Comme l’indique son titre, la série Gotham se déroule dans l’univers de DC Comics, dans la célèbre ville du non moins célèbre justicier qui se prend pour une chauve-souris. Oui mais on s’y trouve bien des années avant ses activités, puisque l’événement déclencheur de la série est le meurtre de Thomas et Marta Wayne ; sauf qu’au lieu de l’ellipse temporelle nous renvoyant à Batman, on va vivre à cette époque. La série va suivre les pas du jeune James Gordon fraîchement arrivé, attitré à un coéquipier qui a de la bouteille et connaît la corruption locale. En parallèle, on va suivre les évolutions subtiles du monde de la pègre, avec des Falcone ou Cobblepot. On va retrouver les futurs Catwoman, Double Face, Pingouin, Poison Ivy et d’autres. L’histoire prend ici ses libertés avec les versions de DC Comics mais restitue une ambiance qui, à mon avis de lecteur pas ultra connaisseur, rend bien le Gotham-style. Luttes de pouvoirs, coups dans le dos, corruption à tous les étages, retournements de vestes, trahisons, mensonges, tous les éléments sont là. Et on se retrouve plongés dans une sorte de thriller, une série policière très sympathique dans une ambiance noire, et qui nous fait rencontrer dans leur jeunesse des personnages pour la plupart bien connus. Ce parti pris détonne dans l’alignée de films/séries de super-héros que l’on a ces temps, et tant mieux.
Franchement on a là une bonne série. La réalisation agréable donne une bonne ambiance de polar, de série noire, avec l’omniprésence de Gotham comme entité supérieure manipulatrice. Dans ce contexte, aucun personnage n’est tout blanc ou tout noir, chacun a ses bons et ses mauvais côtés, y compris le jeune Bruce Wayne, le fidèle Alfred ou le fringuant et héroïque James Gordon. Cette ambivalence de chacun rend le tout solide et agréable. La galerie des personnages est soutenue par des acteurs qui s’en sortent très bien. Quelques mentions spéciales pour ceux qui m’ont vraiment marqués : Oswald Cobblepot (Robin L Taylor) est absolument grandiose, Alfred (Sean Pertwee) s’avère une bonne surprise avec pas mal de profondeur, la petite Selina Kyle (Camren Bicondova) est à croquer, Gordon (Benjamin MacKenzie) et son partenaire Bullock (Donal Logue) sont vraiment solides, le jeune Bruce Wayne (David Mazouz) est assez incroyable, et Edward Nygma (Corey Michael Smith) est intriguant à souhait. Un casting à la hauteur pour poser des personnages hauts en couleurs donc.
La série donne vraiment une grande place aux luttes de pouvoir au sein de la pègre, des éléments qui détermineront donc l’avenir de la ville et la place des différents adversaires de Batman bien des années plus tard ; le final de la saison est d’ailleurs assez emblématique en ce sens. Prise sans son contexte des comics, Gotham peut aussi se voir comme « juste » une bonne série noire. Au final, c’est donc une bonne série bien prenante et bien foutue qui nous plonge dans une ambiance sombre très bien rendue. J’aime.