2020. L’Humanité a été quasi décimée par des monstres étranges sortis d’on ne sait où. Rapides, agiles, forts, mais aveugles, ces créatures attaquent les sources de bruit. Les survivants ont donc appris à vivre en silence. On suit une famille qui se reconstruit suite à un événement tragique, planquée dans une ferme où ils ont organisé une vie qui fonctionne. Adeptes du langage des signes vu que leur fille est sourde, précautionneux, attentifs, ils font de leur mieux pour ne pas être détectés par les créatures qui rôdent ; le tout dans une tension permanente. L’arrivée prochaine d’un bébé risque de troubler quelque peu cette existence.
Le réalisateur et co-scénariste John Krasinski frappe un grand coup avec son deuxième long-métrage. Il réussit ce tour de force de nous faire rentrer à fond dans ce film quasi sans dialogues parlés (il y a beaucoup de langage des signes par contre), où les bruits sont restreints au maximum, ce qui n’est pas simple. Utilisant quand c’est nécessaire des bruitages et une musique bien choisis, il pose une ambiance très forte. On se sent vite pris là-dedans avec une folle envie de rester « Sans un bruit » (le bien choisi titre en vf) devant l’écran. La tension est quasi permanente (juste cette scène de respiration à la chute d’eau), et le spectateur est entraîné dans ce monde post-apocalyptique où l’on suit les pas d’une cellule familiale avec ses difficultés (ne serait-ce que le fait que la fille soit ado, mais aussi et surtout ce lourd événement qui les a tous marqués). Et la famille, c’est quelque chose de fort. Avec la future arrivée d’un bébé, le spectateur ne peut qu’imaginer les bruits qui arriveront, et donc les réactions des créatures. On est aussi plongés dans le truc car on sait ce que la famille sait (articles de journaux et recherches sur les forces et faiblesses des créatures) mais surtout on n’en sait pas plus qu’eux (aucune explication sur l’origine des créatures). On en reste à cette cellule familiale, avec leurs liens forts et intenses. On n’est pas dans le film d’invasion à gros budget filmant toute l’Amérique aux proies avec des monstres enragés, non ici on fait dans le petit, mais surtout dans ce qui touche le plus. Quoi de plus profond que l’amour au sein d’une famille? Et jusqu’où aller pour protéger sa famille? C’est très fort et super bien amené.
John Krasinski se met en scène dans le rôle du père, le chef de famille prêt à tout pour que ceux qui l’entourent survivent, qui a développé leur arsenal de techniques. Dans le rôle de sa femme, il fait tourner son épouse dans la vraie vie, Emily Blunt (Looper, Edge of Tomorrow, Sicario, …). Leur fille est incarnée par la réellement sourde dans la vraie vie Millicent Simmonds, touchante. Quant au fils, c’est Noah Jupe qui en prend les commandes. Ces quatre acteurs sont incroyables. Le couple a une vraie dynamique, un amour allant au-delà des mots, des échanges de tendresse très forts. Un couple dans la vraie vie, une actrice sourde, on a des éléments donnant de la crédibilité, du solide.
Le film est vraiment très fort. Un ou deux passages un chouilla gores certes. Des monstres pas beaux à voir. Mais sinon il repose surtout sur les relations au sein de la famille, sur leur vie, et sur la tension et l’ambiance générale. Une tension permanente qui guide la vie de ces personnes depuis que les créatures sont là. Un truc tellement bien intégré que l’on se retient de hurler même lors des pires douleurs. Un film qui ne joue pas sur la démesure ou le grand spectacle, qui s’arrête de manière très juste avant de virer au gros truc bourrin, et qui touche juste. Très juste. Une très bonne réussite.
Une réflexion sur « A Quiet Place »