Samedi avait lieu au Musée Suisse du jeu un « vernissage ludique », à savoir une occasion pour les éditeurs du coin de montrer au public local leurs nouveautés sorties peu ou prou pour la grande messe d’Essen. Différentes choses donc en présentation. J’ai pu jouer à certaines, en voir expliquer d’autres, regarder des parties (ben oui, en famille, cela implique que la petite n’a pas siesté tout le long et donc avec elle c’est sport de jouer). Et puis aussi discuter avec des gens, faire des rencontres. Le tout était animé par la toujours sympathique équipe de Ch’piil que l’on ne présente plus. Le gros défaut de cette journée fort agréable a été l’ajout de nouveaux produits sur my wish-list…
En introduction nous avons eu droit à une partie de Dr Shark, l’une des nouveautés de messieurs Cathala et Bauza, tout fraîchement sortie chez Hurrican. Excellente surprise que ce jeu, pour 2 à 6 joueurs (en individuel ou en équipe, on notera que ma femme et moi nous sommes fait écraser par Bruno et notre fils). Jeu présenté donc directement par l’auteur qui s’avère, en plus de son talent ludique, être une personne très sympathique. Dans ce jeu, chacun prend la position d’un agent secret (concurrent des autres) qui a pu se glisser au milieu de la fastueuse réception que le Dr Shark donne dans sa demeure. Afin de prouver que ce Dr Shark n’est pas juste un richissime excentrique, il va falloir accumuler des indices démontrant son rôle criminel majeur. Les indices (armes, billets de banque, déguisements, gadgets, etc) sont disséminés au fond d’une piscine dans laquelle nagent quelques requins. A son tour de jeu, chaque joueur décidera de plonger dans un coin précis de la piscine, ce qui signifie qu’il aura 3o secondes (le sablier représentant ce temps en apnée) pour fouiller les yeux fermés mais avec ses deux mains dans un sac rempli de pièces de puzzle. Ces pièces sont de formes, couleurs et textures variées (chaque couleur correspond à une forme en fait). En fonction du coin de piscine où il se trouve, le joueur cherchera des formes différentes, des textures différentes, des textes identiques, pourra s’amuser à regarder pour trouver une pièce précise ou en prendre une poignée. Après le nombre de tours requis (dépendant du nombre de joueurs), la partie s’arrête et on compte les points obtenus en reconstituant avec les pièces de puzzle des indices incriminant le Dr Shark. Des requins se mêlent à cela, dessinés sur certaines pièces et arrêtant votre tour en les tirant. Une erreur (par exemple deux fois la même texture quand on en cherche des différentes) et c’est aussi la fin du tour. Lorsque certains objets sont reconstitués, on peut aussi avoir un effet spécial, genre voler un indice chez un autre joueur par exemple. Le jeu est très sympa, fun, agréable. Ce système de reconnaissance au toucher change des habitudes ludiques que l’on a et c’est vraiment prenant. Le suspens avec le sablier rend nerveux et complique la recherche. En plus, le design très « film d’espions des 70’s » donne une touche vraiment agréable au tout, avec un jeu qui est donc en plus joli. Un grand bravo.
On a aussi pu tâter de Bonbons, un petit jeu sorti chez Game Works. Un habillage tout en douceur et pastel pour cette variation très agréable sur le thème du Memory. Chaque joueur a devant lui une série de ronds face cachée avec des bonbons divers dessus. Les 36 tuiles carrées représentant les mêmes bonbons sont disposés en carré face cachée aussi. A son tour, un joueur retourne une carte carrée. Puis une des siennes ou d’un autre joueur. Si il retourne le même bonbon chez lui et sur le plateau, il laisse les cartes à l’endroit. Le but est bien évidemment d’être le premier à avoir retourné toutes ses cartes rondes. Si il retourne une paire chez un adversaire, il lui prend cette carte et la garde à l’endroit ; en lui donnant alors l’une des siennes encore à l’envers. On peut aussi tomber dans les cartes carrées sur des malus qui nous font prendre un rond supplémentaire. On peut aussi tomber sur des pièces d’argent (et si on les trouve les 3, on peut retourner un bonbon encore caché). Le jeu repose sur son design vraiment agréable, prenant en compte qu’il y a tout un jeu de formes et de couleurs pour que les bonbons se ressemblent bien entendu (sinon c’est trop facile). Une mécanique simple et éprouvée (le fameux Memory que tout le monde connaît), remise au goût du jour et avec quelques ajouts pimentant le tout. Ça fonctionne et ça se laisse goûter comme un bonne sucrerie ; et on en redemande. J’ai beaucoup aimé aussi.
Autre grosse réussite qui m’a bien fait flasher, aussi chez Hurrican, c’est Sidibaba. On a ici un groupe de voleurs s’aventurant dans une grotte afin de trouver le grand trésor qui y repose. Si en plus ils trouvent de plus petits en route, c’est tout bénéf. Ces voleurs s’avancent ensemble dans les grottes et vont tenter de travailler ensemble pour en sortir avant que leurs torches ne soient toutes épuisées. Et en plus ils vont tenter de s’approprier chacun un max d’objets de valeur afin de remporter la partie. On a donc droit à un jeu semi-coopératif. En plus, l’un des joueurs va être différent et prendre le rôle dédié à l’ordinateur dans les anciens jeux vidéos d’exploration de donjons. Parce que c’est un peu l’aspect que le jeu va prendre. Ce meneur de jeu va regarder le labyrinthe derrière un écran et présenter aux joueurs une carte leur permettant de visualiser le couloir devant eux et s’ils peuvent tourner ou pas, etc. Et visuellement on se retrouve un peu (pixels en moins et interaction en plus) dans ce style de jeux vidéo. Dès lors, les joueurs ont le temps limité (sablier) de leur torche pour discuter, prendre des décisions, se mettre d’accord sur où aller etc. Et qui mettre devant aussi, etc. Et puis en trouvant un trésor, il y a des trucs plus ou moins intéressants dedans et c’est le premier de la file qui choisit en premier. Bref un coopératif plein de coups de pute. Stressant, parce que le temps limité sert à trouver le trésor et ressortir. Il y a en plus le chef des voleurs qui se balade dans ce labyrinthe. Il y a un petit côté jeu de rôle pas déplaisant. Franchement bon, bravo là aussi!
On a pu tester Tschak! aussi, chez Game Works. Ici on est un groupe d’aventuriers explorant un donjon. A partir de combinaisons de cartes aux valeurs variées, il faut tenter d’obtenir un maximum de trésors et un minimum de monstres. A chaque étage du donjon, on a un monstre (points négatifs) et un trésor (points positifs). On va poser tous ensemble des cartes. Et avec la combinaison de 3 cartes, le score le plus élevé prend le trésor et le plus faible le monstre. Intéressant car on combine divers types de cartes (mages, guerriers et nains, avec en plus des artefacts) qui induisent des tactiques. On voit aussi le contenu de 3 étages du donjon à la fois, donc on peut prévoir si on veut garder des cartes pour tel ou tel trésor. De plus, le jeu se joue en 4 manches, et à chaque fois on garde la même distribution de cartes mais que l’on fait passer à on voisin. Chacun se bat donc avec les mêmes armes, il suffit d’en faire un meilleur usage que les autres. Simple et accessible, ce jeu est sympathique et dispose d’une esthétique agréable, avec des cartes très humoristiques bourrées de références de la culture geek. Il reste quand même celui qui m’a le moins plu des 4 jeux testés.
L’éditeur Helvetiq était présent lui aussi pour présenter ses deux nouveautés, après le succès de leur jeu éponyme. Jeux que je n’ai pas testé, n’étant pas plus motivé que cela. Il y avait Cantuun, un jeu de questions-réponses sur les cantons suisses et leurs spécificités. Et aussi Pictolingua, un jeu mettant en évidence la diversité linguistique de notre pays au travers d’une sorte de loto à vocabulaire multilingue. Toujours un beau boulot de leur part quand même.
A noter encore en parallèle de cela, 3 jeux présentés par le Musée en lui-même, associé à une société spécialisée dans la conception d’objets en pierre. Ils ont travaillé à reprendre des règles de jeux anciens et à reconstituer les plateaux style d’époque pour les sortir en jeux actuels. Cela donne de biens beaux résultats pour des jeux moins figuratifs et thématiques, mais en général très efficaces. Et puis du coup j’ai pu voir le directeur du musée présenter des fac simile d’ouvrages anciens dans lesquels ces jeux sont représentés et expliqués ; épatant.
Les fiches tric Trac des jeux : Dr Shark, Bonbons, Sidibaba, Tschak!. (pas trouvé les deux nouveaux jeux de Helvetiq)