A Cure for Wellness

Dès les premières communications à son sujet, ce film m’a fait envie. La bande-annonce m’a vraiment plu. Je n’ai pas eu l’occasion d’aller le voir au cinéma, et j’ai pris le temps de le regarder confortablement à la maison. Au passage, on ne rira pas de la « traduction » du titre qui est donc devenu « A Cure for Life » dans la langue de par chez nous, si si ; en français donc, oui, j’ai pas bien compris le concept.

On y suit un employé particulièrement ambitieux d’une société financière de New-York envoyé en Suisse pour y retrouver l’un des directeurs de la société se la coulant douce dans un sanatorium. Perdu au fin fond des montagnes grisonnes, il va se retrouver dans un lieu étrange, entouré de gens bizarres, pris au sein d’une sorte de complot tordu. Le tout sous le coup de visions et d’hallucinations… à moins que ce ne soient des trucs bizarres qui se passent en vrai.

Bon, il faut dire une chose, le film est visuellement splendide. Une vraie claque qui en envoie plein les mirettes. Les plans qui envoient du bois se succèdent quasiment sans cesse. Gore Verbinski (les trois premiers Pirates des Caraïbes, Lone Ranger,…) sait manier une caméra. Les angles, les lumières, les cadrages, c’est énorme. Le tout rend ainsi une ambiance décalée, irréelle, onirique. Ces plans si précis et travaillés sont surtout là dans et autour du sanatorium. Les flashbacks à New-York ou les passages dans le village sont nettement moins grandioses, ce qui aide à poser l’ambiance si particulière de l’endroit, à le faire sortir du monde réel. Tout est super étudié pour nous faire douter aussi… réalité, folie, hallucination, effets de drogues, le doute est maintenu pendant un bon moment. D’autant qu’il y a dans le truc un fort côté « Shutter Island » qui nous dit que l’on doit douter de ce que le héros perçoit.

Par contre, le film souffre d’un défaut de rythme. Il est assez long (quasi 2h30 quand même), et il a de vraies longueurs par moments. Des scènes et des plans qui s’éternisent sans apporter grand chose (voire rien du tout). C’est clair que pour la beauté de l’image c’est bien, mais ça a tendance à casser un peu le truc. Là où la beauté des plans et le scénario tordu rendent le film bien prenant en plongeant le spectateur dans le film, ces cassures de rythme nous renvoient hors de l’écran. Il aurait mérité un peu plus de sabrage au montage à mon avis.

Le film est emmené par Dane DeHaan (The Amazing Spiderman ou le récent mais à l’air navrant Valerian de Besson), héros présent dans quasi chaque scène, basculant petit à petit vers une perte de raison au fur et à mesure qu’il se voit confronté à des éléments bizarres ; une belle interprétation pour un personnage torturé et tiraillé. Jason Isaacs (Fury, The OA, ou le très bon Lucius Mallefoy de Harry Potter) à ses côtés interprète le directeur passionné de progrès scientifiques ; il rend très bien ce personnage si souriant et pourtant si antipathique. Les autres interprétations sont nettement plus plates et moins intéressantes, y compris le premier rôle féminin qui ne m’a guère touché malgré sa destinée tragique.

Alors qu’une grande partie du film navigue dans le bizarre, dans le démêlage lent de fils, dans les mythes, les histoires bizarres et le doute, le dernier acte vire dans une explication qui va de but en blanc, directe. On passe direct la quatrième vitesse pour expédier le truc de manière quelque peu facile. On n’est pas à la hauteur de l’attente qui aura été volontairement construite pendant le reste du long-métrage. Et c’est bien dommage. On a un petit goût de « tout ça pour ça » en arrivant à la fin. D’autant que la morale rabâchée à de multiples reprises et assénée dans la toute dernière scène n’a rien de vraiment transcendant…

Le film a de très bonnes idées, il repose sur une ambiance vraiment incroyable rendue par des plans superbes. Il est magistralement mis en image. Mais il n’est pas exempt de ces quelques défauts qui laissent une petite déception quand même. Frustration même. Et pourtant j’ai passé un très bon moment devant mon écran. En regrettant de ne pas avoir vu certaines scènes sur grand écran (le train qui entre dans le tunnel, le dialogue au bord de la fontaine, par exemple).

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