1814… James Delaney revient en Angleterre après pas mal d’années d’absence qui ont fait que tout le monde le croyait mort. Il revient au moment du décès de son père, et se voit hériter de la rachitique compagnie de commerce de ce dernier, mais surtout d’un bout de terre du côté de l’Amérique du nord, un terrain qui semble au cœur de nombreuses convoitises dans cette période où la guerre entre les Etats-Unis et l’Angleterre tend à sa fin. Il retrouve sa demi-soeur, avec qui il a eu une relation incestueuse, le mari de cette dernière qui espérait faire fortune avec l’héritage du père, mais aussi ceux qui veulent s’accaparer les terres en question, l’Angleterre, les Etats-Unis et la Compagnie commerciale des Indes qui s’avère avoir eu des démêlés avec le héros. Quand on ajoute à cela le fait que ce cher James Delaney est hanté par son passé et quelques actes pas jolis-jolis, qu’il fricotte avec tout ce que la pègre compte de gens peu recommandables, qu’il a la réputation d’être devenu un monstre, qu’il sait se battre assez sauvagement, et qu’il est prêt à tout pour arriver à ses fins, on obtient une histoire assez tordue.
Taboo repose sur une réalisation extrêmement soignée. Je ne suis pas un spécialiste de la période, mais la reconstitution en jette. Visuellement, on se sent plongés dans l’ambiance, on est happés. Je pense bien qu’il doit y avoir quelques erreurs, mais les décors sont très bien foutus, les costumes donnent une impression de vrai. On a un aspect très sale, sombre, aussi. Sauf dans ces rares moments où l’on a affaire aux hautes sphères ; et encore, là aussi, c’est la psychologie des gens qui est malsaine, en particulier à la Compagnie des Indes, sans parler de l’apparence du prince régent rongé par la maladie. Avec une mise en scène de qualité, des plans très bien composés et un très bon travail sur les couleurs et lumières, il y a vraiment là un résultat de qualité.
Cette réalisation est soutenue par des acteurs qui font un très bon travail. A commencer par Tom Hardy, co-créateur de la série et interprète de James Delaney ; complètement habité par le rôle, il lui donne une force incroyable, il y est à fond et lui transmet son charisme, pour une très belle performance. A ses côtés, j’ai aussi beaucoup apprécié les performances de Mark Gattis (incroyable en Prince régent), Leo Bill et Richard Dixon en zélés suivants de la Compagnie des Indes, Jonathan Pryce à la tête de cette société et prêt à tout en terrible manipulateur trop sûr de son pouvoir sur les autres, Michael Kelly, David Hayman, Stephen Graham (ça c’est du tatouage), ou Tom Hollander en scientifique à la limite du steampunk. Des personnages hauts en couleurs portés par des acteurs de talent, avec des accents et de l’argot comme il faut pour se plonger dans le bain (oh oui la VO est bonne). Un petit regret sur Oona Chaplin qui surjoue quand même un peu beaucoup son rôle de femme complètement barrée, avec ses yeux trop grands et ses délires un peu trop délirants.
On a là dedans une histoire un peu tordue, avec son lot de retournements de situations, de mensonges et de trahisons, et un héros pris entre des adversaires bien trop gros pour lui. Et si l’intrigue a de la peine à bien se lancer dans le premier épisode, la suite amène davantage d’action et de rythme, pour un crescendo vers un final explosif. Je trouve un peu dommage que l’on manque d’explications quand même sur les images qui hantent le héros, et j’espère que l’on aura des réponses dans les saisons à venir (une de commandée, et 3 en tout de prévues). Ces 8 épisodes sont bien, forment un arc, mais me laissent quand même un peu sur ma faim. J’attends de voir la suite avec impatience. Si l’intrigue et la réalisation sont toujours au même niveau et que l’on ne se disperse pas, il y a matière à en faire quelque chose de vraiment bien.