Je vous avais déjà dit tout le bien que je pensais de la plume de Jean-Philippe Jaworski dans mon billet sur Janua Vera, son recueil de nouvelles relatant diverses histoires dans son univers imaginaire du Vieux Royaume. Et bien ce n’était qu’une mise en bouche puisque la suite est arrivée sous le titre de Gagner la guerre, un imposant (1’000 pages en poche, à une vache près) roman prenant et trépidant qui mêle action, coups fourrés, manipulations politiques, bastons, poursuites et tractations en suivant les pas de don Benvenuto Gesufal, héros de l’une de mes nouvelles préférées de Janua Vera (« Mauvaise donne »). Après cette lecture passionnante, les conclusions sont un peu les mêmes que pour le recueil, mais décuplées. Un récit passionnant, une intrigue très bien conçue, un univers crédible et solide extrêmement bien décrit, une écriture de très haut vol mais qui s’avère parfois difficile d’accès et nécessite une certaine culture pour être appréhendée, et malheureusement quelques clichés de la fantasy traditionnelle dont à mon avis l’univers aurait pu se passer pour garder tout son panache et ses particularismes. Mais ces défauts rapidement évoqués ne sont que peu de choses par rapport aux qualités du livre que je recommande chaudement. C’est un vrai régal, un livre qui se dévore et qui démontre que la fantasy française a droit à ses lettres de noblesse. On sort de la traditionnelle et malheureusement trop célèbre fantasy de bas-étage si chère à l’ami Bob.