Toujours bizarrement traduite en français par « American Nightmare », The Purge a donc une suite fort sympathique. Le premier volet posait un contexte bien particulier pour un home invasion pas mal du tout. Ici le réalisateur James de Monaco prend vraiment son background et le pousse plus loin. On a donc de nouveau cette fameuse purge, cette nuit pendant laquelle aucun crime n’est puni et pendant laquelle aucun service d’urgence ou d’aide ne répond. Tout est autorisé et les gens lâchent toute la violence accumulée pendant l’année écoulée. La criminalité est ainsi en chute libre et le pays vit mieux, comme le disent et le prêchent les Nouveaux Pères Fondateurs. Sauf qu’un grain de sable s’est glissé dans la machine puisqu’un trouble-fête annonce sur les réseaux sociaux que cette purge a d’autres buts, allant du contrôle de la population au soutien au lobby de l’armement. Du coup une espèce de petite révolution se monte tranquillement. On va ici suivre différentes personnes, en particulier un type morose et visiblement très entraîné qui erre dans les rues et qui a visiblement une quête personnelle à accomplir. A ses côtés un jeune couple en rupture pris au piège de la purge et une mère accompagnée de sa fille pourchassée par des hommes en noir. Ces gens vont se regrouper pour survivre à la nuit de violence qui s’ouvre.
Alors que je trouvais le premier film un peu léger sur la critique sociale (pourtant un fondement du film et de univers), celui-ci va plus loin et montre tous les mauvais aspects et les manipulations autour de la purge. Cette dernière dissimule derrière ses raisons officielles des éléments nettement plus retors. Le nouveau révolutionnaire de service met cela en évidence. On se retrouve aussi face à une classe sociale aisée qui se cache des dangers de la purge tout en usant de ce qu’elle permet pour laisser libre cours à ses plus bas instincts. Violent, crû, le film ne manque pas de fond et de profondeur. Et c’est très bon. Le réalisateur sait montrer une ville de nuit, avec la tension et le suspens inhérent à la situation de la purge ; on est constamment aux aguets et le danger guette à chaque coin de rue. L’ambiance est très bien rendue.
Frank Grillo joue notre soldat de service, héros torturé en quête de vengeance, assez classique ; solitaire mais prêt à défendre la veuve et l’orphelin, obnubilé par sa vengeance, le personnage regroupe pas mal de clichés et c’est presque dommage qu’il ne soit pas plus intéressant. La dynamique du couple interprété par Kiele Sanchez et Zach Gilfordest elle plus intéressante, avec cette situation de rupture mais où l’on tient malgré tout beaucoup à l’autre, ce point de bascule où on ne sait pas si on peut encore ressouder les liens ou si c’est une fin définitive, le tout soumis aux tensions liées à la purge ; en plus ils sont jeunes et beaux, un couple qui a tout du modèle mais qui cache derrière une cassure, comme les Etats-Unis présentés dans cette dystopie. De leur côté, Carmen Ejogo et Zoe Soul forment une dynamique mère-fille assez intéressante aussi, sur les traces d’un grand-père malade et poursuivies sans savoir pourquoi. On notera encore la présence très forte de Michael K. Williams (le Omar de The Wire).
Le film a pu bénéficier d’un budget plus important suite au succès du premier. Plus grands espaces, plus de monde, plus grands décors, plus d’effets spéciaux. Mais sans tomber dans le blockbuster plat à gros budget. Ce deuxième film est au contraire justement plus incisif que le premier et le réalisateur/scénariste pousse son idée plus loin ; ceci avant un 3ème opus qui ne devrait pas tarder et va probablement en rajouter une grosse couche. On ne doit pas voir The Purge juste comme des films de genre violents ; la critique sociale acerbe est de mise et personne n’y échappe vraiment, même pas le libérateur nouveau prophète qui veut casser le système mais qui n’est pas blanc comme neige non plus. Ce Purge 2 n’est pas sans défauts non plus et il reste encore pas suffisamment fort et vicieux à mon sens, il mériterait de pousser plus loin et jusqu’au bout sa critique, mais c’est déjà une bonne base et il constitue quand même un film très sympathique.