Et voilà, j’ai enfin pris le temps de me plonger dans le thriller de David Fincher (miam!) de 2014, ce Gone Girl vraiment prenant. Il nous raconte l’histoire de Nick Dunne, un homme avec une vie paisible et rangée, qui découvre que sa femme Amy a disparu sans laisser de traces. Il appelle la police et se retrouve très vite suspecté du meurtre d’Amy. Mais sans corps, pas d’accusation qui tienne, alors l’enquête va se lancer, s’enfonçant de plus en plus profondément dans la vie du couple, détectant les fêlures sous les apparences brillantes, appuyant là où ça fait mal et révélant les blessures accumulées. Les flashbacks et la lecture du journal d’Amy vont amener des éclairages particuliers pour enfin comprendre ce qui s’est réellement déroulé. Et si le twist de milieu de film est plutôt prévisible, voire attendu, la fin s’avère solide, sordide, bluffante.
Loin des films de flics rapides et bourrés d’action, Gone Girl prend un rythme lent, dans une atmosphère plus proche d’un True Detective ou d’un The Wire. Ici on ne fonce pas dans le tas. Et même s’il y a quelques scènes d’action, elles restent minoritaires et on va bien plus s’attacher au développement des personnages, de leurs liens, et de l’intrigue. Ce rythme ne plaira pas à tout le monde, surtout que du coup le film est plutôt long (deux heures et demi).
Tout repose sur l’ambiance, sur la tension permanente et croissante, sur les révélations, les suspicions, et les doutes. Et cela est servi par une réalisation léchée et soignée, par une photographie magnifique, des couleurs et des cadrages réussis. Et aussi par un jeu d’acteurs époustouflant. S’il en était encore besoin, Ben Affleck prouve ici encore qu’il est bien loin de certains ratages passés et qu’il sait vraiment faire l’acteur ; son personnage de mari loin d’être parfait, blessé, si juste et si bien écrit, lui donne une belle partition pour se développer. Quand à Rosamund Pike, elle est absolument parfaite en épouse trahie et qui passe par de très nombreuses phases ; elle nous pose un personnage aux multiples facettes vraiment réussi. A leurs côtés, les autres acteurs sont tout aussi bons, bien que moins présents et fulgurants. Neil Patrick Harris compose un amoureux éconduit parfait. Tyler Perry en avocat médiatique à la recherche du gros coup, superbe. Carrie Coone en sœur jumelle attachée à défendre son frère coûte que coûte. Kim Dickens (rhaaa, Colette de SoA) en détective à la recherche de la vérité. Un casting parfait qui donne de véritables ailes à ce film.
Ajoutons pour la bonne bouche une bande-son de qualité, en partie de à Môssieur Trent Reznor quand même…
Et puis, au-delà de toutes ces qualités artistiques (scénario, réalisation, musique, acteurs, photographie, etc.), le film se pare d’un fond qui est loin d’être inintéressant. On a une petite pique lancée à ces couples ou ces familles du paraître, à cette société qui se veut parfaite et lumineuse mais qui recèle fêlures et trahisons. La critique des médias est aussi présente, bien que facile, avec cette tendance au scoop, à l’immédiateté, au jugement sans réflexion, à la prise de position qui va changer l’opinion de tout un pays. Tout cela, c’est un petit plus non négligeable.
Gone Girl est donc un très bon film. Avec son intrigue tendue et ses retournements, il constitue un thriller de qualité, soutenu par des grandes qualités de mise en scène.