J’ai lu et entendu pas mal de choses sur ce film de 2015, du coup j’ai enfin pris le temps de le regarder. On se retrouve en Nouvelle-Angleterre en 1630. Un homme envoie balader son village car il les trouve pas suffisamment religieux, et il part avec sa femme et ses gamins construire une ferme loin de tout. Dans cette nature sauvage et dure, aux abords d’une sombre forêt, d’étranges événements vont se produire, à commencer par la disparition du bébé. Les suspicions vont naître, on y sent de la sorcellerie. Mais qui est la sorcière? Est-ce que quelqu’un dans cette famille si croyante porterait le mal?
Premier long-métrage de Robert Eggers, ce film notre une vraie maîtrise. En particulier, il repose sur une ambiance parfaitement rendue. On est dans un film qui prend son temps, qui installe son ambiance et amène petit-à–petit le spectateur à son final, en suivant un plan classique en trois actes bien découpés d’environ une demi-heure pour les 90 minutes du film. On expose d’abord la situation et on pose le décor, puis la folie et la tension arrivent, avant d’entrer dans un final explosif, révélateur et violent. Si le film n’est pas fondamentalement dans l’horreur gore (le seul moment vraiment dur surgit au tout début), il distille plutôt une peur sourde, une tension permanente, un côté malsain de plus en plus palpable. Les images sombres, grises, dures, rendent parfaitement tout cela. La photographie et les cadrages, tout est utilisé pour établir cette ambiance, et ça le fait. Le film est fortement inspiré par des cas réels de chasses aux sorcières dans cette région à cette époque, au point que pas mal de lignes de dialogues sont reprises de textes d’époque justement.
Et le tout est porté par des acteurs qui donnent tout le poids nécessaire. A commencer par Anya Taylor-Joy, incroyable dans le rôle de la plus âgée des filles, suspectée de sorcellerie dans une famille ultra-catholique, tiraillée et perdue. Le père, lui aussi tiraillé et torturé par ses profondes croyances, est très bien interprété par Ralph Ineson (Harry Potter, Game of Thrones,…). Harvey Scrimshaw s’en sort très bien en tant que jeune frère, il a un rôle difficile et il y trouve bien sa place. Et en mère désespérée on a Kate Dickie (Game of Thrones aussi, Prometheus,…) qui s’en sort bien aussi. Les deux plus petits, Ellie Grainger et Lucas Dawson, font aussi une très belle performance.
Alors si on est à la recherche d’un film d’horreur gore et super agressif, on sera déçu. Clairement. Par contre, l’ambiance malsaine sourde qui plane sur le film, l’évolution de l’histoire et des personnages, et son style graphique, tout concourt à rendre un film de qualité et prenant. Un premier essai transformé pour ce réalisateur dont je suivrai les pas avec attention.
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