L’autre jour je me suis posé devant ce biopic sur Alan Turing, un scientifique du siècle passé au nom souvent trop méconnu et qui a pourtant pas mal bouleversé les choses. C’est un des pères de l’informatique et l’un des précurseurs dans la création d’ordinateurs, sans même parler des premières réflexions sur l’intelligence artificielle (d’ailleurs, on utilise toujours le fameux test de Turing). Loin de raconter toute sa vie, ce film se penche essentiellement sur son activité pendant la Seconde Guerre Mondiale, où il a travaillé à casser le code de la machine Enigma utilisée par les Nazis pour communiquer ; sa réussite dans ce domaine a semble-t-il permis de réduire considérablement la durée de ce conflit. On parle aussi un peu de son enfance, de son incapacité à bien comprendre les autres, de son homosexualité, et des conséquences fâcheuses de celle-ci.
J’ai regardé deux-trois articles vite fait et il faut dire que ce biopic semble prendre quand même pas mal de libertés avec la réalité. Certes c’est un film et non un manuel d’histoire mais je pense que le public ferait bien de lire au moins la page wikipedia pour ne pas garder trop de fausses idées ; ne serait-ce que sur le rôle un peu trop central donné à Turing. Certes c’était un génie et il a apporté beaucoup, mais le travail sur Enigma a regroupé bien plus de forces sur bien plus d’années.
Malgré cela (ou peut-être à cause de cela), le film s’avère très plaisant. Il donne un joli contexte et rend bien cette sensation de course contre la montre. J’ai trouvé par contre un peu caricatural le personnage de Turing, trop orienté « génie Asperger asocial surdoué qui sauve le monde » ; d’ailleurs l’interprétation du très bon Bendict Cumberbatch insiste pas mal dans ce sens, se rapprochant souvent beaucoup de ce qu’il fait dans Sherlock. J’aime beaucoup cet acteur, mais là je trouve qu’il s’auto-cite un peu trop (tel le Johnny Depp moyen dans Pirates des Caraïbes). A ses côtés, on a Keira Knightley (puisque je viens de parler de Pirates des Caraïbes) qui fait le job standard, sans plus ni moins. Les interprétations de Charles Dance (Game of Thrones, Alien3) et Mark Strong (Kingsman, Kick Ass) m’ont davantage convaincu. La réalisation de Morten Tyldum est bien posée, sans fioritures, on reproduit une époque terrible de guerre et des images d’archives permettent d’ancrer le film dans une époque.
Un film agréable, qui rend hommage au travail d’un génie longtemps oublié, mais qui mérite qu’on remette malgré tout en cause les événements présentés. Il est essentiellement porté par la prestation comme toujours réussie de Cumberbatch.