Précédemment : le FIJ et son As d’Or, les jeux pas sortis, les jeux de déconne, les jeux plus velus, et les photos…
Abordons maintenant le sujet des jeux plus “standards”, ni pure déconne ni un peu lourds, que nous avons découverts lors de ce FIJ 2017, des jeux que tout un chacun pourra empoigner. Afin de ne pas trop surcharger sur un seul billet, j’ai découpé la liste en deux ; pour cette première partie, parlons de 12 Heroes, Bandido, Bubblee Pop, Cap’taine Carcasse, Dragon Keeper, Kikou le Coucou, et Kingdomino.
12 Heroes
Jeu de cartes d’affrontement à deux joueurs, 12 Heroes propose à chacun des adversaire de prendre un deck de 12 cartes qui sont 12 héros donc, et de les jouer pour prendre le contrôle de territoires ; ces derniers ont différentes valeurs, et le premier à 7 points l’emporte. Si le jeu de base propose 4 decks pour les Humains, Les Elfes, les Orcs et les Créatures mécaniques, il y a également des moyens de créer son propre deck ; pas d’extension prévue à l’horizon alors que le jeu s’y prêterait vu son format “à factions” (mais bon il y a déjà pas mal à faire avec le jeu standard).
Devant les joueurs donc, 3 tuiles de territoires, avec sous chacun d’eux un autre territoire, ce qui en fait 6 en tout. Chacun pioche 3 cartes de son deck mélangé et c’est parti. Les territoires sont au milieu, et chaque joueur pourra y déplacer ses troupes. Pour cela, il faudra qu’elles aient été recrutées et placées dans une autre zone de jeu, le campement.
Au début de son tour, chaque joueur vérifie s’il a un total de puissance (chaque carte/héros a une valeur de puissance) strictement supérieur à celui de son adversaire pour chaque territoire ; si c’est le cas il y ajoute un cube à sa couleur. Les territoires peuvent accepter plus ou moins de cubes (le même nombre pour chaque adversaire), et si je dois en rajouter sans avoir encore d’emplacement libre, alors j’emporte le territoire (en marquant ses points et en laissant la voie libre pour le territoire placé dessous). Ensuite le joueur va devoir nourrir ses troupes placées dans les territoires en défaussant un jeton de nourriture de la zone en question pour chaque héros présent (s’il n’y a pas assez de nourriture, les cartes surnuméraires sont défaussées). Le joueur pourra alors récupérer de la nourriture et tirer une nouvelle carte de son deck. Et enfin, il aura droit à 3 actions parmi une liste de 4 possibles (en pouvant effectuer plusieurs fois la même), permettant de recruter de nouvelles troupes de sa main vers le campement (en payant un coût en nourriture), de les déployer du campement vers une zone ou de les déplacer de zone en zone (tout en pouvant transporter de la nourriture avec), ou enfin de récupérer un peu de nourriture.
Ajoutons à cela que les différents héros disposent de capacités spéciales et que chaque deck a sa spécificité, son orientation, sa tactique, et on obtient un petit jeu très sympa et offrant une belle palette de possibilités.
L’avis de Jonathan : Un jeu d’affrontement de cartes assez bien pensé. L’aspect de gestion de la nourriture apporte quelque chose d’original au genre. Les règles sont simples et les illustrations de qualité. Je vois plutôt le fait d’avoir un jeu “clef en main” avec des decks déjà prédéfinis et équilibrés comme un avantage face à la ribambelle de jeux de cartes évolutif où il faut sans arrêt acheter des boosters. Deux bémols cependant. Premièrement je trouve dommage qu’il y ait beaucoup de cartes en commun entre les différents decks. J’aurai apprécié que chaque faction ait ses 12 héros “uniques”. Deuxièmement, lors de la partie test que nous avons faite, Fred m’a pourri la gueule et je n’aime pas ça.
Bandido
Voilà un petit jeu rapide et coopératif chez Helvetiq, pour 1 à 4 joueurs dès 7 ans. Au centre de la table, la cellule du bandit avec ses divers tunnels de sortie creusés. Chaque joueur va poser une des 3 cartes de sa mains à son tour et en repiocher une autre. Ces cartes forment des chemins, plus ou moins tordus et complexes, et parfois les terminent. Le but? Bloquer tous les chemins, toutes les sorties, avant la fin de la pioche, pour éviter que le bandit ne s’échappe.
A notre première partie, on a eu beaucoup de chances sur le tirage de cartes et ça a été trop simple de fermer les portes au bandit. Pour la seconde, on a eu beaucoup plus de difficultés et j’ai pu voir le potentiel du jeu. Une petite boîte pas chère pour des parties très sympas.
Avis d’Oliver : un jeu sympa, d’ouverture de soirée jeux, accessible à tous même aux non joueurs ! Rapide, pas compliqué (hum), et logique dans la résolution. Faut pas faire n’importe quoi non plus.
Bubblee Pop
Y’a pas à dire, le succès de Candy Crush et autres jeux du genre sur smartphones donne des idées aux créateurs de jeux de société. je vous avais déjà parlé du très sympathique Potion Explosion qui a un petit air de ces jeux, et voici Bubblee Pop, lui aussi fortement teinté de cette ambiance. Ici on joue à deux (ou dans un mode solo) dès 8 ans, dans un format très familial.
Sur le plateau, chaque joueur a devant lui une série de cases rondes, dont une partie est occupées par des bubblees noirs… des bubblees? Ben oui des petits êtres tout ronds de différentes couleurs représentés par des jetons ; et les noirs dans ce jeu (pas comme dans la vraie vie donc), ce sont les pénibles qui vont nous poser des problèmes. La zone centrale de bulles, le ciel, est elle remplie de bubblees sur deux lignes, tirés au hasard du sac fourni avec le jeu. Au fur et à mesure du jeu, ils vont glisser du ciel vers les zones des joueurs ; en les alignant par 3 au moins, on les enlèvera du plateau pour se les garder par devers soi, et en fin de partie le gagnant sera celui avec le plus de bubblees.
Au début de son tour, si le ciel n’est pas rempli, le joueur pioche 1 à 1 des bubblees dans le sac pour le remplir. Ensuite il peut intervertir horizontalement ou verticalement deux bubblees dans le ciel. Puis il doit faire “tomber” du ciel vers sa planète deux bubblees contigus ; les bubblees viennent au plus bas des colonnes comme dans un “Puissance 4 horizontal”. Si on aligne au moins 3 bubblees de même couleur (en horizontal ou vertical), on les retire du jeu pour gagner des points, mais cela active aussi un pouvoir ; selon la couleur des bubblees concernés, on pourra filer un de ses bubblees à l’autre, intervertir des bubblees chez soi ou chez l’adversaire, etc. Un peu de réflexion sera donc nécessaire pour optimiser le placement des bubblees et leur utilisation à bon escient.
Le jeu est vraiment sympa. En plus d’être joli et coloré, avec un matériel qui donne envie, sa mécanique simple laisse la place à des moments de réflexion intéressants. On est certes tributaires du hasard des tirages dans le sac, mais cela forcera à s’adapter et à changer de stratégie au besoin.
L’avis de Jonathan : Un petit jeu rigolo qui assume complètement d’être une transposition sur table des “match 3” qui fleurissent sur tablette et smartphone. La musique énervante en moins. Peut-être un moyen d’attirer sur table des gens qui préfèrent passer du temps seuls devant leurs smartphones?
Cap’taine Carcasse
Ici c’est un de mes comparses qui a tâté de ce jeu mais je peux en parler rapidement car il s’agit en fait de la version francisée et ré-illustrée du fort sympathique Dead Man’s Draw, un jeu de stop ou encore plutôt sympa. Un habillage plus coloré et plus jeune pour une mécanique qui tourne bien où il s’agit de récolter des trésors en piochant mais en évitant surtout de tirer plusieurs cartes du même trésor. Les trésors tirés ont des effets particuliers et ensuite c’est une question de majorité pour le marquage de points.
Cap’tain Carcasse sur Tric Trac
Dragon keeper
Ce jeu me faisait de l’oeil depuis un moment ; son joli dragon en figurine, son concept de descente dans le donjon avec plusieurs étages utilisant la boîte de jeu elle-même. J’aime bien l’idée oui. Entre 2 et 4 joueurs vont prendre le rôle d’anciens aventuriers qui se sont mis au service du dragon pour aider ce dernier à garder le trésor et à bouffer les autres aventuriers qui descendent dans le donjon ; tout en faisant bien gaffe de ne pas toucher à ceux provenant de leur ancienne guilde.
Bon ben en gros le thème tient 3 minutes à tout casser, pendant l’explication. Ensuite on voit le dragon comme un pion à déplacer, les niveaux de donjon comme trois manches à jouer, et les guildes comme des couleurs uniquement. Le jeu est purement abstrait et le thème fait très très plaqué (malgré les très jolies illustrations).
Dans la boite, on dépose une série de tuiles de différentes couleurs et le dragon au centre ; dans chaque couleur, on a une série de valeurs différentes sur les tuiles. A son tour, un joueur déplace le dragon le long d’une ligne et s’empare de la tuile là où il l’a laissé. Puis il bouge le dragon dans la direction orthogonale à celle du premier mouvement et donne la tuile sur laquelle il s’arrête au joueur qui a joué avant lui. Lorsque plus aucun déplacement n’est possible (plus de tuiles dans une rangée ou colonne), les joueurs doivent payer un certain nombre de pièces d’or (en fonction du nombre de tuiles restant sur le niveau), faute de quoi ils sont éliminés, et on passe au niveau suivant. En fin de partie, on range nos tuiles par couleur, on retire la pile la plus haute, et on additionne les points des autres piles, sauf la pile de notre couleur comptée en négatif. Alors oui du coup on va tenter de deviner la couleur des autres pour leur refiler des points négatifs.
Franchement je n’ai pas craqué. J’ai trouvé la mécanique pas folichonne et plutôt répétitive. Dommage au vu du joli matos fourni et de la volonté de créer un thème immersif. A aucun moment de la partie je ne me suis senti évoluer dans un donjon avec des aventuriers et un dragon, malgré la figurine et les illustrations ; je suis resté complètement dans l’abstrait et je n’ai pas croché.
L’avis d’Oliver : Idem. C’est un jeu de déplacement et de points et… voilà. Pas vraiment d’interaction au fil du jeu ni de surprise.
L’avis de Jonathan : Pareil pour moi la mécanique du jeu ne m’a pas franchement emballé non plus. Mention spéciale tout de même pour la boîte qui s’empile sur 3 niveaux et qui donne quelque chose d’assez joli et original au final.
Kikou le Coucou
As d’or pour enfants comme indiqué dans le billet d’ouverture sur Cannes, ce jeu me semble assez rigolo. Je n’ai pas eu l’occasion de me faire la main dessus, aussi vais-je laisser la parole à l’un de mes comparses qui l’a chez lui…
L’avis de Christophe : Une excellent remise au goût du jour pour les mikados qui m’ont bien amusé étant enfant. J’aime particulièrement le packaging et le matériel. J’aime tellement le matériel que je n’ose que difficilement y jouer avec ma petite de trois ans de peur qu’elle ne casse toutes les baguettes. Pour ce qui est de la mécanique on reste dans du basique avec un jeu “d’aguillages” (les plus vaudois d’entre vous comprendront) relativement efficace et un petit peu de stratégie qu’il faudrait effectivement pouvoir tester entre adultes consentants.
Kingdomino
Gros gros buzz du moment (OK, c’est un jeu de Bruno Cathala, ça aide), nominé à l’As d’Or, King Domino est un joli petit jeu familial (8 ans et plus, 2-4 joueurs, une quinzaine de minutes) qui a une belle dose de tactique derrière sa façade très accessible. Le but va être d’étendre son territoire et former le royaume rapportant le plus de points avec un système de dominos. En effet, on a une série de tuiles rectangulaires divisées en deux carrés à chaque fois, comme des dominos, les carrés représentant divers types de terrain (plaines, forêt, marécages, montagnes, etc.) Chaque joueur part aussi avec une tuile carrée sur laquelle se trouve son château, son point de départ.
Au début d’un tour, on va révéler autant de tuiles qu’il y a de joueurs et les placer dans leur ordre (selon les numéros figurant au dos). Dans l’ordre, les joueurs vont se placer sur une tuile qu’ils devront ensuite placer dans leur royaume ; en fonction du numéro de la tuile, cela changera aussi l’ordre du jeu au tour suivant (en gros, plus je prends un domino rentable, plus je jouerai tard). Ensuite chacun va placer son domino, avec une condition de pose : un des carrés de la tuile doit être adjacent à un carré ayant le même type de terrain (le chateau de départ compte comme un joker et on peut le toucher avec tout type de terrain. A noter que l’on ne peut s’étendre que dans un carré de 5 cases par 5 (7 par 7 dans la variante 2 joueurs habitués au jeu).
Arrivé vers la fin de partie, on risque de bloquer et ne plus pouvoir poser de domino en respectant les règles de pose ; en ce cas, on le défausse. Quand tous les tours sont joués et tous les dominos ramassés, on va compter les points. On va prendre chaque domaine (groupe de cases contiguës du même type de terrain) et on va y multiplier le nombre de cases formant le domaine par le nombre de couronnes qui y figurent.
Et c’est tout. Simplement. Alors bien sûr on oublie un peu vite le thème du royaume et des moutons pour se concentrer sur le jeu. Une mécanique simple et carrée, qui permet de mettre les neurones à l’épreuve et ainsi de faire de nombreuses parties. Et puis c’est rapide, donc on enchaîne volontiers. Pas encore testé le mode 2 joueurs 7×7 mais tout le monde semble dire que c’est une tuerie. Un très bon jeu donc, qui sera sûrement bienvenu pour attirer des gens pas trop joueurs vers le jeu de société moderne.
Kingdomino est pour moi un des meilleurs jeux sorti récemment, simple et efficace, il peut être sorti avec des novices comme avec des joueurs aguerri.
Une perle parmi tant d’autres, dommage que l’extension n’apporte rien de nouveau…