Mama

Mama-PosterQue voilà un véritable bon film d’ambiance. Une ambiance glauque, sombre, tendue, oppressante. Souvent qualifié en film d’horreur, je le mettrais plus en film fantastique très sombre et quelques sursauts. Lorsque deux fillettes disparaissent brutalement avec leur père à la mort de leur mère, tout est mis en œuvre pour les retrouver ; d’autant que le père est suspecté du meurtre de la mère. On ne retrouvera les fillettes que 5 ans plus tard, grâce à l’opiniâtreté du frère de leur père qui n’a jamais baissé les bras. Et elles vont aller vivre chez lui (qui mène une vie plutôt tranquille avec sa copine rockeuse). Oui mais voilà, les deux fillettes n’ont semble-t-il pas vécu seules pendant ces cinq années. Et l’entité qui les a accompagnées ne semble pas fondamentalement vouloir leur lâcher la grappe. Bien sûr, on se doute que ces enfants ayant vécu loin de toute civilisation pendant aussi longtemps sont affectées, surtout la plus jeune. Le psychiatre qui les encadre aura d’ailleurs bien du mal à démêler tout cela. Mais c’est surtout la compagne de l’oncle qui va se retrouver confrontée au mystère épais entourant ces deux fillettes. En s’attaquant au problème, elle va aller à la rencontre de l’indicible.

Mama nous met donc face à un film de présence malsaine, de maison hantée. Mais on ne tombe pas dans tous les clichés du genre. L’entité en question, appelée Mama par les gamines, se révèle complexe et n’est pas là juste pour faire le mal parce que c’est son but. Elle a un passé, une histoire réelle. Et le film se construit autour des malheurs de tous, y compris de Mama, passant d’une ambiance sourde à une véritable plongée dans le fantastique pour un final très dur. De là, on reprend des aspects plus classiques au niveau des formes de hantise (lumières qui se balancent, portes fermées, etc.), mais le tout est vraiment rondement mené.

Comme beaucoup de monde, j’ai été amené à Mama parce que l’on retrouve Môssieur Guillermo del Toro à la production. Et que ce nom fait toujours naître en moi de grandes attentes car je suis assez fan. Et je ne suis pas déçu. On retrouve son goût à porter des films de genre toujours un peu particuliers. A part le court métrage Mama qui a donné ce long métrage, le réalisateur Andrès Muschietti n’a pas grand chose à son actif ; par contre on parle de lui pour reprendre la nouvelle adaptation cinéma du fabuleux Ça de Stephen King, et là tout de suite ça calme. A voir. Devant la caméra, nous avons droit aux très bonnes prestations de Jessica Chastain et Nikolaj Coster-Waldau dans le rôle du couple qui accueille les gamines ; très bonne interprétation, surtout de la part de Jessica Chastain qui pose un personnage vraiment intéressant et suivant une belle évolution. les deux gamines, Isabelle Nelisse et Megan Chaprentier, sont assez incroyables aussi.

Ce film est prenant, dérangeant. Loin d’une déferlante gore, tout repose ici sur l’ambiance. On a bien quelques jump sacres, mais là n’est pas le propos. Et le plus tordu est que l’on arrive à comprendre (une fois n’est pas coutume dans ce type de film) les motivations de l’entité qui hante les lieux. Une bien belle réussite qui a certes quelques défauts de jeunesse pour un premier long métrage, mais qui vaut vraiment la peine d’être vue.

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