Pour une fois, je ne vous parlerai pas d’un roman ou recueil de nouvelles. Non, cette fois c’est un livre autrement plus « sérieux » qui se présente comme une sorte d’essai sur le statut d’auteur de jeux de société, et par conséquent le statut du jeu de société. Bon, il y a un sacré parti pris puisque l’auteur du livre (Michel Lalet) est lui-même auteur de jeux (entre autres co-auteur du fameux Abalone) et accompagne pas mal d’auteurs qui cherchent à améliorer/développer leurs créations ludiques. Il a aussi une jolie érudition dans le domaine.
Le livre s’avère passionnant, sans doute davantage pour qui s’intéresse de près à la chose ludique (ce qui est mon cas). On y trouve des éléments recadrant le jeu de société dans l’histoire et la culture, en particulier. On essaye de voir s’il peut être ou non défini comme un objet culturel. On parle de sa place économique. On y parle du coup de la place de l’auteur de jeux, comme créateur de contenu culturel/économique du coup, avec d’intéressants parallèles avec les arts plus traditionnels/classiques. Réflexion très intéressante sur où se situe la ligne définissant une création artistique. J’ai aussi bien aimé les réflexions liant des types de jeux aux cultures, aux spécificités régionales. Celles aussi sur les médias et leurs priorités. Le tout accompagné de plusieurs exemples concrets, d’expériences, d’anecdotes justificatives et explicatives.
164 pages qui en font un livre peu épais mais regorgeant de choses très intéressantes donc. On peut ne pas être d’accord avec tout ; d’ailleurs son classement très subjectif des types de jeux qu’il aime ou pas, en prenant de haut certains styles, ne m’a guère convaincu. Mais sur les faits, sur les réflexions, et finalement l’immense majorité du bouquin, il y a de la matière pour (re)donner ses lettres de noblesse à un type de création bien particulier qui remonte à très longtemps et mériterait une autre place, une autre reconnaissance : le jeu de société.
Bref, un livre de passionné pour les passionnés (sorti chez Ilinx, petit éditeur ultra spécialisé), qui peut nous aider à débroussailler un peu la voie en vue d’une meilleure reconnaissance de notre passion et de ses acteurs.