Ah, King Kong, un monument du cinéma, vu et revu à différentes sauces, adapté à des époques très variées, mais toujours marquant quand il apparaît à l’écran. Il y a bien sûr la référence de 1933, où tout le mythe est posé (le film sur une île inexplorée, la belle actrice, les autochtones et leur sacrifice, le gorille géant emmené à New-York, la bagarre de l’Empire State Building,…), un film qui a marqué l’histoire du cinéma. Il y a eu le remake très sympa de 1976. Un autre remake par Peter Jackson est sorti en 2005. On l’a aussi vu aux côtés de monstres nippons dans des films de la Toho (dont un certain King Kong contre Godzilla). Si l’on ajoute à cela les parodies, copies, BDs, romans, jeux, où King Kong est soit explicitement nommé soit référencé sans le nommer, on peut dire qu’on tient là un pan de la culture populaire qui tient depuis bientôt un siècle quand même. Alors quand débarque ce nouveau remake cette année, on a de grandes attentes. Et honnêtement je dois dire que j’ai été un peu déçu.
Ici on a des scientifiques qui découvrent une île inexplorée. On se situe à la fin de la guerre du Vietnam et une escadre de combattants va les accompagner sur l’île « au cas où ». Mais l’île cache son lot de créatures bien méchantes (et géantes), dont King Kong n’est pas le moins sympathique. Très vite, le tout va tourner à la baston, et à l’affrontement obsessionnel. Action à tout va, un chouilla de tentative d’émotion. Certes on a des scènes bine épiques, certes on retrouve ce traitement de la bestialité et de la nature. Mais au final, le film est surtout une grosse série de bastons et un déploiement d’effets spéciaux numériques. Bon alors oui on a de magnifiques décors et des plans très réussis, très jolis, de belles couleurs, mais il y a un too much de CGI qui supplantent le fond du film. Même Kong ne passe pas trop pour moi ; il a bien une tête et des poils de singe, mais sa posture, ses attitudes, sa manière de se battre ou d’utiliser les objets, sont bien trop humaines pour moi ; il y a un manque de crédibilité (oui même pour un film fantastique), un je ne sais quoi qui ne tient pas la route là.
Alors il faut voir le film pour ce qu’il est, à savoir un truc qui se place dans le nouveau « monsterverse » de Legendary Pictures entamé avec le fort sympathique Godzilla de Gareth Edwards. Leur but est de la jouer « Marvel Cinematic Universe » et autres « DC cinematic Universe » en proposant divers films de monstres situés dans le même univers et étant destinés à se rencontrer ; oui, il y a bien un film annoncé avec ce King Kong et ce Godzilla, et d’autres monstres tout gros vilains pas beaux. Ici, le fil conducteur est l’agence Monarch qui s’occupe justement d’étudier ces grosses bestioles. Du coup, je ne sais pas si c’est le côté « film de commande pour entrer dans cet univers » ou pas, mais il y a dans ce Skull Island quelque chose qui ne me plaît pas trop. Peut-être aussi l’aspect trop « film de guerre » et les références aux films sur la guerre du Vietnam ; certes, l’époque et les personnages s’y prêtent mais là c’est too much.
Le réalisateur Jordan Vogt-Roberts n’a pas grand-chose à son actif, et pourtant il s’est retrouvé aux commandes d’un gros blockbuster très cher avec de grosses stars ; du coup reconnaissons quand même qu’il s’en sort plutôt bien. Comme je l’ai dit plus haut, on a pas mal de jolis plans, et la réalisation est plutôt bonne ; c’est davantage le scénario qui ne me plaît guère. Devant la caméra, on retrouve des noms forts agréables comme Tom Hiddleston (Le Loki de chez Marvel, Crimson Peak,…), Samuel L Jackson (je vais pas vous refaire la liste), JohnC Reily, ou encore John Goodman (Atomic Blonde, 10 Cloverfield Lane, Monuments Men, The Big Lebowski, etc.). Alors ouais là franchement ça en jette. Rajoutons encore Jing Tian, Corey Hawkins, Brie Larson, ou Toby Kebbel, et on obtient une jolie brochette d’acteurs.
Un film qui me laisse sur ma faim donc. On est davantage dans le film de guerre que dans le film de Kong. Et il manque dans le mythe ce conflit avec le monde moderne que l’on a à chaque fois que Kong est ramené dans une grande ville. Il n’est pas mauvais, c’est un sympathique blockbuster, mais sans plus.