Retour encore une fois fracassant de James Bond, toujours sous les traits de Daniel Craig et toujours devant la caméra de Sam Mendes (déjà aux manettes de Skyfall). On est ici à nouveau dans du Bond pur jus avec tous les éléments qui en sont la marque de fabrique, que l’on aime ou pas. Et dès la scène d’ouverture, le cocktail est là… C’est dans un impressionnant plan-séquence qui envoie du bois au milieu du Jour des Morts à Mexico que prend place un savant mélange d’action, de grande classe, de séduction, et d’un zeste d’humour. Très bonne entrée en matière permettant de se lancer ensuite dans le sujet à fond. On va donc se retrouver mêlés à une terrible conspiration menaçant de mettre à genoux le monde libre. Bien évidemment, Bond ne va pas suivre les chemins balisés, et le spectateur va être emmené de cascade impressionnante en gun-fight nourri avec un menu déroulant son lot de bagarres, de poursuites, de classe anglaise (Daniel Craig en jette pas mal, je dois dire), de séduction (étonnamment prude à l’image), de touches d’humour, de révélations et de retournements de situations. C’est du Bond quoi, on a droit au plan super tordu du grand méchant (y’a pas à dire, Christopher Waltz est un tout bon acteur, même si je le trouve sous-utilisé ici), aux scènes et réactions complètement improbables, aux ellipses scénaristiques pour passer d’une scène d’action à l’autre, aux babes (Léa Seydoux est fort agréable malgré quelques soucis de direction d’actrice, mais dommage du peu pour Monica Belluci), et aux gros bras de service (fort sympathique Dave Bautista). Continuer la lecture de 007 Spectre
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Citadel
Ce film irlandais de Ciaran Foy est assez particulier et dispense une ambiance assez rare. On y suit Tommy, dont la femme en fin de grossesse a été violemment agressée. Depuis, contraint à élever seul son fils, Tommy souffre d’une grave agoraphobie qui l’empêche presque de sortir de chez lui. Il est rempli d’une énorme paranoïa, et voit partout s’approcher de lui des jeunes gens en hoodie agressifs et prêts à en découdre. Sa fille semble au cœur de leurs visées, et Tommy finira par s’allier avec un curieux prêtre pour se libérer de ce terrible fardeau.
Citadel est classé comme un film d’horreur psychologique. Effectivement les visuels du film ne sont pas particulièrement gores, à part peut-être un ou deux plans. Mais l’ambiance est tellement tendue, dure, difficile, que le spectateur ne peut être qu’oppressé. On se sent capturé dans la tête de Tommy, percevant l’entourage par ses yeux. La seule différence est que nous pouvons nous poser la question de savoir si ce que l’on voit est la réalité ou seulement l’expression des pulsions du héros. Est-on dans la vraie vie ou dans la tête de Tommy? Et tout le film peut n’être vu que comme une cure contre cette paranoïa, cette agoraphobie qui étreint le héros. S’agit-il juste son cheminement interne? Le réalisateur ne nous ballade-t-il que dans les contrées étranges inventées par son esprit tordu? Voilà tout le sel du film, dans cette ambiance froide et oppressante. Le tout sent le malsain et suinte le glauque. Et l’interprète de Tommy (Aneurin Barnard) se donne à fond dans un rôle pas évident du tout.
Si ce genre de film vous parle, n’hésitez pas et plongez dans Citadel. Ce n’est pas un film qui s’adresse à tout le monde, mais pour celles et ceux qui sauront entrer dedans. vous n’en ressortirez pas facilement.
Sense8 – Saison 01
Que l’on ait aimé ou pas, il est indéniable que Matrix a marqué l’histoire du cinéma (surtout le 1er film). Et par la même, ses réalisateurs, les Wachowskis (à l’époque les frères Wachowski, maintenant les Wachowski tout court suite à un changement de sexe), ont atteint un statut particulier. Ils ont à leur actif du bon et du moins bon. Mais il faut leur reconnaître une volonté de toujours marquer fortement le coup. Pour leur première incursion dans les séries télévisées, ils ont encore une fois créé une œuvre qui sort du lot. Sense8 est une série difficile à classer. Il s’agit certes clairement de fiction, de fantastique, voire de science-fiction, naviguant entre plusieurs thèmes, styles et proposant une histoire à la fois simple et tordue.
Tout commence par le suicide d’une femme dans une église. Suite à cela, 8 personnes réparties à travers le monde commencent à ressentir des choses bizarres et se découvrent unies, aussi bien émotionnellement qu’intellectuellement ou au niveau des sens et de la perception. Ils peuvent se voir, se parler, visiter les lieux où se trouvent les autres, ou encore se partager des compétences de théâtre, arts martiaux, conduite ou chimie par exemple. Ce cluster qui s’est créé se retrouve au sein d’une lutte avec des grands méchants mystérieux qui veulent s’en emparer et/ou le détruire, tout n’est pas clair. Cette trame relativement simple pourrait largement tenir dans un bon gros film de SF blockbuster avec action, mystère, suspens et complotage à tous les niveaux. Oui mais voilà on a une série dont la première saison fait 12 épisodes. Et du coup c’est bien plus long. C’est là que la différence apparaît, que Sense8 dépasse ce statut de « petite série de SF au scénario intéressant mais sans plus ». Continuer la lecture de Sense8 – Saison 01
The Grey
The Grey a été traduit en vf par « Le territoire des loups » et pour une fois la traduction d’un titre de film n’est pas complètement à côté de la plaque, saluons cet effort. Certes le titre en vo est plus surprenant, plus tordu, plus profond, alors que la vf est claire et basique. Mais bon ne nous attardons pas trop là-dessus, je cherchais juste une entrée en matière.
Dans ce film de Joe Carnahan, on va suivre les pas de Ottway qui bosse dans le grand nord comme tireur ; il surveille les hommes bossant pour une compagnie de pétrole et abat les animaux dangereux (les loups en particulier) qui viendraient trop près. Un rôle de prédateur solitaire en somme, une place qu’il s’est choisie après avoir perdu son épouse. L’équipe doit rejoindre Anchorage en avion mais celui-ci s’écrase en pleine nature. La brochette de survivants découvre rapidement qu’elle se trouve sur le territoire de chasse d’une meute de grands loups gris. Ottway prend le rôle de leader et va tout faire pour tenter de sauver ces hommes. Mais la nature est hostile. Le froid, la neige, le vent, le peu de nourriture, tout cela va compliquer la tâche. D’autant que les loups ne vont pas les lâcher, parfois à la limite de ce que l’on perçoit, funestes présences à peine décelables ; parfois très proches, voire beaucoup trop proches. A cela il faut ajouter que l’on a bien entendu un groupe de personnages aux caractères bien trempés, chacun avec sa personnalité et son passé parfois trouble parfois poignant. Chacun a sa faille, son recoin d’humanité, même s’ils sont tous perdus dans ce grand nord. Du coup les conflits au sein du groupe vont encore compliquer la tâche. La tension perpétuelle, la fuite en avant, la quasi transformation de ce groupes d’hommes en meute animale cherchant à se défendre, la pression de plus en plus accentuée de la nature, tout est mis en place pour faire comprendre que l’Humain a bien peu de chances de s’en survivre.
Le film repose sur son ambiance très forte. Le réalisateur nous dépeint une nature belle, prenante, qui est magnifiquement filmée avec des plans d’une réelle beauté. Mais une nature qui se révèle dure et un véritable obstacle à la survie. Cet environnement fait le film et permet de poser le décor. On se sent pris dans cette ambiance, dans ce froid et cette neige, dans ce vent, dans cette forêt oppressante. Rien ne nous est épargné. Et on sent bien dès lors la tension monter, le spectateur étant plongé au cœur du groupe de survivants. Liam Neeson mène ces hommes avec une très bonne interprétation du taciturne Ottway qui va se trouver une voie de rédemption, un moyen de retourner vers le reste de l’Humanité. Mais son destin va le rattraper pour un final qui laisse le spectateur en plein doute. L’homme contre la nature, c’est vraiment cela. Mais quand l’homme redevient animal, que se passe-t-il?