Sicario : Day of the Soldado

J’avais beaucoup aimé Sicario ; et si sa suite ne bénéficie pas du même réalisateur, on y retrouve le même scénariste pour une plongée encore plus sordide dans la lutte contre les cartels mexicains. Exit le personnage de Kate  du premier film. Ici tout se concentre sur le duo entre le type qui fait des opérations clandestines pour le gouvernement américain et le mexicain obsédé par la lutte contre les cartels, tous deux prêts à (presque) tout. Les USA voulant frapper les cartels mexicains, ils apprécieraient que ces derniers se foutent un peu dessus entre eux, histoire de s’affaiblir avant de lancer les hostilités ; il va donc falloir créer une guerre des cartels sans que personne ne sache qui la commandite. Et c’est le genre de chose pour lesquelles il faut se salir les mains. D’autant que le gouvernement mexicain est mouillé, et que les choses risquent de partir en sucette.

Si ce deuxième film met un peu plus l’accent sur l’action, celle-ci n’est pas non plus au centre de tout. On se concentre sur des choix plus ou moins moraux, ou justement sur l’absence de morale nécessaire à certaines décisions. On parle ici de détermination, d’engagement, d’amitié même, de confiance, de loyauté. On parle de ces gens pauvres cherchant à s’en sortir (un thème du Hell and High Water du même scénariste). Et aussi de l’exploitation de la pauvreté (ce serait plus rentable de faire traverser la frontière à des clandestins qu’à de la cocaïne). Le tout rythmé par plusieurs scènes d’action, brutales et sans concessions, avec une violence graphique bien présente. Le réalisateur Stefano Sollima reprend l’ambiance et le style posés par Villeneuve dans le premier, mais un peu allégé, moins lent. On retrouve des plans magnifiques de paysages à couper le souffle et des cadrages bien choisis. Le film se veut plus brutal, direct, peut-être moins réaliste que le premier. On perd aussi la caution morale du personnage de Kate qui avait au moins une vision pas trop noircie du truc.

Devant la caméra, deux acteurs qui ont de la gueule donnent vie à deux types bien tordus. Josh Brolin (Les Goonies, Planet Terror, Gangster Squad, Deadpool 2, Infinity War,…) donne corps à ce leader de black ops, ce type prêt à tout, caché dans l’ombre, créant des guerres et n’ayant aucune limite. De l’autre côté, lui aussi prêt à tout mais avec des convictions, il y a Benicio del Toro (Usual Suspects, Snatch, Sin City, Che, les Gardiens de la Galaxie,…). Tous deux sont très bons, dans des rôles de gars bourrus et brutaux, carrés, sans concessions. J’ai été bluffé par la prestation d’Isabella Moner (qui va interpréter Dora l’exploratrice l’année prochaine au cinéma), impressionnante.

Un très bon film, certes pas au niveau du premier, mais très bon quand même. Bien pensé et bien mis en scène, avec des acteurs qui se donnent à fond. Attention, c’est du film très dur, aussi bien par sa violence affichée que par les thèmes traités.

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