Retour encore une fois fracassant de James Bond, toujours sous les traits de Daniel Craig et toujours devant la caméra de Sam Mendes (déjà aux manettes de Skyfall). On est ici à nouveau dans du Bond pur jus avec tous les éléments qui en sont la marque de fabrique, que l’on aime ou pas. Et dès la scène d’ouverture, le cocktail est là… C’est dans un impressionnant plan-séquence qui envoie du bois au milieu du Jour des Morts à Mexico que prend place un savant mélange d’action, de grande classe, de séduction, et d’un zeste d’humour. Très bonne entrée en matière permettant de se lancer ensuite dans le sujet à fond. On va donc se retrouver mêlés à une terrible conspiration menaçant de mettre à genoux le monde libre. Bien évidemment, Bond ne va pas suivre les chemins balisés, et le spectateur va être emmené de cascade impressionnante en gun-fight nourri avec un menu déroulant son lot de bagarres, de poursuites, de classe anglaise (Daniel Craig en jette pas mal, je dois dire), de séduction (étonnamment prude à l’image), de touches d’humour, de révélations et de retournements de situations. C’est du Bond quoi, on a droit au plan super tordu du grand méchant (y’a pas à dire, Christopher Waltz est un tout bon acteur, même si je le trouve sous-utilisé ici), aux scènes et réactions complètement improbables, aux ellipses scénaristiques pour passer d’une scène d’action à l’autre, aux babes (Léa Seydoux est fort agréable malgré quelques soucis de direction d’actrice, mais dommage du peu pour Monica Belluci), et aux gros bras de service (fort sympathique Dave Bautista).
Par contre, il faut relever un petit élément… A l’époque, tu prenais n’importe quel Bond, tu pouvais le regarder tranquillou sans te prendre la tête. Pour regarder Spectre en toute connaissance de cause et en comprendre les tenants et aboutissants, tu es obligé d’avoir bien en tête toute la série depuis l’arrivée de Daniel Craig (Casino Royale, Quantum of Solace et Skyfall). Spectre boucle la boucle de cette série en liant le tout et en reprenant des éléments dans tous les sens. Alors certes tous ces éléments d’intrigue donnent de la profondeur aux personnages, donnent de l’épaisseur et de l’intensité dramatique, mais cela nécessite une certaine gymnastique intellectuelle (et franchement, je les ai pas revus récemment, et j’ai un peu ramé par moments pour recoller les morceaux, les noms et les références).
Autre point un peu lourd, mais inhérent à Bond depuis une petite pelletée d’années : le placement de produits. C’est assez lourd en fait. Avec en plus les pubs des principaux sponsors juste avant le film qui te révèlent des scènes importantes, yeah. Alors oui Bond n’est pas le seul à faire du placement de produit et de l’affichage de marque éhonté, mais je me permets un petit coup de gueule parce que franchement c’est trop visible.
Allez on revient au positif… Ce film peut se targuer de jolies scènes d’action. J’ai eu un peu peur avec le début du plan séquence d’ouverture d’avoir encore une fois un cadreur parkinsonien comme c’est devenu la mode dans beaucoup de blockbusters ; mais finalement non, la suite s’est bien rattrapée et les scènes d’action sont bien maîtrisées, les poursuites sont impressionnantes, et on a de jolis moments épiques. Exactement ce que l’on demande à ce genre de film. Ajoutons une brochette de seconds rôles forts agréables ; j’ai déjà parlé des Bond girls ci-dessus, mais je dois dire que je suis impressionné par Naomie Harris en Moneypenny (le personnage gagne une profondeur jamais rencontrée et démontre une vraie personnalité), Ben Whishaw en Q (un rôle si difficile après l’incontournable Desmond Llewelyn mais auquel le jeune acteur a su donner un nouveau souffle moderne), Ralph Fiennes en M, et bien entendu Andrew Scott en C (oui, le génial Moriarty de la série Sherlock).
Bref, ce 007 Spectre c’est du James Bond. Avec ses qualités et ses défauts. On modernise les choses, on implante tout cela dans l’époque actuelle (à fond même puisque l’on est en plein dans la question de la surveillance généralisée et de la guerre par drones). Mais le fond reste là, et c’est ce que l’on attend du film. Alors si on apprécie le genre, autant ne pas bouder son plaisir et aller le voir, parce que tout y est. James reste James…