soumise à une grande pression. La lutte des classes existe toujours, reprise à l’échelle d’un vaisseau. Et au milieu de tout cela on découvre une petite fille qui semble voir des choses étranges, qui se sent observée. Et surtout survient le premier meurtre dans cette société bien policée, celui d’une jeune femme fort appréciée. Un officier est chargé de mener l’enquête, mais personne n’est habitué à ce genre de chose sur le vaisseau et il doit faire avec les moyens du bord. Ce qu’il va découvrir dépasse l’entendement et va l’emmener très loin.
La série est vraiment bien foutue. On a une réalisation de qualité et un scénario parfaitement maîtrisé (malgré quelques points un peu plus faiblards qui me laissent sur ma faim et qui auraient demandé un ou deux épisodes de plus). On sent que les moyens n’étaient pas à la hauteur des ambitions et les effets spéciaux font parfois très carton pâte et/ou CGI mal incrustés qui piquent les yeux. Mais il faut dire que la série est ambitieuse et que ce qu’elle veut montrer a une certaine ampleur. Les acteurs sont très bons, à commencer par Tricia Helfer qui confirme que non seulement elle est une égérie de la SF de qualité (après Battlestar Galactica), mais qu’en plus elle n’est pas qu’une bombe physique et qu’elle sait vraiment jouer. De son côté la petite Ellie O’Brien livre une prestation mémorable. Et dans le reste du casting, on a toute une brochette d’acteurs qui valent le détour, Brad Carter (très bon), Jacqueline Byers, Brandon P Bell, Andrea Roth, Gil Bellows ou Brian Van Holt par exemple. Une vraie réussite. Et le tout construit une vraie ambiance très bien rendue, avec ce huis clos complet.
Le reste du billet va explorer un peu les révélations et les secrets révélés au fur et à mesure. Si vous n’avez pas vu la série, je vous conseille de vous arrêter ici car le plaisir du visionnage repose vraiment sur ces twists scénaristiques.
Franchement la première grosse révélation sur la réalité du projet Ascencion est juste énorme. Selon l’expression consacrée, elle m’a troué le cul. J’en suis resté tout scotché à mon siège le temps de réaliser ce qui se passait. En fait, pendant un tiers de la série, les auteurs ont réussi le coup de nous faire vivre la même expérience qu’ils font vivre à leurs personnages dans le vaisseau en nous emmenant dans un faux décor, dans un tour de manège incroyable. Et j’ai complètement foncé tête baissée, je me suis fait avoir. Et ça fait du bien, pour une fois un twist scénaristique que je n’avais pas vu venir. Après il y a toutes ces implications et tous ces questionnements super intéressants. Sur l’éthique de la science en particulier et jusqu’où sommes-nous prêts à aller. Quels sacrifices et quels investissements sommes-nous prêts à faire pour tenter de faire progresser la science? Peut-on tirer crédit d’inventions faites par d’autres? Jusqu’où aller dans la conspiration pour protéger un secret énorme?
La série développe pas mal d’aspects très intéressants à l’intérieur et à l’extérieur d’Ascencion. J’aime beaucoup. Je regrette certains trucs un peu raccourcis, en particulier j’aurais vraiment aimé suivre plus loin les pas de Stokes. J’aurais aimé en savoir davantage sur la société qui chapeaute tout ce projet aussi.
Et puis il y a cette fin vraiment bluffante. En fait oui il était bien question de faire un voyage dans l’espace, mais pas de la manière présentée à la base. Eugénisme et sélection génétique avec tension et mises en situations bien particulières ont permis de développer de nouvelles capacités et c’est vraiment impressionnant. Le fantastique s’empare de la série dans une fin délicieuse qui ouvre la porte à de nombreuses réflexions. Ascencion est vraiment une série intelligente qui fait réfléchir, qui aborde des thématiques fortes, qui ne donne pas tout tout cuit sur un plateau en argent, qui pousse le spectateur à réfléchir. Et c’est bien. Elle nous mène magnifiquement en bateau pendant un tiers (et subir ceci à la manière des habitants d’Ascencion se révèle être un vrai délice) avant de nous mettre dans une autre position. Très bon choix de la part des scénaristes. Une bonne série qui vaut vraiment la peine. D’autant que c’est assez court.