Il fallait bien passer par l’inévitable film Marvel du moment. J’y suis allé pour voir du grand spectacle avec des potes et des bières, mais il faut dire que ces films ont tendance à de plus en plus souvent me décevoir dans l’ensemble (le summum dans le genre déception ayant été Avengers 2). Mais bon, Doctor Strange c’est un héros pas comme les autres, la bande-annnonce donnait bien envie, et on a Benedict Cumberbatch et Mads Mikkelsen au générique. Alors hop…
Le film débute en nous présentant Stephen Strange, chirurgien mega-brillant, riche, cèlébre, frimeur, qui se la pète, sélectionnant ses patients pour s’assurer zéro échec, tendance mysogine et pas super sympa. Il perd l’usage de ses mains dans un accident de voiture et aucune chirurgie ne semble pouvoir les sauver. C’est bien évidemment toute sa vie qui s’écroule. Dépassant ses croyances, Strange va se rendre au fin fond de l’Asie auprès de gens un peu secrets. Il va découvrir des sorciers capables de modifier la réalité et de faire plein de trucs bizarres grâce à d’étonnants rituels mystiques. Strange va apprendre afin de retrouver l’usage de ses mains, puis va se révéler particulièrement doué, avant de finalement se retrouver pris au sein d’un conflit entre sorciers menaçant la Terre entière.
Avec un scénario qui tient comme toujours sur une feuille de PQ (bien que l’accumulation de termes bizarres et d’éléments mystiques semble vouloir complexifier le tout sans que ce soit le cas), ce nouveau Marvel ressemble à bien d’autres origins stories de héros. Ce qu’il amène de nouveau, c’est l’univers visuel absolument halluçinant et complètement trippé du Dr Strange. Les comics en mettaient bien la vue, avec des perspectives improbables, et des mélanges de formes et de couleur qui retournaient bien le cerveau. Le film pousse encore plus loin en transposant tout cela sur grand écran et en mouvement. Et franchement c’est plus qu’impressionnant. Dans le monde réel, les sorciers peuvent tordre et manipuler l’environnement à loisir, en faire ce qu’ils veulent, et les délires d’Inception sont ici décuplés. Mais les sorciers peuvent aussi se promener dans dimensions parallèles où les règles de la physique telles que nous les connaissons ne s’appliquent plus, permettant ainsi les délires les plus fous au réalisateur. De folles images donc, complètement démentes, qui justifient le visionnement sur grand écran. C’est réellement du grand spectacle. On en prend plein les mirettes.
Avec les possibilités visuelles offertes par l’univers, le réalisateur se lâche bien. On notera que Scott Derrickson était déjà derrière la caméra sur des films que j’ai bien aimés ou dont j’ai entendu beaucoup de bien, comme Sinister, L’exorcisme d’Emily Rose ou Délivre-nous du Mal ; un réalisateur habitué à des trucs assez sombres, ce qui ne se ressent guère ici. On pourra regretter cependant un manque de maîtrise sur certaines scènes de baston qui restent trop floues et pas toujours super lisibles. Par contre il a su en remettre une couche sur le côté humoristique et pas prise de tête inhérent à cet univers Marvel, avec quelques jolis gags et punchlines (y compris un affrontement contre le Grand méchant qui vire au gag). Devant la caméra, c’est le très bon Benedict Cumberbatch qui enfile le manteau du grand sorcier, avec comme toujours un talent certain ; ce type a toujours une présence et une prestance très forte, ainsi qu’un charisme certain, même si il a tendance à se faire refiler des rôles qui se ressemblent pas mal. Face à lui, un autre acteur qui s’en sort très bien, avec lui aussi une forte présence, Mads Mikkelsen endosse le rôle du méchant de service. A noter encore la prestation de Tilda Swinton (au-delà de la polémique de prendre une actrice blanche pour un personnage qui est, dans les comics, un vieil asiatique) qui s’en sort très bien, tout comme Chiwetel Ejiofor et Benedict Wong.
Doctor Strange est un bon gros blockbuster bien divertissant qui fait le job. Meilleur que certains Marvel, mais pas au top quand même. La recette des personnages arrogants et insupportables devenant des héros au cours d’une origin story qui leur ouvre les yeux, ça commence à bien faire (Tony Stark a certes suivi le même cheminement, mais Thor par exemple n’en est pas loin non plus, etc). Marvel nous embarque ici dans une phase de son univers cinématographique qui ouvre la porte au fameux Infinity War prévu pour dans quelques années, avec ces fameuses pierres dont Thamos veut s’emparer. A noter la première des deux scènes post-génériques, qui accentue le lien entre ce film et les autres, et nous montre un objet magique que je serais assez heureux de posséder.
Une réflexion sur « Doctor Strange »