La série Altered Carbon de Netflix est tirée du roman éponyme (Carbone Modifié en français) que j’ai vraiment beaucoup aimé. Du coup je ne pouvais pas passer à côté. Et je suis très content de l’avoir regardée. Petit rappel si vous ne voulez pas lire mon billet sur le bouquin… On est dans un futur où l’Humanité a essaimé sur pas mal de planètes. La technologie est super développée ; en particulier chacun est doté à la base de son crâne d’une pile stockant toute sa personnalité, ses souvenirs, etc. En cas de décès, on peut remettre les données de la pile sur une autre « enveloppe », un autre corps et c’est reparti pour un tour. Quand on est suffisamment riche, on peut ainsi se cloner et se re-télécharger à l’infini dans de nouveaux corps, s’assurant l’immortalité ; alors pourquoi ce type très riche a-t-il été assassiné (ou s’est-il suicidé)? L’enquête de la police piétine et on va cherche un ancien héros de guerre, super-soldat mais aussi criminel, Takeshi Kovacs, pour démêler ce merdier.
Cette série est dans les meilleures représentations de cyberpunk que j’aie vues sur écran. Le monde est super détaillé, les visuels claquent, et les épisodes fourmillent d’idées sur l’utilisation et le traitement de la technologie. C’est juste incroyable. J’ai lu le bouquin il y a déjà un certain moment et je ne me rappelle plus de tout ce qui y était, de ce qui a été modifié, ajouté, enlevé, etc. Mais les réflexions sur l’utilisation de trucs comme la réalité virtuelle (y compris pour la torture et le traitement psychiatrique), les IAs (en particulier le superbe hôtel Poe, absolument grandiose), le système des piles et enveloppes, et autres, c’est vraiment un futur pensé, réfléchi, construit. Franchement rien que pour ces visuels et pour l’ambiance ainsi distillée, la série vaut la peine. Et on a vraiment une technologie qui influe sur les gens, leur vie, etc.
L’histoire tient bien la route. Elle est quand même un peu tordue par moments. J’ai l’impression que la série prend beaucoup plus de temps sur le passé du héros que ne le faisait le bouquin (ce passé ayant été étoffé dans les tomes suivants). Alors certes on retrouve le syndrome du héros super-balaise en à peu près tout, surhumain, mais j’ai beaucoup aimé suivre cette intrigue. Elle est servie par une réalisation aux petits oignons avec un rythme d’abord assez lent qui devient haletant sur la fin de saison. A noter aussi que la série est clairement très adulte, avec une violence et une sexualité bien présentes (comme dans le bouquin) et des thèmes durs et sordides. On n’est pas dans le gentillet. Du tout. Et la violence très graphique aussi.
Au niveau des acteurs, il faut noter ce point bien particulier à cet univers : le même personnage peut être interprété par plusieurs acteurs, selon dans quelle enveloppe il se trouve. Et à l’inverse, une enveloppe pouvant servir à plusieurs piles les unes après les autres, un même acteur peut donc jouer divers personnages. Sans compter que l’on peut se retrouver avec des personnages féminins dans des enveloppes masculines et inversement, ce qui cause des désorientations importantes. Tout ça pour dire que le jeu d’acteur est important et que les personnages sont parfois difficiles à identifier. Dans le rôle du héros Takeshi Kovacs dans son enveloppe principale, on a Joel Kinnaman qui a une gueule de gros dur désabusé et un physique de brutasse collant bien au personnage ; il rend bien ce héros taciturne et violent. J’ai bien aimé la prestation aussi de Martha Higareda en flic obstinée et bornée. James Purefoy fait un très bon ultra-riche à l’ego surdimensionné se prenant pour un dieu et sûr de lui. J’ai été bluffé par Chris Conner en IA sous la forme d’Edgar Allan Poe qui est un hôtel à lui tout seul. Un autre épatant c’est le type qui joue un criminel dans lequel la personnalité d’une vieille dame est ensuite incrustée ; superbe prestation. Il y a pas mal de monde que j’ai bien apprécié dans cette série : Renée Elise Goldsberry, Ato Essandoh, Will Yun Lee (Hawai 5-0), Hiro Kanagawa, Waleed Zuaiter, Dichen Lachman (Les Agents du SHIELD, Dollhouse), Tamara Taylor (Bones) ou encore Hayley Law. Des gens qui portent des personnages pas toujours simples à faire vivre.
Alors oui la série n’est pas exempte de faiblesses (certains éléments pas toujours bien amenés ou expliqués, un côté trop surhumain du héros, un deus ex machina final,…) mais celles-ci sont bien peu de chose par rapport à tous les éléments positifs. On a une série avec un scénario solide, un background très bien conçu, de très belles images, un ton et des thématiques résolument adultes. Personnellement j’ai beaucoup aimé.
Et je me demande s’ils vont prendre la suite des bouquins pour faire une suite à la série.
Ah oui c’est aussi une superbe inspi, tout comme le bouquin, pour mon arlésienne du jdr ExtReM_37.
Une réflexion sur « Altered Carbon »