The Terror

Ah ben voilà un bouquin qui m’aura duré longtemps ; je pense avoir rarement mis aussi long pour arriver au bout d’un livre. certes, c’est un gros pavé de plus de 900 pages, mais ce n’est pas un problème en soi. Déjà j’avais mon mémoire en cours, et donc d’autres lectures à faire, ainsi qu’un esprit passablement occupé. Et puis d’autre part il a quand même pas mal de chapitres où il me tombait des mains, ce qui est bien dommage ; mais je reviendrai là-dessus plus tard.

Basé sur l’histoire vraie de l’expédition Franklin, The Terror prend le parti d’imaginer ce qui a pu arriver en y mêlant sa dose de fantastique. L’expédition avait pour but de trouver le passage du Nord-Ouest reliant l’Atlantique et le Pacifique par le grand nord arctique ; elle est partie d’Angleterre en 1845 et comprenait deux navires spécialement adaptés pour ces conditions de navigation extrêmes : l’Erebus et le Terror. Les membres de l’expédition sont tous morts après que leurs navires aient été coincés par les glaces. Froid, famine, maladie, même cannibalisme… les ossements retrouvés permettent de déterminer certaines causes. Dan Simmons a repris cette base, et décrit les aventures de ces marins de l’extrême. Le premier chapitre nous met tout de suite dans la situation des navires coincés, du froid plus que prenant, des terribles conditions, du vent, de la neige, de l’obscurité… et de ce terrible monstre rôdant autour et qui a tendance à massacrer tranquillement les membres d’équipage. Ah ben oui, tout de suite ça met la pression. Et là on a l’impression de tenir un bijou si le tout est à l’avenant.Dan Simmons a fait un énorme travail de recherche et ça se voit. Que ce soit au niveau de l’expédition (ses membres, les conditions, le matériel et tout), de la glace (les différentes formes de glace, ses mouvements, les conditions), des inuits (traditions, langue, et tout le toutim), du vocabulaire maritime, etc. Tout est super solide et du coup c’est très dense. Je l’ai lu en VO et je dois bien avouer qu’il y a pas mal de mots qui m’ont freiné ; bon, le contexte permet toujours de s’en sortir, mais c’est quand même assez sport. Le hic c’est surtout que Simmons veut du coup étaler sa culture et dévoiler l’étendue de ses connaissances sur le sujet. Pendant les deux premiers tiers du bouquin, on alterne entre les scènes « actuelles » de l’expédition avec la progression dans l’horreur et le désespoir, et d’un autre côté des flashbacks sur la vie des membres d’équipage qui n’apportent juste rien à l’histoire ; mais alors rien de chez rien pour la plupart. Par contre on voit que l’auteur s’est documenté, c’est certain. Et c’est là que le bouquin me tombait des mains. On peut donc enchaîner de superbes scènes hyper prenantes, denses, au suspens génial, puis avoir des trucs longs comme le bras mais plats et inutiles. Le bouquin aurait pu à mon avis être un tiers plus court et aller plus à l’essentiel, il y aurait gagné en force. Ici on perd de chapitre en chapitre la puissance, la tension, de la situation de l’expédition. Et c’est bien dommage parce qu’il y a toute une série de scènes vraiment très fortes (la poursuite dans les mâts, le carnaval, la cache en embusacde, etc.) qui sont juste coupées dans leur élan. Ces coupures ne permettent pas de respirer, mais au contraire font retomber le soufflé, et c’est bien dommage. Parce que des choses bien décrites il y en a des tas. J’ai commencé à lire ce bouquin en vacances au bord de la mer cet été, et bien j’en avais presque froid tellement cet aspect est bien amené. Le suspens est prenant, on veut savoir ce qui se passe, on est tendu dans les scènes où le monstre apparaît, on est désespéré avec l’équipage quand la faim ou la maladie gagne du terrain… et paf on se retrouve coupé dans l’élan.

Le dernier tiers est lui beaucoup plus direct. Adieu les flashbacks inutiles! cette partie trace la route, garde la tension. On sait bien comment tout cela finit puisque c’est basé sur uns histoire vraie, mais le suspens est bien là. Et paf on arrive à une conclusion trop rapide, une explication du monstre qui aurait mieux fait de ne pas exister, et un épilogue plat comme une crêpe. Autant j’ai pu frissonner avec ces personnages au sein des excellentes scènes, autant ce final me laisse particulièrement froid, avec ce goût d’inachevé, ce sentiment qu’il y manque quelque chose.

Du coup je suis super tiraillé. J’ai beaucoup aimé nombre de passages de ce livre. Et en même temps il m’est plusieurs fois tombé des mains. Trop long pour ce qu’il raconte, il tire malheureusement en longueur sur des trucs inutiles. L’auteur devrait se rappeler qu’il raconte une histoire, qu’il ne fait pas un compte-rendu de recherches historiques. Je le conseille quand même, pour ses bons moments qui sont vraiment magistraux, mais vous êtes prévenus. Dommage, de la part de Dan Simmons, un auteur dont j’avais de meilleurs souvenirs.

13 réflexions sur « The Terror »

  1. Il y a un truc bizarre avec ton flux RSS: le dernier article qui apparaît dedans date d’avril 2012 (c’est le lien « Abonnez-vous » sur la page).

  2. Y’a peut-être de ça… En même temps j’avais adoré L’Echiquier du Mal quand j’étais ado ; je serais peut-être plus dur maintenant. Par contre je pense qu’Hyperion reste bon, lui.

  3. Hypérion reste sont chef d’œuvre, mais « Nuit d’été » et sa suite, « Le chant de Kali », « Ilium » et « Olympos » sont pas mal du tout

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