Il y a des bouquins comme ça qui font figure de référence dans leur genre. Le Maître du Haut Château de Philip K Dick en est un exemple puisqu’il est reconnu comme l’une des meilleurs uchronies. Et comme je ne l’avais toujours pas lu, il était temps que je me penche dessus. Le bouquin nous place dans une situation très intéressante où, suite à quelques petites variantes, l’Axe a gagné la deuxième guerre mondiale. Les Alliés ont perdu. On se trouve au début des années 60 aux Etats-Unis dont l’Est est occupé par l’Allemagne nazie, l’Ouest par le Japon et une bande centrale joue le rôle de zone tampon en status quo. Dans ce contexte, on va suivre les pas de divers personnages dont les chemins ne vont guère se croiser mais souvent s’influencer.
Alors bon, le livre ne vaut pas tellement par son intrigue qui ne va pas chercher bien loin. Les enjeux restent la plupart du temps légers, à une exception près où l’on se retrouve soudainement pris dans un truc de grande ampleur. Les personnages ne sont que moyennement attachants ou charismatiques et j’ai peiné à m’y identifier. Mais par contre je comprends vraiment pourquoi ce bouquin est pareillement reconnu en tant qu’uchronie. Le monde dépeint est réellement crédible et super bien présenté. On est quelques années après la guerre et tout l’historique avec les événements qui ont été différents de notre réalité a été pensé pour constituer une trame de fond réellement solide. Le fameux « et si les choses s’étaient passées ainsi… » est réellement pensé et travaillé. L’auteur a construit son univers en imaginant sérieusement comment les choses auraient pu évoluer. Plus profond encore, on a dans ce roman un livre de fiction qui circule et qui raconte ce qui se serait passé si l’Allemagne avait perdu, mais sans que ce soit notre monde pour autant ; cette mise en abyme d’uchronie dans une uchronie est vraiment puissante.
Prenant pour son contexte et les idées que l’on y trouve, Le Maître du Haut Château ne dispose malheureusement pas vraiment d’une histoire et de personnages à la hauteur. Je suis content de l’avoir lu, un classique de plus à mon actif, difficile de passer à côté dans son genre. Mais il lui manque quelque chose quand même, j’étais un peu déçu.