Et voilà, première saison de Mindhunter terminée. Et c’était bon.
La série se base sur les écrits d’un agent du FBI qui a lancé dans les années 70 les études du comportement sur ces « nouveaux tueurs » sévissant aux Etats-Unis afin d’établir des profils. Oui on a là la base des profilers, du terme « tueur en série », et de tout ce qui fait les séries policières modernes. Sauf qu’ici on se base sur la réalité, même si cette dernière est romancée pour que le tout soit plus agréable à regarder. On va suivre les pas d’un jeune agent aux dents longues persuadé de pouvoir trouver quelque chose en interrogeant des tueurs incarcérés, faisant équipe avec un ancien vieux de la vieille qui traverse le pays pour former les flics locaux aux techniques du FBI. L’un rencontre une jeune femme et entame une première relation sérieuse, l’autre a une vie de famille établie, sans qu’aucune de ces deux histoires ne soit simple, et ces vies privées se verront fortement impactées par le travail de ces hommes. L’équipe sera complétée par une chercheuse en psychologie dont la vie privée sera aussi marquée par son travail dans ce domaine. Ces trois personnages sont basés sur des personnes réelles. Au fil des 10 épisodes, on va suivre ce qui sera au début une vague tâche filée à deux emmerdeurs recalés dans les sous-sols, et qui attirera l’attention de quelques financiers bienvenus, tout en sachant l’importance que ces études ont sur les techniques d’enquête actuelles.
Lancée par David Fincher (Alien 3, Seven, The Game, Fight Club, Benjamin Button, The Social Network,…) producteur, mais aussi réalisateur de quatre épisodes, la série est écrite par Joe Penhall. Elle s’inspire de personnages réels, aussi bien au niveau des trois porteurs de ce projet, mais aussi au niveau des tueurs qu’ils vont rencontrer en prison. Au fur et à mesure de ces rencontres, les agents vont découvrir des personnages troubles, flippants, ils vont plonger au cœur de l’horreur dont l’Humanité est capable. Et s’ils aident les forces de police locales sur quelques cas au passage, ce sont bien plus les entretiens qui vont aux tréfonds du mal, avec ces types présentant les raisons et conditions de leurs agissements. Glaçant. La série surfe peu sur le visuel et le choc des images, même s’il y a des trucs bien glauques à voir ; ce n’est pas là son fond de commerce. On se penche ici vraiment sur la psychologie des tueurs, des types bien flippants comme Ed Kemper, Jerry Brudos, ou Richard Speck.
Avec sa réalisation froide, carrée, et maîtrisée, la série offre une grande qualité esthétique. Centrée sur des discussions, des interviews, il fallait arriver à rendre cela passionnant, intéressant. Il y a peu d’action réelle, l’essentiel se jouant sur les relations entre les personnages. Déjà entre les deux agents, superbement interprétés par Jonathan Groff (à qui l’on pourra reprocher uniquement de trop ressembler à Macron) et Holt McCallany, deux tempéraments différents qui vont former un duo très fort. Rejoints par Anna Torv (Fringe), elle aussi très convaincante, le trio va devenir une vraie machine avec ses roulements et ses engrenages. Et je retiens aussi les interprétations incroyables des serials killers, et tout particulièrement Cameron Britton en Kemper qui fait froid dans le dos (en plus il ressemble vraiment au vrai Kemper).
Une excellente série, très bien foutue, qui permet de se pencher dans l’histoire vraie derrière tous les profilers qui envahissent nos séries maintenant. Passionnant, prenant, tendu, et sans esbroufe. Une vraie réussite.