On savait Eli Roth bien barré et capable de trucs bien sales et gores (du bon et du moins bon d’ailleurs). On savait aussi le môssieur grand fan du classique Cannibal Holocaust, probablement l’un des films d’horreur les plus marquants, qui a lancé tout un genre, voire plusieurs (le film de cannibales, mais aussi le found footage) tout en apportant de l’eau au moulin des combattants des snuffs movies (le réalisateur avait quand même du faire venir ses acteurs à un procès où on l’accusait de les avoir tués pour de vrai). Voilà donc qu’il sort sans passer par la case cinéma un vibrant hommage contemporain à ce film. The Green Inferno, c’est le grand retour du film de cannibales, gore, violent, sale, méchant, dur et sordide.
On trouve ici une bande d’étudiants idéalistes bien décidés à empêcher un bout de déforestation au Pérou pour que survive une tribu locale. Lors du voyage, un petit problème d’avion fait qu’ils se retrouvent perdus dans la jungle. Très vite, les quelques survivants vont regretter de ne pas être morts dans le crash. Parce que voilà t’y pas qu’une tribu locale au dialecte de laquelle nos activistes ne captent que dalle les capture pour les mettre au menu de leurs prochaines journées. Le casse-dalle humain enfermé dans une cage, on va vite commencer à les découper chacun son tour en petits morceaux destinés à être cuisinés et préparés avec amour. Pendant ce temps, leur nombre diminuant rapidement, nos survivants vont tout tenter pour s’échapper.
On est bien ici chez Eli Roth. C’est gore, sale, crû (même si des fois on passe au cuit), sordide, sale. On sent la douleur (aussi bien physique que psychologique) de ces personnages soumis à des épreuves insupportables et monstrueuses. Le contact et le choc des civilisations s’avère nettement moins « bisounours » que prévu. Et pourtant, la question reste de savoir qui est le plus cruel entre la tribu cannibale et les représentants de la civilisation, tout particulièrement dans le climax final. Le film enchaîne les scènes gores avec un travail d’orfèvre sur les maquillages et l’ambiance lourde. On a des gros plans, on a du sang et des tripes, du démembrement, de l’arrachage, tout y passe. Âmes sensibles s’abstenir. Ici l’horreur n’est pas que suggérée, on l’affronte de plein fouet.
Alors oui le scénario est un peu facile. On a certes quelques éléments sympas (attention spoiler : la magouille pour le chantier de déforestation, le coup de la drogue, le témoignage final de l’héroïne, ou encore la toute dernière scène après quelques secondes de générique, par exemple), mais globalement ça ne va pas chercher très loin. Pas mal de choses sont vues, connues, convenues et on les sent venir. Cela n’enlève rien à la tension inhérente et on se sent vite étouffé par l’horreur, le dégoût et le sentiment d’impuissance qui submergent les héros. C’est plutôt bien fait. On a des effets spéciaux réussis, des décors qui en jettent (tournés au Pérou et au Chili), et le tout tient bien la route.
On a une tentative de morale là-derrière. On a de l’écologie, la protection des tribus traditionnelles, la lutte contre la déforestation, la corruption des gouvernements et armées, les manipulations médiatiques. Il y a donc un léger fond thématique qui ne gâte rien même s’il reste fin. Ce n’est pas le but du film. On est là pour un film gore, et c’est ce que l’on obtient. Et dans ce domaine, Roth sait y faire, il n’y a pas à dire. Parce que l’on a aussi des facilités scénaristiques, des clichés et des trucs un peu trop gros bien entendu.